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Actualités - DISCOURS

Sfeir : notre jeunesse réclame clarté et transparence dans une société pluraliste (photos)

Dans une cathédrale bouclée à craquer, et dans une atmosphère surchauffée, Mgr Sfeir a dû attendre plusieurs minutes avant qu’il puisse lire, d’une voix aussi audible que possible, un discours dans le style de ses homélies, nuancé et ferme.
Se déclarant confiant dans «une jeunesse libanaise prometteuse», Mgr Sfeir s’est fait aussi l’écho de cette jeunesse «avide de paix et de sérénité», mais aussi réclamant «clarté et transparence dans une société pluraliste qu’elle entend participer à sa reconstruction sur des valeurs solides».
Mgr Sfeir a affirmé aussi à l’adresse de Sa Sainteté que cette reconstruction concerne une société où le régime démocratique doit être «affermi», les droits de l’homme «respectés», la justice «assurée», l’égalité des chances «rétablie», le tout dans un climat de «liberté».
On dirait que ce mot a été la clé magique qui a libéré les gorges de tous ces jeunes «chauffés à blanc» qui se sont mis à scander le mot «liberté» durant toute la suite de la cérémonie.
Voici le texte de discours du patriarche maronite:
«Très Saint-Père
La jeunesse du Liban s’estime très heureuse et très honorée de pouvoir rencontrer Votre Sainteté et de vous demander votre bénédiction apostolique. Les jeunes qui se pressent dans cette basilique, sous le regard maternel de Notre Dame du Liban, représentent la jeunesse libanaise, quelle que soit son appartenance sociale, communautaire, voire même religieuse. Ils avaient su, pour l’avoir entendu et lu, que Votre Sainteté avait pour les jeunes du monde une sollicitude toute particulière. Ce en quoi ils ne se trompent pas.
Du fait des épreuves par lesquelles ils avaient passé, durant dix-sept ans de guerre, les jeunes du Liban se trouvaient incapables, dans leur plus grande majorité, de faire le voyage de Rome pour avoir le bonheur de rencontrer Votre Sainteté. Vous voilà, Très Saint-Père, ce soir, avec eux, avec nous, leurs pasteurs, à l’instar du Christ qui a aimé les jeunes, les moins jeunes, et les enfants, le Christ que vous représentez sur terre. Vous êtes avec nous pour encourager nos jeunes à bannir les appréhensions, les craintes, regarder l’avenir avec confiance, s’affirmer et enfin assumer leur responsabilité à l’égard d’eux-mêmes, leurs familles respectives, leur société et leur patrie commune.
Merci, Très Saint-Père, de vous trouver avec nous et parmi nous. Nous nous réjouissons de vous entendre nous redire ce que vous avez déjà dit dans votre message aux jeunes du monde entier, à l’occasion de la douzième journée mondiale de la jeunesse de cette année: «Renversez les barrières de la superficialité et de la peur».
Les jeunes de chez nous ont besoin d’entendre ces paroles salvatrices de la bouche d’un père plein de sagesse, de courage et d’amour pour eux. Ceux qui sont ici, ce soir, ont été choisis parmi ceux qui n’ont pas moins de quinze ans et pas plus de trente cinq ans. C’est la génération de la guerre, une guerre qui a charrié avec elle toutes sortes d’atrocités, de malheurs, et j’ose dire même, de traumatismes. Elle a marqué dangereusement nos fils.
Je n’ai nullement l’intention d’évoquer les souvenirs indélébiles de cette guerre, encore moins de rouvrir des blessures mal cicatrisées, ou raviver la mémoire des tragédies vécues par ceux qui ont vu un être cher tomber sous les éclats d’un obus, éclaboussant de son sang un fils, un frère ou une sœur. C’est que notre jeunesse est avide de paix et de sérénité. Elle réclama aussi clarté et transparence dans une société pluraliste qu’elle entend participer à sa reconstruction sur des valeurs solides. C’est pourquoi, comme nos ancêtres jadis dans leurs montagnes, elle se réfugie, dans sa majorité, dans la foi et la pratique religieuse.
Aspirant à contribuer à la construction d’une société où le régime démocratique serait affermi, les droits de l’homme respectés, la justice assurée et l’égalité des chances établie dans un climat de liberté, les jeunes du Liban se voient jusqu’ici incapables d’arriver, sur le plan politique, à certains postes de responsabilité. Pourtant notre jeunesse fait preuve de générosité, sur le plan social, et d’un engagement sûr pour les causes justes et nobles. Ce qui fait que, grâce à Dieu, les vocations sacerdotales et religieuses se font plus nombreuses de nos jours.
Aussi me plaît-il de dire que la jeunesse libanaise est prometteuse. Elle voudrait s’installer définitivement dans le pays des cèdres, y faire fructifier ses talents, sans aller chercher ailleurs, pourvu qu’elle puisse s’assurer une vie digne, sans devoir se soucier trop de ce que peut lui réserver l’avenir peu certain. elle est peu sécurisée devant les difficultés que rencontre le processus de paix dans notre région, sans lequel, il ne semble pas qu’il puisse y avoir espoir de paix au Liban. Notre jeunesse a confiance en elle-même, en son pays et par suite en son avenir. Elle ne peut compter que sur sa foi en Dieu, en elle-même, en ses jeunes énergies et son dynamisme, et surtout sur l’action menée par Votre Sainteté en faveur du Liban, sur le plan de la communauté internationale pour qu’elle fasse justice à notre pays.
Les paroles de Votre Sainteté dans votre message de cette année pour les jeunes du monde auront, j’en suis certain, leur écho dans les cœurs de nos jeunes. Comment ne seront-ils pas attentifs quand vous leur affirmez «Jésus demeure à côté de vous, dans les frères avec lesquels vous partagez l’existence quotidienne. Son visage est celui des pauvres, des marginaux, souvent victimes d’un modèle de développement injuste, qui met le profit à la première place et fait de l’homme un moyen plutôt qu’un but».
Tournant nos regards vers Notre-Dame du Liban, nous demandons à Dieu, par son intercession, de prêter à Votre Sainteté longue vie pour le bien de l’humanité, et spécialement pour celui de la jeunesse du monde qui voit, comme nous tous, en Votre Sainteté, un semeur de vérité, d’espérance, d’amour et de paix».
Dans une cathédrale bouclée à craquer, et dans une atmosphère surchauffée, Mgr Sfeir a dû attendre plusieurs minutes avant qu’il puisse lire, d’une voix aussi audible que possible, un discours dans le style de ses homélies, nuancé et ferme.Se déclarant confiant dans «une jeunesse libanaise prometteuse», Mgr Sfeir s’est fait aussi l’écho de cette jeunesse «avide de...