Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Les musulmans accueillent le pape : le Liban est un message (photos)

«Bienvenue au Liban, pape». Trois mots inscrits entre un Croissant musulman et une Croix chrétienne sur une immense banderole jaune brandie par des jeunes filles voilées. Trois mots, qui reflètent l’image que Jean-Paul II a du Liban: plus qu’un pays, il est un message.
Le hasard de la géographie a voulu que le premier contact du pape au Liban se produise avec des musulmans. Et c’est un accueil digne du personnage que l’islam libanais a voulu réserver au chef de l’Eglise catholique.
Ecrasés par un soleil de plomb, des écoliers et des scouts musulmans attendent pendant près de trois heures le passage du souverain pontife en route pour le palais présidentiel. Ils sont massés sur le tronçon s’étendant entre l’aéroport et Tayyouné, impatients d’apercevoir le «vénérable hôte».
Sur la route de l’aéroport, le samedi 10 mai n’est pas un jour comme les autres. Des ruelles étroites de Bourj Barajneh, des garçons et des filles surgissent par petits groupes sur l’avenue de l’aéroport dès 10h. Des autocars déversent, dans un incessant va-et-vient, des scouts et des fanfares qui s’installent sur les trottoirs. Quand l’avion du pape atterri à 12h15, ils sont déjà plusieurs centaines de jeunes gens, mais aussi de personnes plus âgées, sagement alignés sur les 4 km séparant l’AIB du rond-point Tayyouné.
Le spectacle est des plus étranges. De petits garçons, portant des tee-shirt noirs avec des inscriptions à la gloire de l’imam Hussein (Achoura sera commémorée vendredi prochain) agitent joyeusement des fanions aux couleurs du Vatican. De jeunes écolières voilées sont coiffées de casquettes frappées à l’effigie du pape. La foule brandit des drapeaux libanais sous l’œil vigilant de dizaines de soldats. Près du pont de Ghobeiri, deux portraits géants de Jean-Paul II et de l’ayatollah Khomeyni se côtoient. «Le pape est un homme de paix et d’amour, nous le respectons et nous l’attendons. Peut-être réussira-t-il à renforcer la réconciliation nationale», commente simplement Ali. Il explique que les écoliers sont venus de leur propre gré pour accueillir le souverain pontife. «A l’école, on nous a laissé le choix de venir ou de s’abstenir. La plupart d’entre nous ont décidé de se déplacer», dit-il.

Mélange
intercommunautaire

A mesure qu’on se rapproche du secteur du Musée, le mélange intercommunautaire se précise. Déjà au rond-point Chatila, des jeunes gens de différentes confessions attendent ensemble à l’ombre de l’impressionnante coupole du centre culturel islamique. Des jeunes filles voilées côtoient des écolières arborant des croix autour du cou. Nathalie et Ikram échangent aimablement leurs impressions sous un palmier. A Tayyouné, des élèves de l’école officielle d’Achrafieh se regroupent près d’une grande pancarte du mouvement Amal portant le célèbre slogan de l’imam Moussa Sadr: «La convivialité islamo-chrétienne est une richesse qu’il faut préserver».
Près du Musée, des dizaines de jeunes gens de l’Association Offrejoie déploient une banderole sur laquelle on peut lire: «Chrétiens-musulmans, personne ne nous separera jamais».
L’attente se prolonge. Sous le soleil éclatant, les hélicoptères de l’armée tournoient dans un bruit assourdissant. Il est 13h20. Des sirènes hurlent au loin. La foule compacte se presse à l’extrémité des trottoirs pour apercevoir Jean-Paul II. Un convoi passe en trombe. Ce n’est pas celui du pape, mais celui d’un officiel. La déception se lit sur les visages. Le même processus se répète à trois reprises.
Vers 13h30, la papamobile de Jean-Paul II surgit enfin sur le pont de l’AIB. La foule agite fébrilement les drapeaux et salue le Saint-Père qui répond d’un geste de la main et d’un hochement de tête. Sa voiture passe rapidement et disparaît dans un virage. Mais Jean-Paul II a le temps de jeter un bref regard vers le minaret d’une mosquée où les couleurs du Vatican se balancent lentement près d’un fanion vert et noir, couleurs de l’Islam. Ce n’est qu’un simple regard, qui semble durer une éternité...

Paul KHALIFEH
«Bienvenue au Liban, pape». Trois mots inscrits entre un Croissant musulman et une Croix chrétienne sur une immense banderole jaune brandie par des jeunes filles voilées. Trois mots, qui reflètent l’image que Jean-Paul II a du Liban: plus qu’un pays, il est un message.Le hasard de la géographie a voulu que le premier contact du pape au Liban se produise avec des musulmans. Et...