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Actualités - CHRONOLOGIE

Le nouveau pouvoir assoit son contrôle sur Kinshasa Informations contradictoires sur le sort de Mobutu (photo)

Informations contradictoires sur le sort de Mobutu


KINSHASA, 18 Mai (AFP, Reuter). — L’Alliance du nouvel homme fort du Zaïre, Laurent-Désiré Kabila, a parachevé dimanche sa prise en main de Kinshasa, à quelques heures de l’arrivée prévue dans la capitale de plusieurs de ses dirigeants demeurés à Lubumbashi (Sud-Est). Tandis que M. Kabila répétait à Lubumbashi sa détermination à stabiliser le pays, ses troupes assuraient des missions de sécurisation dans les quartiers de Kinshasa en proie aux pillages et prenaient, dans la matinée, le contrôle des camps militaires de la capitale, dont le camp Tshatshi, considéré comme le dernier rempart du régime de Mobutu Sese Seko (LIRE P.11 NOS DEPECHES DETAILLEES).

Peu après, elles se faisaient remettre, sans coup férir, les armes de la Division spéciale présidentielle, l’unité d’élite basée au camp Tshatshi, démoralisée d’avoir assisté à la fuite de ses chefs.
La plupart sont partis dans le sillage du président déchu, dont on restait sans nouvelles fiables depuis son départ vendredi pour son fief de Gbadolite, dans le nord du Zaïre, rebaptisé Congo par M. Kabila.
Des informations contradictoires ont circulé sur son sort. Son arrivée a été annoncée, puis démentie, au Maroc, tandis que la France et le Liechtenstein ont été évoqués comme autres destinations possibles. Mais le chef du gouvernement du Liechtenstein, Mario Frick, a déclaré que M. Mobutu «n’obtiendra pas de visa» et, à Paris, le ministère des Affaires étrangères a dit «ne pas avoir d’informations sur ses intentions».
Le chef de la diplomatie française Hervé de Charette est resté réservé sur la nouvelle situation au Zaïre, indiquant que «la France souhaite que des élections y aient lieu parce qu’il ne peut pas y avoir de sortie de crise par la force».
Paris comme Bruxelles — l’ancienne puissance coloniale — estiment qu’il faudra juger aux actes les nouveaux maîtres du Zaïre.
Principal médiateur dans la crise zaïroise, l’Afrique du Sud s’est, elle, abstenue de commentaire. Pretoria veut s’assurer que M. Kabila respectera son engagement de démocratiser le pays. A cet effet, le vice-président Thabo Mbeki s’est rendu dimanche après-midi à Lubumbashi, précédé de peu par l’envoyé spécial de l’ONU et de l’OUA, Mohamed Sahnoun.
A son arrivée, M. Sahnoun a estimé que l’entrée des troupes de l’Alliance à Kinshasa, «avec un minimum d’effusion de sang», a démontré que le peuple «était satisfait» de sa prise de pouvoir.

Les voisins du Zaïre

Plusieurs voisins du Zaïre ont également affiché leur satisfaction après la chute du «léopard», à commencer par les gouvernements angolais et rwandais.
Le premier a «vivement salué la fin de la dictature du président Mobutu, longtemps responsable de la déstabilisation de plusieurs pays voisins, dont l’Angola». Le Zaïre avait été l’un des principaux alliés des rebelles de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) durant la guerre froide.
Kigali, de son côté, a qualifié dimanche de «bon développement pour le peuple zaïrois» le renversement du régime de Mobutu par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo. Le porte-parole du gouvernement a, en outre, estimé que le Rwanda «avait désormais un voisin qui n’est pas hostile».
Le Kenya, pourtant accusé par son opposition interne d’avoir jusqu’au bout soutenu Mobutu, a pour sa part annoncé dimanche son intention de reconnaître le futur gouvernement.
Le nouvel homme fort du Zaïre a en effet promis de former un gouvernement de salut national d’ici à mardi, d’installer dans les deux mois une assemblée constituante et d’organiser des élections d’ici à deux ans.
Dans l’intervalle, le gouvernement de transition sera ouvert aux hommes politiques d’opposition — à l’exclusion de ceux qui ont soutenu le régime de Mobutu — mais à titre individuel, sans participation des 450 partis politiques. Dimanche, M. Kabila a souligné que désormais «le plus dur restait à faire: gouverner ce pays détruit».

Retour au calme
à Kinshasa

La capitale avait retrouvé le calme dimanche, après une nuit marquée par des tirs sporadiques. Dans les quartiers les plus pauvres, il y avait des traces de pillages mais, selon des résidents, les soldats de l’Alliance ont abattu ceux qui essayaient de se livrer à de telles exactions. Cependant, la spacieuse demeure où résidait un fils du maréchal, le capitaine Kongolo Mobutu, a été pillée.
Cent dix membres de la famille de Mobutu se trouvaient entre-temps dimanche en attente à l’aéroport de Brazzaville, après avoir été refusés par le Gabon, selon des sources policières congolaises.
Pour leur part, les Occidentaux résidant à Kinshasa semblaient rassurés sur leur sort immédiat. Aucun plan d’évacuation n’a été mis en route.
Les rebelles ont partout été accueillis par des foules joyeuses, même si cette liesse semble avoir été surtout motivée par le soulagement de voir la fin de l’ère Mobutu.
Aujourd’hui, M. Kabila doit s’assurer le soutien des nombreuses tribus et régions zaïroises, adopter des politiques étrangère et économique qui rassurent les grandes puissances et les investisseurs étrangers, estiment les observateurs. Il devrait se rendre prochainement à Kinshasa.
Informations contradictoires sur le sort de MobutuKINSHASA, 18 Mai (AFP, Reuter). — L’Alliance du nouvel homme fort du Zaïre, Laurent-Désiré Kabila, a parachevé dimanche sa prise en main de Kinshasa, à quelques heures de l’arrivée prévue dans la capitale de plusieurs de ses dirigeants demeurés à Lubumbashi (Sud-Est). Tandis que M. Kabila répétait à Lubumbashi sa...