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Actualités - CHRONOLOGIE

Dites-le avec des fleurs ... artificielles

BAGHDAD, 23 Mai (AFP). — Qu’il s’agisse de célébrer un anniversaire ou une guérison, de marquer un enterrement ou de commémorer un événement, les Irakiens n’achètent plus de fleurs, ou alors des fleurs artificielles.
Les fleurs qui étaient cultivées dans ce pays ou importées d’Europe sont devenues un luxe inabordable pour la grande majorité de la population, qui arrive à peine à joindre les deux bouts en raison de l’embargo international, en vigueur depuis près de sept ans.
«Les chrétiens irakiens préfèrent aujourd’hui acheter quelque chose de plus utile, pour leurs fêtes religieuses, comme un dessert», dit Sour Mikael, 23 ans, dans la boutique de qui s’entassent une centaine de bouquets de fleurs artificielles.
Seules quelques fleurs fraîches émergent de deux seaux. Elle vend le glaïeul, de culture locale, 1.000 dinars (environ un dollar au taux actuel) et les clients n’achètent pas plus d’une fleur. Par contre un bouquet d’une douzaine de fleurs en tissu vaut 3.000 dinars et peut être utilisé plusieurs fois. Le salaire moyen d’un fonctionnaire est d’environ 5.000 dinars (cinq dollars) par mois.
«Près de 90% des fleurs qui sont vendues aujourd’hui sont des fleurs séchées ou artificielles, contre 10% avant l’embargo», estime Raed Abdel Baki, propriétaire du magasin, qui importait des fleurs des Pays-Bas.
Mais pour les fleuristes, cela ne vaut plus la peine aujourd’hui de stocker des fleurs naturelles qui se fanent vite et ont peu de chance d’être vendues. Quant aux pépinières, elles ne veulent pas investir dans un domaine qui rapporte si peu.

Magasin «malade»

Sawsan Wazzan, qui craint de faire faillite, avoue que les clients sont toujours surpris de voir des fleurs fraîches dans sa boutique. «Ils commencent à rire. Ils ne peuvent plus imaginer cela. Je suis tellement triste pour eux», dit-elle.
Quand la mère d’un journaliste irakien est décédée l’an dernier, sa famille a placé des fleurs en tissu sur son cercueil. «Lorsque nous avons enterré ma mère, nous avons tous apporté des couronnes artificielles et les avons données à l’église pour que quelqu’un d’autre puisse les utiliser, raconte-t-il. A quoi cela aurait-il servi de les laisser sur la tombe de ma mère?».
Au cimetière de l’église arménienne-orthodoxe, seules quelques tombes sont garnies de fleurs, toutes artificielles. «Les fleurs artificielles durent longtemps sur les tombes. Les fleurs fraîches sont rares et chères», explique Barouyr Orchanian, responsable de l’église.
Mohammad Mohsen, qui tient une boutique près de la clinique du Croissant-Rouge irakien, dans le quartier aisé d’el-Mansour, se souvient avec nostalgie du temps où son établissement regorgeait de fleurs fraîches.
«Quelquefois des gens viennent me demander des fleurs naturelles, mais je n’en ai plus», dit-il. «C’est comme si le magasin était malade. Même les établissements publics n’achètent plus de fleurs pour les fêtes nationales».
Ceux qui visitent leurs proches à la clinique leur donnent plutôt de l’argent. «Moi-même, si je tombais malade, je préférerais de l’argent pour payer le médecin. Qu’est-ce que je ferais avec un bouquet de fleurs?» lance Mohsen.
Les Irakiens accordent pourtant une importance considérable aux fleurs et donnent des noms de fleurs à leurs filles, comme Yasmine (jasmin) ou Warda (rose).
Lorsque le président Saddam Hussein apparaît à la télévision, filmé au cours des réunions du gouvernement, on peut voir des bouquets de fleurs apparemment naturelles sur la table.
BAGHDAD, 23 Mai (AFP). — Qu’il s’agisse de célébrer un anniversaire ou une guérison, de marquer un enterrement ou de commémorer un événement, les Irakiens n’achètent plus de fleurs, ou alors des fleurs artificielles.Les fleurs qui étaient cultivées dans ce pays ou importées d’Europe sont devenues un luxe inabordable pour la grande majorité de la population, qui...