Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Lahd provoque des remous dans les rangs loyalistes

La lettre ouverte que le général en retraite Antoine Lahd, chef de l’Armée du Liban-Sud, milice auxiliaire d’Israël, adresse au pape suscite bien des remous dans les rangs loyalistes. On s’y étonne en effet doublement: d’abord parce que ce suppôt de l’occupant affirme que le Liban n’est plus le pays des libertés et «devient une dictature où la dignité humaine est aussi foulée aux pieds que la loi...» Ensuite, et surtout, parce que ce texte a été publié dans certains journaux «qui, affirment les loyalistes, n’auraient pas dû avoir ce faux courage de se faire l’écho d’un félon».
Un modéré se dit pour sa part «également surpris qu’à l’occasion de la visite papale les médias prennent la bride au cou, appellent certaines choses par leur nom et en parlent en oubliant les interdits ou en passant outre à l’autocensure que tout le monde, politiciens en tête, s’impose sur des sujets déterminés... C’est un peu comme des élèves turbulents qui, à l’occasion d’une inspection de leur collège par un ministre devant forcément leur donner un jour de congé, se permettent de chahuter le surveillant sans craindre ses représailles...».
Mais une autre personnalité suppose pour sa part que «cette soudaine liesse, ce laisser-aller si inhabituel en matière d’information doit sans doute découler d’une «permission spéciale» délivrée par les décideurs via les autorités locales. C’est un peu leur «cadeau» de bienvenue à l’auguste visiteur, un présent subtil qui vise à démentir à travers leur publication même les déclarations dénonçant la gangue qui étouffe les libertés ou les immixtions qui brident la volonté nationale. On veut donc couper l’herbe sous les pieds de l’opposition radicale qui crie au complot contre la souveraineté et l’indépendance du Liban. Mais il est à craindre que ceux qui se seront engouffrés à plaisir dans cette brèche ouverte dans le temps ne s’en mordent les doigts par la suite...» Et de souligner que, «ceci étant, les loyalistes ne sont pas autorisés à subir les attaques sans riposter. Il leur faut contrer activement la campagne de l’opposition radicale de l’Est et on les mobilise donc pour multiplier à leur tour les prises de position destinées indirectement au souverain pontife. Le message-clé devant s’articuler autour du thème qui veut que «hors de la légalité il n’est point d’ordre et hors de l’ordre il n’est pas de salut». On sait, ajoute cette source, que c’est en grande partie grâce à une telle argumentation que l’an dernier le Vatican (comme la France du reste) avait soutenu la cause de la présente République en invitant les chrétiens en participant en masse aux élections législatives. Mais au vu des résultats, on peut douter que cette argumentation reste efficiente, bien que le Saint-Siège intègre globalement les chrétiens du Liban dans le dossier bien plus important à ses yeux des chrétiens d’Orient, qu’il lui faut protéger...»
Cependant cette même personnalité pense que «Jean-Paul II tiendra certainement compte du fait que son auditoire est composé principalement d’opposants. Il voudra sans doute les soutenir, leur faire entendre qu’on les comprend, sans les encourager à durcir leurs positions. Il est probable en tout cas que si la question des décideurs est évoquée, elle le soit de manière à ne heurter personne de front. Car la curie est très attentive aux voix, officielles et autres, qui la mettent en garde contre toute allusion trop directe à cette présence. Ce n’est certainement pas sur les positions de Lahd que le Vatican s’aligne...» Et de conclure en estimant que «les «avertissements» assez abrupts du Hezbollah et de cheikh Chamseddine et a fortiori les attaques inconvenantes de Chaabane, orchestrés à dessein, ont dû porter leur effet et seraient mis en sourdine lors de la visite papale même, qu’il faudra au contraire récupérer comme un événement en faveur des Arabes dans leur conflit avec Israël...»

Ph. A-A.
La lettre ouverte que le général en retraite Antoine Lahd, chef de l’Armée du Liban-Sud, milice auxiliaire d’Israël, adresse au pape suscite bien des remous dans les rangs loyalistes. On s’y étonne en effet doublement: d’abord parce que ce suppôt de l’occupant affirme que le Liban n’est plus le pays des libertés et «devient une dictature où la dignité humaine est...