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Actualités - OPINION

Réflexions autour d'une visite

Un homme, Polonais de naissance, successeur de Pierre à la tête de l’Eglise catholique, vient au Liban pour témoigner. A un évêque libanais, il a fait cette confidence: «J’aimais votre pays affectivement; aujourd’hui, je l’aime avec plus de profondeur et de réalisme». Jean-Paul II a traduit ses sentiments en actes lorsqu’il a convoqué le synode sur le Liban, appelant l’Eglise catholique et son milliard de croyants à faire de ce pays une priorité de réflexion et de prières. Aujourd’hui, au cours d’un voyage consacré au Liban, il paraphera l’exhortation apostolique. Cette visite historique m’inspire ces réflexions qui recouvrent les trois dimensions de mon identité.


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En tant que Libanais appartenant à l’Eglise maronite, je ressens que ce pèlerinage papal doit être l’occasion d’un profond renouvellement de nos églises catholiques orientales, d’un message d’espérance et de résurrection, conforme à notre foi chrétienne. Ce renouvellement concerne au même titre le clergé que les laïcs. Il doit se traduire par un retour aux sources de notre foi, par un examen de conscience qui inclut les égarements des années de guerre, par un approfondissement de notre sens social en faveur des plus déshérités, et par une incitation à la participation à la chose publique, qui ne signifie pas — loin de là — une ratification des travers de l’ordre établi.
En tant que Libanais engagé dans la réforme politique, l’invitation du pape à faire de ce pays «un message» me pousse à un bref retour sur les éléments constitutifs de notre identité nationale. Le terreau islamo-chrétien de notre pas est une donnée. Le dialogue islamo-chrétien procède de notre vie commune et de notre appartenance à la civilisation du Machreq arabe. Mais tous ces éléments ne constituent à eux seuls que les ingrédients de notre identité. Les transformer en message exige de passer de la coexistence à la convivialité. Les transformer en message dépend de la volonté de chaque Libanais d’élargir le tronc commun, de contribuer de sa place aux avancées de la citoyenneté, seule capable de fonder un message national qui transcende les sous-messages spécifiques.
En tant que Libanais qui fait siennes les aspirations de notre monde arabe, je mesure l’importance de ce voyage au moment où de fortes craintes pèsent sur l’avenir de la paix dans cette région du monde, où le conflit israélo-arabe, le plus long du XXe siècle, continue de boucher l’horizon de cette «terre de religions». S’il est vrai que le Liban et Jérusalem sont les priorités de la politique vaticane dans cette région du monde, le fait que le pape ait consacré son voyage au seul Liban augmente notre responsabilité: c’est à nous aussi qu’il incombe de faire entendre la voix de Jérusalem. Pour dire que la paix que nous souhaitons ne sera significative et porteuse de lendemains meilleurs que si elle est globale, juste et durable. C’est-à-dire porteuse de souveraineté pour tous les peuples de la région, particulièrement pour les plus faibles d’entre eux; c’est-à-dire porteuse d’espoir pour tous les peuples de la région, particulièrement pour les plus pauvres d’entre eux.


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Sur cette terre foulée par le Christ il y a deux mille ans, la visite du pape représente un témoignage fort pour que tous ses fils prennent une part active à la reconstruction de l’unité nationale, pour que le Liban indépendant recouvre le Sud occupé et la souveraineté sur l’ensemble du territoire national, pour que la région et ses peuples jouissent enfin d’une paix fondée sur le droit et la justice.
Un homme, Polonais de naissance, successeur de Pierre à la tête de l’Eglise catholique, vient au Liban pour témoigner. A un évêque libanais, il a fait cette confidence: «J’aimais votre pays affectivement; aujourd’hui, je l’aime avec plus de profondeur et de réalisme». Jean-Paul II a traduit ses sentiments en actes lorsqu’il a convoqué le synode sur le Liban, appelant...