Liban-Irak : normalisation probable le mois prochain

Beyrouth et Bagdad annonceraient le mois prochain la reprise de leurs relations diplomatiques au niveau des chargés d’affaires. Cette nouvelle a été annoncée hier de sources diplomatiques arabes, en même temps qu’à Beyrouth, le président de
la Chambre de commerce et d’industrie Adnan Kassar adressait une invitation au président de la Fédération des Chambres commerciales irakiennes Zouheir Abdel Ghafour Younès à visiter le Liban, à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires.
Mercredi, rappelle-t-on, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Liban-Sud Mohammed Zaatari avait rencontré à Amman M.Younès. Le 20 avril, une délégation d’hommes d’affaires libanais s’était rendue à Bagdad. L’objet de cette visite était d’examiner les modalités pratiques de l’exportation vers l’Irak de produits autorisés par les Nations Unies, dans le cadre de l’accord «pétrole contre nourriture». Deux accords avaient été conclus à cette occasion, au terme desquels l’Irak utilisera les ports de Tripoli et Lattaquieh (nord de la Syrie) pour l’exportation de produits libanais et syriens vers l’Irak.
Le 25 janvier dernier, trois diplomates irakiens impliqués en 1994 dans le meurtre d’un opposant au régime de Saddam Hussein à Beyrouth, avaient été expulsés du Liban «secrètement» via Damas, passant par le poste-frontière syro-irakien d’Abou Kamal.
L’expulsion de ces diplomates avait été perçue comme l’amorce d’une détente entre le Liban et l’Irak, dont les relations sont rompues depuis 1994.

Accord avec Damas

La normalisation avec Damas, amorcée il y a une semaine, est en bonne voie elle aussi. Selon des sources diplomatiques arabes à Amman, la Syrie aurait décidé d’ouvrir deux postes-frontière avec l’Irak, situés au nord, et cela pour la première fois depuis quinze ans.
L’ouverture des deux postes-frontière permettra de faire transiter vers l’Irak des marchandises, ont ajouté ces sources.
Cette initiative intervient à la suite de la visite à Bagdad la semaine dernière d’une délégation d’hommes d’affaires syriens, venus explorer la coopération économique entre les deux pays. Une délégation d’hommes d’affaires irakiens est, en outre, attendue prochainement à Damas.
Le chef de la délégation syrienne à Bagdad Rateb Challah, président de l’Union des chambres de commerce syriennes, avait indiqué le 22 mai que la frontière entre les deux pays serait rouverte prochainement.
«Les activités vont bientôt reprendre sur la voie terrestre reliant la Syrie et l’Irak, et ce dans l’intérêt des deux pays», avait déclaré M. Challah, cité par la presse irakienne.
M. Challah avait exprimé l’espoir que les marchandises achetées par l’Irak en vertu de l’accord «pétrole contre nourriture» transiteraient par les ports syriens. La plupart des marchandises pour l’Irak transitent actuellement par le port jordanien d’Aqaba, sur la mer Rouge.
La Syrie et l’Irak, deux pays gouvernés par des branches opposées du parti Baas, entretiennent des relations politiques tendues depuis la venue au pouvoir du président irakien Saddam Hussein, le 28 juillet 1979.
Bagdad a rompu en octobre 1980 ses relations diplomatiques avec Damas pour protester contre la livraison d’armes par la Syrie à l’Iran, avec lequel l’Irak était en guerre.
La Syrie a fermé en avril 1982 ses frontières avec l’Irak ainsi que l’oléoduc Kirkouk-Banias, privant ainsi l’Irak de son unique débouché méditerranéen.

(AFP, Reuter)