"Haribe Ya Awadem" de Marwan Najjar Une comédie menée tambour battant (photo)

Un spectacle de Marwan Najjar est toujours un rendez-vous avec le rire. Sa dernière pièce «Haribé ya awadem» (Sauvez-vous bonnes gens!) est bien dans la tradition «najjarienne». Des personnages loufoques, des situations invraisemblables et farfelues, des dialogues décousus et cocasses, des critiques sociales à l’emporte-pièce entre deux portes qui claquent, voilà le tourbillon d’une comédie menée tambour battant. Imaginez un peu «M. tout le monde» (appelé ici Gergé et campé par l’impayable Pierre Chamoun) rentrant chez lui avec une valise contenant plus d’un million et demi de dollars, valise prise par erreur dans un autobus encombré! Et commence alors un déluge de mensonges pour sauver le «pactole» et réaliser le rêve impossible: fuir avec son magot et sa bobonne de femme à Barcelone! Mais annuler cette paisible soirée où l’on fête, comme par hasard, son anniversaire, avec un couple d’amis, semble de plus en plus difficile tant les tracas — et les commissaires — sont à ses trousses! Il faut dire que l’argent n’est guère inodore… Comme des requins affamés, tout ce petit monde s’agite autour de cette précieuse valise qui fait miroiter tant de rêves à de pauvres gens en prise avec un quotidien exécrable.
Les acteurs (Janah Fakhoury, Joseph Saïd, Atef Alam, Greta Aoun, Fayçal al-Istwani et Marc Farah) s’activent comme des abeilles dans une ruche pour mener à bien l’entreprise.
Dans cette ronde folle de valises substituées dont l’enjeu est l’argent, Pierre Chamoun, acteur fétiche de Najjar et coqueluche de la scène, s’adonne à cœur joie à ses habituelles pitreries qui font d’ailleurs les délices du public. Voilà, une fois de plus, une pièce de Marwan Najjar, toute en farce et légèreté, mais défendant avec esprit la cause et la dignité des citoyens humiliés et laminés par le système. Une pièce promue probablement en ces temps de crise à une carrière plus qu’honorable.

Edgar DAVIDIAN

* Au théâtre Georges V, Adonis.