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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

A l'Université Saint Joseph Un colloque - Sida basé sur une large enquête de terrain

Pour le compte technique d’un séminaire sida qui s’ouvre demain mercredi 14 mai au campus des sciences médicales de l’USJ, une enquête a été menée auprès de 400 étudiants et 20 «leaders d’opinion». Lors de ce colloque, les résultats vont alimenter quatre «ateliers» sur «Le sida et les jeunes»; «Les personnes en situation exposée»; «Dépistage, droit et responsabilité»; «Partenariat pour une politique de santé».
Le sondage préparatoire de la Faculté de médecine de l’Université Saint-Joseph a été mis en chantier dès le début de l’an dernier, en 1996. Il s’est étalé sur deux mois, l’un en hiver, l’autre en été, et a nécessité le déploiement d’une trentaine d’enquêteurs. A part les 400 jeunes de toutes universités, une vingtaine de religieux, d’éducateurs, de juristes, de journalistes, de sociologues, de médecins, de psychologues ont été interrogés sur leur perception du sida et sur les aspects sociaux que ce problème revêt au niveau local. «Dans un Liban qui se reconstruit, nous avons cherché à savoir où placer — symboliquement — le sida», explique le professeur Pierre Farah, doyen de la Faculté de médecine de l’USJ.

Ce travail, mené avec le soutien de l’AUPELF-UREF et du Conseil de la recherche de l’USJ, a associé l’Ecole libanaise de formation sociale de l’USJ, la Société libanaise du sida et le laboratoire de recherche en sciences sociologiques de l’Université Paris XII.
«En 1994, l’idée qu’il y avait une épidémie qui frappait à la porte du Liban était là dans l’observation des chiffres. Il y avait un nombre croissant de sidas déclarés — en faisant abstraction du sida asymptomatique dont le nombre est encore plus élevé — même si, relativement à d’autres pays, il reste encore réduit», indique M. Beauchard, directeur du laboratoire de recherche en sciences sociologiques de Paris XII, qui effectue régulièrement depuis 7 ans des séjours au Liban. «Les travaux que nous avons entrepris visent à situer le développement de la maladie et ce qu’elle entraîne comme conséquences sociales», dit-il.
Si le premier cas de sida au Liban a été enregistré en 1987, on peut situer son irruption sur la scène sociale vers 1992. «C’est à ce moment-là qu’on commence à en parler à la télévision. Et c’est en 94-95 que l’on organise les premières campagnes anti-sida dignes de ce nom», rappelle M. Abdo Kahi, consultant en ressources humaines.

Attitudes

Les résultats de l’enquête servent, selon le Pr. Beauchard, «à déceler des «attitudes» à partir desquelles on peut développer une stratégie ou «ajuster» les messages de prévention».
L’ensemble des étudiants libanais sont au courant des risques précis qui exposent au sida; il reste néanmoins des zones d’ombres. «Certaines informations, comme les risques en médecine dentaire par exemple, ne sont pas suffisantes. De plus, il y a dans la perception des jeunes Libanais une survalorisation du risque du sang», souligne M. Kahi, qui estime que c’est là une séquelle de la guerre. «Ils sont 60% à craindre les blessures dans les lieux publics. C’est là une attitude spécifique libanaise», relève-t-il.
«Dans leur grande majorité, les jeunes préconisent toute une série de contrôles. C’est là le reflet d’une faiblesse dangereuse qui consiste à s’abriter derrière les contrôles pour fuir sa propre responsabilité de prévention», déclare le sociologue français.
Les «leaders d’opinion» quant à eux essayent surtout de protéger le système de société établi au Liban. Un système fondé sur l’omniprésence de la famille, sur les valeurs morales et religieuses, éducatives etc., «facteurs qui ont limité, il faut bien le relever, la progression du sida au Liban», souligne le Pr. Beauchard. «Ils affirment donc face au sida leur système de valeurs traditionnelles, et sont par ailleurs moins centrés sur les problèmes sociaux».

Les milieux
défavorisés

Il y a cependant ici comme en Europe un phénomène: le sida est «passé de mode». Il est désormais connu, il y a suffisamment d’information, probablement assez de prévention. Et en plus avec la trithérapie, le traitement a fait un prodigieux bond en avant ces deux dernières années. Il ne provoque plus les phobies d’antan. «Mais ce qu’il faut apercevoir, c’est qu’il poursuit son chemin dans les milieux défavorisés. Il s’enterre et s’enfonce dans des groupes qui n’ont pas eu l’information. Et qui en sont encore au stade de la peur, de la rumeur, de la non-information. Ces groupes sont alors touchés en grand nombre», dénonce le Pr. Beauchard, qui ajoute: «Au Liban, où le sida est amené à l’évidence par la diaspora, on aurait alors une entrée du sida non pas dans tout le pays mais probablement dans les milieux urbains déshérités».
Demain mercredi 14 mai, une réflexion portera sur ce problème. Au cours de cette journée à laquelle participera le Pr. Alain Sobel, président du Conseil national du sida en France, quatre «ateliers» débattront des thèmes précités.
A l’issue de ces tables rondes, le père Jean Ducruet, directeur du Centre universitaire d’éthique de l’USJ, présentera une synthèse et des recommandations sur le «sida et valeurs éthiques, lien social et prévention»...

Z.Z.
Pour le compte technique d’un séminaire sida qui s’ouvre demain mercredi 14 mai au campus des sciences médicales de l’USJ, une enquête a été menée auprès de 400 étudiants et 20 «leaders d’opinion». Lors de ce colloque, les résultats vont alimenter quatre «ateliers» sur «Le sida et les jeunes»; «Les personnes en situation exposée»; «Dépistage, droit et...