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Actualités - CHRONOLOGIE

Sierra Leone : l'état, une fois de plus, aux mains de l'armée (photo)

FREETOWN, 25 Mai (AFP, Reuter). — Les militaires ont pris le pouvoir dimanche en Sierra Leone lors de leur troisième coup d’Etat en cinq ans, chassant le président Ahmad Tejan Kabbah à qui ils avaient cédé la place il y a à peine quatorze mois.
Le président Kabbah, grand vainqueur de l’élection présidentielle multipartite de février et mars 1996, a quitté Freetown dimanche pour un exil en Guinée, alors que le caporal Gborie, qui s’est présenté sur les ondes de la radio nationale comme le porte-parole des auteurs du coup d’Etat, annonçait l’instauration d’un couvre-feu.
«A partir de maintenant, l’Etat est entre les mains de l’armée», a annoncé le porte-parole des militaires à la radio, demandant pêle-mêle le retour au pays de Foday Sankoh, chef historique de la rébellion sierra-léonaise, ou celui du lieutenant Solomon saj Musa, ancien vice-président de la junte militaire et chef du gouvernement d’avril 92 à juin 93, exilé depuis en Angleterre.
Cet officier, considéré comme l’un des «durs» de la junte et inspirateur de ses mesures les plus répressives, avait été mis en cause, peu après son départ «pour prendre du repos», lors d’une tentative de putsch en octobre 1993.
A Freetown dimanche matin, les habitants de la capitale ont été surpris par les détonations, au moment où ils s’apprêtaient à se rendre à leur culte dans cette ville aux innombrables églises et temples.
Toute la matinée et en début d’après-midi, alors que les soldats s’emparaient de véhicules — privés et publics — les habitants de Freetown sont restés calfeutrés chez eux, à l’écoute des communiqués de la radio, entrecoupés de rafales et d’explosions.
Selon des sources médicales, plusieurs dizaines de blessés par balles, civils et militaires, ont été hospitalisés dans la capitale, où aucun bilan ne pouvait être établi, alors que selon le caporal Gborie, le coup d’Etat n’a fait aucun mort. Des pillages ont également été constatés dans plusieurs quartiers de la capitale.
Des échanges de coups de feu ont été entendus dans la matinée, et se poursuivaient sporadiquement en soirée, notamment aux abords de la présidence, alors qu’aucun trouble ne semblait avoir été constaté en province. Les affrontements aux alentours de la présidence auraient opposé les partisans du coup d’Etat aux forces de sécurité, nigérianes et sierra-léonaises, chargées de protéger les installations stratégiques de la capitale.
Le caporal Gborie a appelé le contingent nigérian à déposer les armes et retourner à ses cantonnements sans se mêler de ce qu’il a qualifié d’affaire «purement intérieure».
Le Commonwealth a déjà condamné ce nouveau coup d’Etat, dans un pays aux ressources minières et touristiques ravagées par plus de cinq années de guerre civile. Le président Tejan Kabbah avait été installé officiellement le 30 mars 1996, au terme d’un processus électoral — premières élections transparentes et multipartites depuis 1967 — largement financé et supervisé par les Nations Unies et la communauté internationale.
Aucune indication n’a encore été fournie sur les commanditaires de ce coup d’Etat, apparemment bien préparé.
Le caporal Gborie, accompagné d’une soixantaine de militaires fortement armés, s’était emparé d’un émetteur de la radio dimanche matin et a annoncé notamment la libération de militaires détenus dans les prisons, certains pour une tentative de coup d’Etat en septembre dernier.
Les militaires qui ont procédé à ces libérations, alors que de nombreux autres détenus en ont profité pour s’échapper, ont eux aussi saisi par la force plusieurs véhicules pour évacuer leurs collègues détenus à la prison de Pademba Road, principal centre pénitencier de la capitale.
L’une des raisons de l’insurrection militaire pourrait être liée à la rivalité opposant l’armée régulière aux milices civiles, et plus particulièrement aux kamajors, les chasseurs traditionnels, qui ont prêté main forte à l’armée dans sa lutte contre la rébellion du Front révolutionnaire uni (RUF).
Ces dernières semaines, plusieurs affrontements ont opposé les kamajors, qui revendiquent la part déterminante de la victoire sur la rébellion, aux militaires, qui se veulent la seule entité habilitée à s’occuper des problèmes de sécurité. La radio a annoncé le «démantèlement» à compter de dimanche de toutes les milices, y compris des kamajors.
FREETOWN, 25 Mai (AFP, Reuter). — Les militaires ont pris le pouvoir dimanche en Sierra Leone lors de leur troisième coup d’Etat en cinq ans, chassant le président Ahmad Tejan Kabbah à qui ils avaient cédé la place il y a à peine quatorze mois.Le président Kabbah, grand vainqueur de l’élection présidentielle multipartite de février et mars 1996, a quitté Freetown...