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Actualités - CHRONOLOGIE

Damas oeuvre à obtenir une mobilisation arabe contre le sommet économique de Qatar, l'alliance Ankara-Tel Aviv et l'incursion turque en territoire irakien


Contrer la tenue, en novembre prochain à Qatar, d’un sommet économique avec la participation d’Israël, obtenir une mobilisation arabe face à la Turquie, accusée d’avoir formé avec l’Etat hébreu une alliance militaire: tels sont les deux volets de l’offensive diplomatico-politique déclenchée par la Syrie et concrétisée notamment par une tournée qu’effectuent actuellement le vice-président de la République Abdel Halim Khaddam et le ministre des Affaires étrangères Farouk el-Chareh.

Dimanche, le chef de la diplomatie syrienne s’était rendu à Qatar. A cette occasion, un responsable qatariote avait indiqué que Doha était déterminé à accueillir la conférence économique, précisant toutefois qu’il était prématuré d’annoncer que l’Etat hébreu allait y participer.
A Ryad, MM. Khaddam et el-Chareh avaient été reçus par le roi Fahd, qui avait à ses côtés le prince héritier Abdallah. L’étape suivante a été, hier lundi, Koweit, où M. Khaddam a remis à l’émir, cheikh Jaber Ahmed Sabah, un message du président Hafez el-Assad, déclarant à cette occasion: «La nation arabe passe par des circonstances difficiles et les événements qui se produisent exigent des concertations continues», ajoutant qu’il poursuivrait sa tournée arabe «afin de transmettre le point de vue de la Syrie et de connaître l’opinion des dirigeants des pays visités».
Pour M. Khaddam, «les tentatives de réunir un sommet économique pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord constituent une violation des résolutions arabes». «Tout contact (avec Israël) et toute violation des résolutions arabes sur les liens avec Israël sont susceptibles de porter gravement préjudice à la nation arabe», a-t-il ajouté.
Israël a participé aux trois premières conférences de ce genre destinées à jeter les bases d’une coopération économique entre Arabes et Israéliens.
La Ligue arabe avait appelé en mars à geler le processus de normalisation avec Israël, à la suite de la mise en chantier d’une onzième colonie juive dans le secteur arabe occupé de Jérusalem.
Qatar et le sultanat d’Oman sont les seuls pays arabes du Golfe à avoir établi des liens économiques avec Israël. Doha a gelé la normalisation après l’élection en mai 1996 de M. Benjamin Netanyahu à la tête du gouvernement israélien.

Rapprochement
avec Bagdad

L’autre danger qui menace la nation arabe, selon M. Khaddam, est représenté par ce qu’il a appelé «l’alliance turco-israélienne», laquelle «ne vise pas un pays arabe déterminé, mais tous les Arabes».
«Face à cette situation, il est nécessaire que les dirigeants arabes se concertent et étudient les moyens de préserver leurs intérêts», a ajouté M. Khaddam, estimant que la Turquie «doit comprendre que son intérêt est de traiter avec le monde arabe et islamique et non avec Israël».
La Turquie et Israël ont rapidement développé leur coopération militaire depuis un an et prévu de mener cet été des manœuvres navales communes avec les Etats-Unis en Méditerranée.
Le vice-président syrien, cité par l’agence officielle koweitienne KUNA, a affirmé que l’opération de l’armée turque dans le nord de l’Irak «est une invasion et une occupation de terres arabes, et il s’agit d’une question dangereuse, quelle que soit notre attitude vis-à-vis d’un régime arabe déterminé», dans une allusion à l’Irak.
Des dizaines de milliers de soldats turcs ont pénétré mercredi dernier dans les zones kurdes du nord de l’Irak échappant au contrôle de Bagdad à la poursuite de militants séparatistes kurdes turcs.
De source diplomatique arabe à Ryad, on a indiqué que la Syrie s’inquiétait de l’opération militaire turque surtout que les combats se déroulent près du triangle frontalier turco-irako-syrien, au nord de la Syrie.
La démarche syrienne s’inscrit, en outre, dans le cadre d’un début (bien timide) de rapprochement avec Bagdad, concrétisé hier encore par l’arrivée dans la capitale irakienne d’une délégation de l’Union des chambres de commerce syriennes. Il s’agit là de la première visite du genre depuis la fermeture des frontalières entre les deux pays, au début des années quatre-vingts. Une source de l’Union a indiqué que la délégation doit proposer aux responsables irakiens l’importation de produits syriens, dans le cadre de l’accord entre l’Irak et l’ONU, dit «pétrole contre nourriture».
La délégation syrienne comprend le secrétaire de l’Union, Abdel-Rahman Attar, ainsi que les présidents des Chambres de commerce et d’industrie de Damas et d’Alep.
Selon des sources financières syriennes, cette démarche se déroule «à la connaissance sinon avec l’approbation tacite des autorités, la délégation ayant demandé au premier ministre Mahmoud Zohbi la permission de se rendre à Bagdad, comme le font les délégations d’autres pays».
Alors que les responsables syriens refusent de commenter cette démarche «purement commerciale», d’aucuns y voient un signe de dégel dans les relations entre les deux pays, gouvernés par deux branches rivales du parti Baas.
Les relations entre ces deux voisins se limitaient aux réunions qualifiées par Damas de «techniques», comme celles consacrées aux eaux de l’Euphrate. Une délégation irakienne a participé aux réunions de l’Union parlementaire arabe à Damas et un ministre irakien à celle sur le rattachement du réseau électrique entre la Turquie, l’Irak, la Syrie, la Jordanie et l’Egypte.
La Syrie avait fermé au début des années 1980 ses frontières terrestres avec son voisin irakien auquel elle avait attribué la responsabilité des explosions qui avaient eu lieu alors en Syrie.
l Le président du Parlement irakien Saadoun Hammadi a affirmé que son pays avait refusé à deux reprises de normaliser ses relations avec Israël en échange de la fin de l’embargo imposé par l’ONU depuis 1990.
«Deux fois on a proposé à l’Irak un accord sur la levée de l’embargo en échange d’une paix avec Israël», a-t-il assuré dans un entretien publié lundi par l’hebdomadaire égyptien «Al-Ousbouh».
«La première proposition nous a été présentée par le ministre des Affaires étrangères du Vatican (Mgr Jean-Louis Tauran), qui a rencontré à huis clos en Irak le président Saddam Hussein, mais ce dernier a catégoriquement refusé», a indiqué M. Hammadi, sans préciser la date de l’entretien.
La seconde a été présentée peu après, selon M. Hammadi qui n’a précisé ni par qui, ni comment.
«L’Irak ne peut accepter de tels marchés», a-t-il ajouté.
(AFP, Reuter)
Contrer la tenue, en novembre prochain à Qatar, d’un sommet économique avec la participation d’Israël, obtenir une mobilisation arabe face à la Turquie, accusée d’avoir formé avec l’Etat hébreu une alliance militaire: tels sont les deux volets de l’offensive diplomatico-politique déclenchée par la Syrie et concrétisée notamment par une tournée qu’effectuent...