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Actualités - CHRONOLOGIE

France : la forte progression de la Gauche, un coup de semonce à la droite Alain Juppé sort fragilisé et le Front national s'impose en arbitre, au 2e tour, dans une centaine de circonscriptions (photo)

Les Français ont infligé hier une sanction à la majorité de droite du président Jacques Chirac, en donnant une nette avance d’environ 5 points aux partis de gauche au premier tour des élections législatives. Le second tour qui aura lieu le dimanche 1er juin reste cependant incertain, même si la gauche est arithmétiquement mieux placée que la droite pour l’emporter. Selon les estimations disponibles à l’heure d’aller sous presse, la gauche obtenait entre 38,4 et 40,8% des suffrages contre 33 à 36,4% pour la coalition gouvernementale sortante de droite.
Mais la situation pourrait s’inverser y compris sous l’effet surprise du résultat du premier tour, en entraînant une plus forte mobilisation des électeurs de droite. Les politologues ont aussi souligné que l’écart en sièges ne porte que sur une cinquantaine de sièges, soit seulement deux points d’intentions de vote.
Aucune grande personnalité de droite ou de gauche n’a été élue au premier tour, selon les résultats disponibles.
Moins de deux heures après la fermeture des bureaux de vote et sans attendre les résultats définitifs, les chefs de file de la droite et de la gauche ont appelé à la télévision les électeurs à se mobiliser pour donner la victoire à leur camp au second tour de scrutin, le dimanche 1er juin.
Le premier ministre Alain Juppé, qui se trouve très fragilisé par le mauvais résultat de la droite, a concédé que les Français avaient exprimé leur souhait «d’un réel changement, d’un changement profond», par leur vote.
Il a appelé à la «mobilisation» de la «majorité» pour «gagner au deuxième tour» autour d’un «vrai changement avec des idées neuves et modernes» en soulignant que la gauche ne pouvait incarner ce changement. «On ne change pas en reprenant de vieilles idées», a-t-il dit.
«Nous aurons un second tour ric-rac comme nous n’avions pas connu depuis 20 ans», a déclaré le politologue Alain Duhamel dans un premier commentaire à chaud sur la chaîne publique F2.
Le chef du Parti socialiste Lionel Jospin, qui serait appelé à diriger le gouvernement si la gauche l’emporte dans une semaine, a lui aussi lancé un appel aux électeurs. «Il est important que les forces de gauche se rassemblent» pour le second tour, a-t-il dit, en proposant «un pacte de changement» pour remettre «la France en marche pour tous et avec tous». «Cette progression semble indiquer que les Français verraient bien leur avenir à gauche», a-t-il considéré.

Un avertissement
très clair

Le secrétaire national du Parti communiste Robert Hue a aussi appelé au «rassemblement le plus large des forces de gauche et des écologistes autour des candidats» de gauche «arrivés en tête» au premier tour des législatives.
«Les Français viennent de sanctionner avec la plus grande vigueur le président de la République, sa majorité et son premier ministre», a dit le responsable communiste.
«J’aurais souhaité que ces résultats soient meilleurs», a déclaré hier l’ancien ministre gaulliste Nicolas Sarkozy. «On a reçu un avertissement très clair mais rien n’est perdu. Il faut que tous ceux qui se reconnaissent dans la majorité se mobilisent», a déclaré l’ancien ministre du Budget du gouvernement d’Edouard Balladur.
Pour Laurent Fabius, ancien premier ministre socialiste, il s’agit d’un «désaveu même fort de la politique gouvernementale».
Le ministre de la Justice Jacques Toubon, numéro deux du gouvernement, a estimé que le résultat «n’est pas bon: c’est un coup de semonce, un avertissement, la manifestation d’une déception d’un mécontentement, d’une irritation».
Le Front national (extrême-droite) a fait, quant à lui, un score un peu au-dessus de 15% des suffrages et pourrait obtenir de 0 à 2 sièges. A ce titre, il devrait jouer un rôle important pour les résultats du second tour. Du fait du taux d’abstention de 31,5% à 32,8% et de son score, il sera l’arbitre du résultat dans une centaine de circonscriptions par le biais de triangulaires.
A la lumière de ces résultats, le leader du FN Jean-Marie Le Pen a demandé sans ambages la démission du président Chirac: «Chirac est battu, il doit partir». Le délégué général du FN Bruno Mégret a prévenu que son parti veut être «en position charnière» et qu’une majorité ne pourrait se constituer sans lui.
Les Français ont infligé hier une sanction à la majorité de droite du président Jacques Chirac, en donnant une nette avance d’environ 5 points aux partis de gauche au premier tour des élections législatives. Le second tour qui aura lieu le dimanche 1er juin reste cependant incertain, même si la gauche est arithmétiquement mieux placée que la droite pour l’emporter. Selon...