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Actualités - CHRONOLOGIE

Berry déterminé à garder ses distances vis-à-vis de l'Exécutif Le parlement inflige un camouflet à Hariri... pui lui accorde sa confiance

Défendre jalousement le principe de la séparation des pouvoirs, ne plus accepter d’empiètements sur les prérogatives du Parlement, sont parmi les principales leçons à retenir des deux journées parlementaires consacrées aux questions et interpellations des députés, qui viennent de s’achever.
L’expérience est-elle concluante? Dans les milieux parlementaires, beaucoup se félicitent de la façon dont les débats ont été menés, de leur caractère concret, ponctuel. Pour M. Nassib Lahoud, «il s’agit d’une bonne expérience pour le Parlement, qui a fait comprendre au président du Conseil qu’il ne peut plus le mettre devant le fait accompli».
L’octroi d’une avance de 48 milliards au Haut comité des secours a en effet donné au Parlement l’occasion d’infliger à M. Hariri, une cinglante leçon de droit, et de rigueur. Pour justifier l’octroi de ce crédit, sans référence au Parlement, le président du Conseil a utilisé des arguments qui se sont retournés contre lui. Harcelé sur cette question, il a fini par déclarer qu’il obtiendrait un don de 50 millions de dollars de la Banque mondiale pour couvrir sa dépense. C’était parler à la légère. La Banque mondiale n’accorde pas de dons, mais des prêts, s’est-il entendu rétorquer par M. Lahoud et l’affectation de prêts, c’est le Parlement qui en décide, tout comme l’octroi de crédits.
Le vote de défiance déguisé que M. Hariri a essuyé a été terni, quelque peu, par la façon dont M. Hariri a pris les choses trop personnellement. Quant au vote de défiance réelle proposé par M. Kassargi, personne n’en espérait vraiment quelque chose. Selon M. Lahoud, «quand il a fallu se prononcer, ayant voté contre ce gouvernement au départ, nous ne pouvions faire autrement». Il reste que 69 députés (contre 7 seulement) ont réaffirmé leur confiance en Hariri.
Certains députés souhaitaient une critique plus globale de la politique gouvernementale. Cette occasion leur sera donnée lors du débat de politique générale que M. Berry leur a promis pour juin. Le débat de politique générale se tiendra au cours d’une session parlementaire extraordinaire de la Chambre. Car la session ordinaire du printemps se termine demain. La session extraordinaire sera également nécessaire pour voter des projets de loi en souffrance, comme celui qui exempte les natifs de 1975 et des années précédentes, du service du drapeau. Un projet impatiemment attendu par plusieurs milliers de «chanceux».

Le gouvernement
en ballottage

Le véritable «ballottage» du gouvernement par une motion parlementaire lui demandant de s’engager à respecter la Constitution illustre d’une certaine façon le degré de méfiance qui a fini par s’installer entre le président du Conseil, et certains cercles parlementaires.
La mine grise de M. Rafic Hariri, quittant l’hémicycle, en disait long sur ce contentieux. Outré qu’on ait pu mettre en question, de façon «personnelle», son civisme, le chef du gouvernement a quitté la salle et, pendant quelques moments, on a craint le pire: une nouvelle bouderie de M. Hariri. Mais ce dernier devait ravaler son amour-propre, et demander aux ministres qui l’ont suivi hors de l’hémicycle, de regagner leurs places. Un instant tendus, les rapports entre MM. Hariri et Berry ont été raccommodés par les contacts téléphoniques qui ont suivi le débat, apprend-on.
M. Hariri, révèlent aussi ses proches, «reproche» à M. Hoss de l’avoir placé dans l’embarrassant sentiment d’être pris en défaut du point de vue constitutionnel. De fait, une espèce de duel Hariri-Hoss s’est profilé à travers le vote parlementaire. Mais plus profondément, et de façon directe, c’est la liberté de décision du Parlement que les deux journées de questions ont permis de poser. Pour la première fois aussi franchement, M. Berry en personne a soulevé cette question.
Dans les milieux de l’Exécutif, on a déploré, une fois de plus, la mise en cause des institutions de façon si flagrante. Ce climat est nuisible à l’économie et à la reconstruction, a-t-on déclaré, ainsi qu’à la confiance placée dans le pays, à l’étranger. Mais alors que faire? Sacrifier la démocratie sur l’autel de la reconstruction, quand on a besoin de l’une et de l’autre? Difficile dilemme.
Il reste que des débats comme ceux des deux derniers jours sont susceptibles de consolider de nouvelles coutumes parlementaires et, tout en montrant la réalité des choses, et le poids de la coalition au pouvoir, de démontrer qu’un débat sans complaisance, et rigoureux, peut avoir de très bons effets sur la vie du pays.
Défendre jalousement le principe de la séparation des pouvoirs, ne plus accepter d’empiètements sur les prérogatives du Parlement, sont parmi les principales leçons à retenir des deux journées parlementaires consacrées aux questions et interpellations des députés, qui viennent de s’achever.L’expérience est-elle concluante? Dans les milieux parlementaires, beaucoup se...