Dix états d'Asie participent à la réunion d'aujourd'hui La guerre d'Afghanistan au centre du sommet de l'OCE au Turkmenistan

ACHKHABAD, 12 Mai (AFP). — La coopération économique régionale, mais aussi la guerre en Afghanistan domineront les débats lors d’un sommet de l’Organisation de la coopération économique (OCE), qui réunira dix Etats d’Asie centrale mardi et mercredi dans la capitale turkmène Achkhabad, selon des sources diplomatiques.
Ce sommet rassemblera les présidents de l’Azerbaïdjan, de l’Afghanistan, du Kirghizstan, du Kazakhstan, de l’Iran, de la Turquie, du Tadjikistan, de l’ouzbékistan, du Turkménistan, et le premier ministre du Pakistan.
«L’économie et le commerce domineront les entretiens du sommet de l’OCE, mais la guerre afghane occupera les esprits», estime un diplomate européen à Achkhabad.
«Consacré par l’OCE “président réel afghan”», selon les termes d’un diplomate occidental en poste en Ouzbékistan, Burhanuddin Rabbani, chassé de Kaboul par les milices islamistes taliban en septembre 1996, représentera son pays à ce sommet centre-asiatique.
Pourtant, M. Rabbani ne contrôle plus que le tiers nord-est du territoire afghan, avec ses combattants et ceux de son allié, le seigneur de guerre de souche ouzbek Abdoul Rachid Doustam.
Les soldats de M. Dostam sont équipés par l’Ouzbékistan, tandis que les Moudjahiddine de M. Rabbani sont financés et armés par l’Iran et la Russie.
A l’issue d’une réunion samedi à Douchanbé, capitale du Tadjikistan, les présidents iranien, Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani, et tadjik, Emomali Rakhmonov, ont souligné avec M. Rabbani l’importance, pour toute la région, d’un accord pacifique en Afghanistan.
«La paix dans la région est le catalyseur d’une coopération économique fructueuse», ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
«Espérons que pendant le sommet de l’OCE, nous trouverons les approches communes pour résoudre le conflit afghan», a renchéri Talbak Nazarov, ministre tandjik des Affaires étrangères.

Le Pakistan soutient
les Taliban

Autre membre de l’OCE, le Pakistan, qui soutient pour sa part les Taliban, sera le seul membre de cette organisation à ne pas envoyer son président, et Islamabad sera représenté par son premier ministre, Nawaz Sharif.
Un diplomate pakistanais en poste à Achkhabad a assuré que «la présence (au sommet d’Achkhabad) de M. Rabbani n’était pas un problème» pour son pays. Il n’a pas exclu «une possible arrivée d’une délégation taliban» dans la capitale turkmène en marge de la rencontre.
L’issue de la guerre en cours en Afghanistan a des enjeux économiques évidents.
Le président turkmène, Saparmourad Niazov, doit ainsi présenter lors du sommet de l’OCE un projet de construction de gazoduc, censé être achevé en 2.001 pour un coût de plus de 2,5 milliards de dollars, et destiné à transporter le gaz turkmène à travers l’ouest de l’Afghanistan — sous contrôle taliban — et le Pakistan.
«Transporter d’énormes quantités de gaz inflammable à travers l’Afghanistan paraissait absurde: il y a une sérieuse guerre en cours», remarquait il y a quelques jours un analyste occidental à Kaboul. «Mais maintenant, ils (les factions afghanes et les compagnies engagées dans le projet) semblent sérieux, même si la guerre est loin d’être terminée», ajoutait-il.
La construction de ce gazoduc long de 1.280 km représentera «le premier investissement majeur en Afghanistan depuis des années», a déclaré la semaine dernière à Kaboul Mario Lopez Olaciergui, directeur commercial de la compagnie argentine Bridas, qui mène le consortium en charge du projet.
Outre l’édification de gazoducs et d’oléoducs afin d’acheminer les hydrocarbures centrasiatiques vers l’Océan indien, le Golfe persique et la Turquie, le sommet de l’OCE doit également étudier des projets de construction de voies de chemin de fer et d’autoroutes régionales.
Une «déclaration d’Achkhabad», dont la teneur demeure inconnue, doit être signée mercredi à l’issue du sommet.