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Actualités - ANALYSE

La polémique sur l'identité arabe du Liban reste ouverte

Lors de ses interviews retransmises sur «Orbit», le journaliste égyptien Imadeddine Adib a particulièrement insisté dans ses questions sur la convivialité au Liban, et sur son arabité, deux thèmes qui semblent être donc d’actualité. Un politicien chevronné indique notamment à ce sujet que l’arabité du Liban suscite depuis l’indépendance une polémique sans fin: une partie des chrétiens craint en effet l’arabité qui, pour elle, est synonyme d’islam.
Les déclarations du colonel libyen Moammar Kadhafi en 1979, en 1984, à l’occasion de la visite du président Amine Gemayel à Tripoli, et dernièrement lors d’une émission télévisée locale, n’ont guère apaisé ces appréhensions. Et pour cause: le leader libyen a toujours estimé qu’on ne pouvait être arabe sans être musulman.
Mais d’aucuns s’opposent à cette formulation du fait que l’identité ne peut être que celle du pays, en l’occurrence, ici, «l’identité libanaise». «L’appartenance arabe», elle, ne peut être justifiée que dans le sens géographique du terme comme, par exemple, la France européenne. Le Liban serait donc dans ce sens libanais, et arabe sur le plan régional.

La définition

A un diplomate arabe qui lui demandait si le Liban était arabe, un homme politique libanais a répondu par une autre question: pouvez-vous d’abord définir l’arabité? Visiblement embarrassé, le diplomate a insisté sur la solidarité entre les pays arabes. Et le Libanais de rétorquer: l’identité est une affaire d’origine, de religion, de langue, d’unité géographique ou de tous ces facteurs réunis.
Or la famille libanaise des Philippides est, par exemple, d’origine grecque, les Piaggini sont italiens... Sont-ils arabes pour autant?
Si l’arabité est une question de religion, poursuit le politicien, la moitié des Libanais ne sont pas arabes, sans compter les musulmans qui ne le sont pas, comme en Iran, en Afghanistan ou en Turquie...
Si la langue est le critère, alors les Libanais sont les pères de l’arabité. Mais là encore, les pays d’Amérique latine sont tous jaloux de leur indépendance quoiqu’hispanophones.
Quant à l’unité géographique, quel sens peut-elle avoir étant donné les conflits territoriaux qui opposent aujourd’hui encore nombre de pays arabes?
En définitive, l’arabité est constituée de l’ensemble des facteurs susmentionnés avec un critère essentiel à ne pas omettre: l’intérêt. En d’autres termes, plus le Libanais se sent appuyé politiquement, économiquement et même militairement par les Etats arabes, plus il se sent arabe... Or l’expérience du Liban avec les Palestiniens, l’insouciance des Arabes à l’égard de la tragédie de la guerre libanaise, le fonds d’aide arabe au Liban décidé à Taëf et relégué, depuis, aux oubliettes, tout cela n’incite guère les Libanais à se considérer arabes.
Du reste, le ministre des Affaires étrangères, M. Farès Boueiz, s’est demandé à quel pays on pouvait assimiler l’arabité: à l’Egypte de Nasser, à l’Irak ou à l’Arabie Séoudite? De son côté, le ministre Walid Joumblatt ne voit l’arabité qu’à travers le prisme syrien.
Quant à la coexistence, elle reste un terme honni par certaines personnalités, comme l’ancien ambassadeur Fouad Turk pour qui ce mot implique, l’existence de deux peuples au Liban. Selon le diplomate, il est temps de passer de l’Etat des rites à celui des compétences, des droits des communautés à ceux de l’homme...
Mais comme le dit si bien M. Samir Frangié, l’essentiel pour le chrétien est de ne pas se sentir lésé aujourd’hui comme le musulman l’était hier. En un mot, rien ne remplace l’égalité entre tous.
E.K.
Lors de ses interviews retransmises sur «Orbit», le journaliste égyptien Imadeddine Adib a particulièrement insisté dans ses questions sur la convivialité au Liban, et sur son arabité, deux thèmes qui semblent être donc d’actualité. Un politicien chevronné indique notamment à ce sujet que l’arabité du Liban suscite depuis l’indépendance une polémique sans fin: une...