Plusieurs milliers de manifestants s’étaient réunis tôt le matin pour réclamer le départ du nouveau chef de l’Etat, qualifié par la foule d’«assassin» et dont elle réclamait «la démission immédiate», parce qu’elle l’accuse «d’avoir vendu le pays aux Rwandais».
Les manifestants entendaient dans le même temps proclamer leur appui au principal leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi, et de son lieutenant, Joseph Olenga-Koy, qui dirigent l’Union démocratique pour le progrès social, tout en dénonçant «la nouvelle dictature».
Pour disperser la marche, la troupe a tiré une rafale de coups de feu en l’air, bastonné de jeunes manifestants et arrêté plusieurs dizaines d’entre eux. Des journalistes ont également été empêchés de travailler par les soldats de l’Alliance.
Cette répression à l’encontre d’une marche pacifique, qui se dirigeait vers la résidence de M. Tshisekedi, a été très mal perçue par une partie de la population kinoise, qui s’interrogeait mercredi sur les concepts «démocratiques» du nouveau pouvoir.
Visiblement déçus par les premières mesures prises par le nouveau pouvoir — report des élections de deux ans, interdiction de toute activité politique —, les habitants de Kinshasa acceptent bien mal la présence des Rwandais, majoritaires dans l’armée de Kabila. «Regardez, c’est de la dictature, mais c’est pire maintenant parce que les oppresseurs sont des étrangers», affirment-ils.
Beaucoup de manifestants s’interrogeaient également sur la prestation de serment de M. Kabila, jeudi: «Serment à qui et sur quelle constitution? Il a suspendu toutes les institutions», se demandait un fonctionnaire.
Tshisekedi exige depuis des années d’occuper les fonctions de premier ministre aux termes d’un vote de la conférence sur la souveraineté nationale remontant à 1992.
Dans l’entourage de Kabila, on rappelle que le nouveau régime ne prévoit pas de premier ministre mais on souligne que le président autoproclamé s’apprête à ajouter sept ministres à son gouvernement qui en compte actuellement treize.
Ces nouvelles nominations ministérielles pourraient permettre de faire un peu plus de place à l’ancienne opposition «intérieure» au régime de Mobutu.
Selon Joseph Olengha Koy, qui participait à la marche «pour entendre ce que le peuple a à nous dire, «nous nous rendons compte que nous avons embrassé le diable«. «Kinshasa, c’est un tout autre peuple», a-t-il ajouté après avoir regagné sans encombre la permanence de son parti.
(AFP, Reuter)
Les plus commentés
Après Bou Saab, Alain Aoun : la démarche de limogeage mise sur les rails
Oussama Hamdane : Nous avons accepté l’accord de trêve sans renoncer à nos constantes
Don européen : suite à la levée de boucliers, Berry et Mikati s’activent