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Actualités - ANALYSE

Le dialogue syro-chrétien voué à l'échec sans l'implication de l'état

Le président de la République, M. Elias Hraoui, ne semble pas trop se réjouir du dialogue syro-chrétien qui implique tantôt des prélats tantôt des hommes politiques, comme si l’autorité n’existait pas. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire à l’ancien ministre Fouad Boutros, lors d’un entretien télévisé, que ce dialogue n’aurait pas eu de raison d’être si le pouvoir représentait réellement toutes les factions libanaises.
Mais le chef de l’Etat refuse d’être traité comme ses prédécesseurs. A l’époque de feu Elias Sarkis, le dialogue se déroulait avec le «Front libanais» ou avec le Mouvement national car ces deux instances représentaient les forces de facto sur le terrain. Autant dire qu’elles détenaient effectivement le pouvoir alors que l’autorité officielle était impuissante. Sous le mandat du président Amine Gemayel, Damas avait aussi pour interlocuteurs les chefs de milices (MM. Berry, Joumblatt, Geagea et Hobeika), maîtres sur le terrain. Le fameux accord tripartite avait été alors conclu entre le mouvement «Amal», le PSP et les «Forces libanaises», et l’Etat en avait été seulement notifié.
Les responsables officiels estiment toutefois qu’un tel dialogue est totalement injustifié de nos jours du moment qu’ils sont les véritables décideurs à l’exclusion de toute autre partie. S’il y a plainte de la part d’une faction déterminée, il revient donc à l’Etat de la traiter et d’effectuer lui-même les contacts nécessaires avec la Syrie. A l’occasion de sa récente visite à Damas, le ministre Farés Boueiz aurait d’ailleurs fait valoir cet argument pour insister sur un dialogue qui impliquerait uniquement l’Etat.
Le patriarche maronite semble partager l’avis des autorités puisqu’il considère aussi que seules celles-ci sont habilitées à dialoguer avec Damas. Selon le cardinal Sfeir, le pouvoir ne peut être ignoré. En effet, même l’accord tripartite, qui jouissait pourtant de l’aval des milices libanaises et de la bénédiction syrienne, n’a pu être appliqué en raison de l’opposition manifestée à cet égard par le président Amine Gemayel. Par conséquent, un dialogue syro-chrétien devrait nécessairement être suivi d’un autre avec l’Etat libanais. Sinon, comment réaliser les revendications de l’opposition chrétienne concernant notamment la formation d’un gouvernement d’entente nationale, l’élaboration d’une loi électorale moderne, et l’application intégrale de l’accord de Taëf censé aboutir à un retrait des forces syriennes du Liban? En tout état de cause, ce qui compte pour le patriarche maronite, ce sont les résultats et non les promesses. Du reste, à quoi servait de réitérer à l’infini les doléances du camp chrétien désormais bien connues aussi bien de l’Etat libanais que de Damas?
C’est ainsi que, selon un ancien responsable, la seule manière de rétablir l’équilibre dans le pays est d’entreprendre des élections libres et intègres desquelles émanerait une Assemblée nationale véritablement représentative. La Grande-Bretagne et l’Iran ont déjà donné l’exemple d’un changement démocratique et pacifique. La France suivrait peut-être... Quid du Liban? Si celui-ci ne tient pas la comparaison avec des pays comme la Grande-Bretagne, la France ou les Etats-Unis, pourquoi ne s’inspirerait-il pas de l’Iran? Qu’un scrutin libre ait donc lieu, et le peuple aura certainement moins de raisons de se plaindre.

E.K.
Le président de la République, M. Elias Hraoui, ne semble pas trop se réjouir du dialogue syro-chrétien qui implique tantôt des prélats tantôt des hommes politiques, comme si l’autorité n’existait pas. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire à l’ancien ministre Fouad Boutros, lors d’un entretien télévisé, que ce dialogue n’aurait pas eu de raison d’être si le...