Alors que la mission Ross piétine Relance des discussions israelo-palestiniennes sur la sécurité

Des responsables de sécurité israéliens et palestiniens se sont rencontrés hier, pour la première fois depuis plusieurs semaines, alors que les tentatives du médiateur américain Dennis Ross de relancer les négociations de paix piétinaient, selon des sources officielles israéliennes.

Les chefs de la sécurité préventive palestinienne Jibril Rajoub et Mohammed Dahlan se sont entretenus durant deux heures avec des homologues israéliens en présence d’intermédiaires américains, ont indiqué des officiels américains.
La radio israélienne a précisé que la rencontre s’était déroulée à l’ambassade américaine à Tel-Aviv, sans toutefois la présence prévue du chef du service israélien de sécurité intérieure (Shin Beth) Ami Ayalon.
Alors que les pourparlers entre les deux parties reprenaient, des affrontements ont eu lieu en Cisjordanie. A Hébron, quatre Palestiniens et un soldat israélien ont été blessés lorsque des jeunes ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction de l’enclave juive du centre-ville. Les militaires ont riposté en tirant des balles en caoutchouc, selon des témoins.
A Jérusalem, le premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé que la rencontre entre des responsables israéliens et palestiniens de la sécurité ne constituait pas la percée exigée par l’Etat hébreu avant la reprise des négociations de paix, suspendues il y a deux mois.
«Il n’y a pas encore de coopération sécuritaire complète (...) Nous en sommes encore à essayer de relancer les négociations», a-t-il dit en Conseil des ministres, en référence également à la mission de M. Ross qui tente depuis trois jours de sauver le processus de paix. Les Palestiniens pour leur part posent comme condition préalable un gel de la colonisation juive dans les zones arabes.
M. Ross s’est entretenu dans la matinée avec le ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï et devait rencontrer dans la soirée à Ramallah (Cisjordanie) le président palestinien Yasser Arafat, pour la deuxième fois depuis mercredi. Samedi, il doit être reçu au Caire par le président égyptien Hosni Moubarak.

La majorité de
Netanyahu

A propos de la colonisation, le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat a affirmé que seul son arrêt pouvait ramener les Palestiniens à la table des négociations. «L’administration américaine doit empêcher M. Netanyahu de construire des colonies. De ceci dépend la poursuite ou non du processus de paix», a-t-il dit.
Des diplomates israéliens impliqués dans les efforts de médiation ont affirmé que M. Ross comprenait parfaitement que M. Netanyahu ne peut geler la colonisation sans mettre en danger sa majorité parlementaire de droite.
«La vérité est que les deux parties ont peu d’espoirs et qu’il n’y a pas de véritables développements», a déclaré sous le couvert de l’anonymat un officiel.
Mettant en garde contre le blocage des négociations, le général israélien Shlomo Yanaï, commandant des forces israéliennes dans la bande de Gaza, a estimé qu’une impasse prolongée du processus de paix allait déboucher sur une nouvelle effusion de sang et averti qu’en cas d’affrontements avec les Palestiniens, la réponse israélienne serait plus forte qu’auparavant.
«Une impasse ne correspond pas à une situation où tout reste stable mais signifie plutôt un recul», a-t-il déclaré dans une interview publiée hier par le quotidien Yédiot Aharonot.
En cas d’une éruption de violence comme celle de l’automne dernier, où 85 personnes ont été tuées dans des affrontements entre l’armée israélienne et les Palestiniens soutenus par des membres de leur police, la réponse israélienne «sera plus puissante», a averti le général Yanaï.
«Je suis prêt à obtenir un prix beaucoup plus élevé et à produire une situation où trente policiers palestiniens seront tués mais pas un blessé s’il y a une explosion», a-t-il dit.