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Actualités - CHRONOLOGIE

John Major évacue le 10 Downing Street, Tony Blair le remplace et une majorité travailliste historique déborde sur le sbancs des tories à Buckingham Les cinq heures qui ont fait basculer la Grande-Bretagne (photo)

Le paysage politique britannique a basculé hier au lendemain du raz-de-marée électoral travailliste, avec l’investiture du premier ministre Tony Blair, la transformation de son cabinet fantôme en gouvernement et l’ouverture de la guerre de succession à John Major chez les tories en déroute. Le bouleversement s’est opéré en moins de cinq heures
Bien avant la proclamation définitive des résultats, la reine a accueilli en milieu de journée au palais de Buckingham le chassé-croisé traditionnel au cours duquel le premier ministre sortant a démissionné et son successeur a été investi.
Tony Blair, 43 ans, premier chef d’un gouvernement travailliste après 18 ans de règne conservateur, a été aussitôt après accueilli en triomphe au 10 Downing Street, sa nouvelle résidence évacuée séance tenante par son adversaire malheureux qui, en plus, selon la tradition, a dû payer lui-même son déménagement.
Sous les acclamations d’une foule agitant l’Union Jack, le jeune avocat sans expérience du gouvernement s’est voulu rassurant: il n’y aura pas de retour «au dogme, à la doctrine et au passé», a-t-il martelé, confirmant le recentrage résolu du «Nouveau Labour» et son engagement en faveur de l’éducation, de la justice et du système de santé.
A aucun moment Tony Blair n’a prononcé le mot Europe, un dossier sur lequel l’attendent ses adversaires et une partie de la presse, pas plus tard qu’au sommet de Noordwijk le 23 mai.
L’écrasante victoire travailliste s’est traduite par une majorité historique au Parlement, où la masse des quelque 418 députés Labour débordera des bancs alloués au parti du gouvernement pour occuper une partie de l’espace dévolu aux 163 élus conservateurs et aux 45 libéraux-démocrates, qui effectuent une percée spectaculaire.
L’ampleur de l’hécatombe dont ont été notamment victimes sept membres du cabinet Major se mesurait à la couleur rouge pourpre de la nouvelle carte électorale: elle témoigne du déferlement du Labour qui a évacué les conservateurs d’Ecosse, du Pays de Galles et du centre. Désormais les tories forment un parti minoritaire de la seule Angleterre.
En Ulster, l’événement a été créé par l’élection surprise du leader du Sinn Fein (aile politique de l’IRA) Gerry Adams et de son numéro 2, Martin McGuinness. Elle donne un regain de crédibilité à leur mouvement, aujourd’hui exclu des pourparlers de paix dans l’impasse du fait des attentats républicains.

Le défi de la jeunesse

«Quand le rideau est tombé, il faut savoir quitter la scène», a déclaré John Major. Sa démission de la direction du parti conservateur a précipité la lutte de succession fratricide sur une ligne de fracture eurosceptique.
L’ex-chancelier de l’Echiquier Kenneth Clarke, peu susceptible de faire l’unanimité en raison de son engagement europhile, a été le premier à s’inscrire dans la course. Il aura pour adversaires probables l’ex vice-premier ministre Michael Heseltine, 64 ans, favori pour la transition, l’ex-ministre de l’Intérieur Michael Howard, ayant pour principal mérite d’avoir échappé à la défaite électorale qui a disqualifié, entre autres favoris, l’ex-ministre de la Défense Michael Portillo. Autre prétendant en attente: William Hague, 36 ans, ancien secrétaire d’état au Pays de Galles, seul susceptible de relever le gant de la jeunesse lancé par Tony Blair.
Le cabinet, annoncé «à l’heure du thé», est sans surprise. Il sera dominé par le numéro 2 du Labour John Prescott, seul à se dire encore «socialiste«, et propulsé vice-premier ministre chargé des Transports et des Régions. Gordon Brown, le «père la rigueur», reste chancelier de l’Echiquier. L’eurosceptique modéré Robin Cook demeure secrétaire au Foreign Office.
La liste du reste du gouvernement était attendue pour samedi, et le premier Conseil des ministres jeudi.

Une série impressionnante de premières a fait écho au credo moderne du «Nouveau Labour»: plus jeune premier ministre depuis 1801, record absolu de femmes aux Communes (plus de 120), plus vaste majorité travailliste depuis la création du parti en 1900. Le Parlement rajeuni accueillera par ailleurs un député qui tranchera avec son costume éternellement blanc et son étiquette unique «d’indépendant anticorruption»: l’ancien correspondant de guerre de la BBC Martin Bell, élu à Tatton.

Cherie Booth, avocate, sera la première épouse de premier ministre à travailler.
Et tandis que la statue de cire de Tony Blair remplaçait celle de John Major chez Mme Tussaud, l’ancien premier ministre libéré de toutes obligations assistait à un match de cricket.
Le paysage politique britannique a basculé hier au lendemain du raz-de-marée électoral travailliste, avec l’investiture du premier ministre Tony Blair, la transformation de son cabinet fantôme en gouvernement et l’ouverture de la guerre de succession à John Major chez les tories en déroute. Le bouleversement s’est opéré en moins de cinq heures Bien avant la proclamation...