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Actualités - CHRONOLOGIE

La justice demande la dissolution de Refah L'étau se resserre autour du parti islamiste d'Erbakan

L’Etat turc a resserré, hier, son étau autour du Parti islamiste de la Prospérité (Refah) du premier ministre Necmettin Erbakan, en lançant une procédure légale visant à sa dissolution pour activités antilaïques. M. Erbakan a tenté de minimiser la portée de cette initiative précisant que les accusations n’avaient «rien à voir avec la réalité» et que l’inculpation était «insignifiante». Et d’ajouter sur un ton ironique: «Le Refah est le plus grand parti du pays et il est sous la garantie d’une vraie laïcité».
Cet épisode survient au lendemain de l’échec d’une tentative de renverser le gouvernement au Parlement par une motion de censure. «Ce n’est pas un hasard», a commenté un analyste politique. La motion déposée par les partis d’opposition a été repoussée mardi par 271 voix contre 265.
La procédure a été ouverte auprès de la Cour constitutionnelle par le Parquet de la Cour de cassation dont le procureur général Vural Savas, a accusé le Refah, dans une conférence de presse au ton très dur, de «mener le pays vers la guerre civile».
L’acte d’accusation affirme que le parti islamiste «est devenu un foyer d’activités incompatibles avec l’article de la Constitution sur la laïcité de l’Etat».

Le document affirme également que le Refah a «violé plusieurs articles de la loi sur les partis politiques».

Il demande la dissolution du Refah conformément aux articles 68 et 69 de la Constitution, qui stipulent que «les programmes et les activités des partis politiques ne doivent pas être incompatibles avec les caractères démocratique et laïc de l’Etat».C’est la première fois qu’une telle procédure est engagée contre un parti au pouvoir.
Le Refah était depuis longtemps dans le collimateur de la justice turque, qui cherchait à rassembler des éléments pouvant l’incriminer pour ses prises de position jugées contraires au principe sacro - saint de laïcité de l’Etat.
Mais plusieurs enquêtes ou procédures lancées dans ce but n’avaient pas abouti.

La confrontation
avec l’armée

L’ouverture de celle-ci survient sur fond de grande tension entre l’armée turque et le Refah, que les militaires veulent voir quitter le pouvoir car ils lui reprochent de favoriser une dérive fondamentaliste dans le pays.
L’armée se considère comme la garante de la laïcité de l’Etat instituée en 1923 par le fondateur de la république Mustafa Kemal Ataturk.
Le 28 février, le Conseil national de sécurité (MGK), organe par lequel l’armée exerce son influence politique, avait dicté au gouvernement de M. Erbakan des mesures très sévères pour stopper la montée du fondamentalisme religieux en Turquie.
Depuis, les militaires surveillent de près la mise en œuvre de ces mesures, pour laquelle M. Erbakan traîne les pieds. Chaque fin de mois, à l’approche de la réunion mensuelle du MGK, la tension monte dans le pays où l’on se demande si tout cela ne finira pas par un coup d’Etat.
L’activité normale du gouvernement s’en trouve complètement bloquée. Le Conseil des ministres ne s’est pas réuni depuis six semaines.

Ce qu’il est convenu en Turquie d’appeler «l’Etat» ou «les pouvoirs établis», c’est-à-dire l’armée, la presse pro-laïque, les milieux d’affaires laïcs, certaines organisations professionnelles et une partie du Parlement, «se sont ligués pour écarter le Refah du pouvoir par tous les moyens», a déclaré un diplomate occidental.
«Si le processus parlementaire ne permet pas d’y parvenir, il n’est pas étonnant qu’on ait recours à d’autres moyens», a-t-il ajouté.

Le Refah, qui avait remporté de peu les dernières élections législatives en décembre 1995 avec 21,38% des voix, est le premier parti au Parlement, où il compte 159 sièges sur un total de 550.
La coalition qu’il a formée avec le Parti de la juste Voie (DYP, droite) du ministre des Affaires étrangères Tansu Ciller détient la majorité absolue au Parlement avec 280 sièges.
L’Etat turc a resserré, hier, son étau autour du Parti islamiste de la Prospérité (Refah) du premier ministre Necmettin Erbakan, en lançant une procédure légale visant à sa dissolution pour activités antilaïques. M. Erbakan a tenté de minimiser la portée de cette initiative précisant que les accusations n’avaient «rien à voir avec la réalité» et que...