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Actualités - OPINION

Tribune Dolly, les clones et les clowns

Dolly est une brebis, mais aussi un clone, c’est-à-dire un animal créé à partir du génome (capital génétique) d’une cellule banale d’une brebis adulte. Le «père» de Dolly, le docteur I. Wilmut, et son équipe de chercheurs écossais nous ont appris son existence en février 1997, dans la revue «Nature». Depuis, Dolly est devenue une star internationale, à laquelle se sont joints des macaques clonés en laboratoire. Ces animaux innocents, créés par la seule volonté de scientifiques, taquinent la conscience universelle et troublent le sommeil de nos moralistes.
La venue des clones a déjà été annoncée en 1932 par Aldous Huxley, dans son génial ouvrage «Brave New World» où il décrit un univers futuriste de cauchemars, né du progrès de la science et de la technique et où il ne cache pas sa profonde angoisse devant l’envahissement du matérialisme et du machinisme scientifiques et les dérives auxquelles peut conduire, avec le clonage «la dissociation définitive de la sexualité et de la reproduction». Souvenons-nous du célèbre film «Ces garçons qui viennent du Brésil» avec Gregory Peck.
La naissance de Dolly est une première historique dans l’évolution de la biologie moléculaire, avec les conséquences philosophiques, éthiques et sociales que peut poser la reproduction sériée d’êtres identiques, en dehors de toute sexualité. Comment cela s’est-il schématiquement effectué?
1. D’une brebis adulte A est prélevée une cellule d’une glande mammaire.
2. De l’ovaire d’une autre brebis B est prélevé un ovocyte non fécondé et auquel on enlève le noyau (les chromosomes).
3. La cellule de A et l’ovocyte énuclé de B, sont fusionnés dans une éprouvette pour obtenir un embryon.
4. Cet embryon est transféré dans l’utérus d’une troisième brebis qu’on appelle «brebis porteuse».
5. Après gestation, la brebis porteuse donne naissance à un clone (Dolly) qui est la copie génétique de la brebis A.
Ce schéma comporte en réalité une série de manipulations fort complexes. Toutefois, la création d’un double génétique d’un mammifère adulte (résultat qui n’avait jusqu’alors pu être obtenu que chez des végétaux ou des amphibiens) ouvre des perspectives nouvelles dans la maîtrise du vivant et permettent, demain, de pratiquer ces manipulations chez les hommes. Rien n’interdit en effet, scientifiquement, d’avoir un jour recours au noyau d’une cellule somatique pour donner naissance à un être humain... en série, à condition de trouver des mères porteuses! Plus besoin de sexualité, de mariages, de sperme etc. Les hommes seront sexuellement inutiles et les femmes des pondeuses.
Il s’agit donc, bel et bien, d’un travail scientifique d’une portée éthique et philosophique considérable. Amélioré et codifié, le clonage permettra de reproduire à volonté, des végétaux transgéniques, des animaux sélectionnés sur des critères vétérinaires et des êtres humains à la pelle, avec des caractères et des races améliorés: le triomphe de l’eugénisme.
Si ces manipulations sont d’un bénéfice immense dans le monde végétal et animal, elles soulèvent chez les hommes des questions et des réponses régentées jusqu’ici par le «Divin». Elles changent la relation de l’homme à Dieu, des hommes et des femmes entre eux, et bien entendu la condition féminine elle-même. Elles mènent à une «désacralisation» de nos croyances qui oblige l’homme à repenser en termes nouveaux sa destinée: qu’est-ce qui distingue l’homme des autres mammifères supérieurs? Qu’est-ce qui fonde ce qu’il appelle son identité et sa vocation de sujet libre demandeur de droits fondamentaux? Allons-nous par la répétition d’un modèle unique devenir immortels?
On peut délirer là-dessus à volonté. Il reste que l’homme est fait à la fois d’inné et d’acquis et que le clonage ne peut toucher qu’à l’inné et laisse encore inaccessible, fort heureusement, notre monde psychique façonné par divers facteurs de l’existence et de la vie. Dans un récent article (Le Point) le prix Nobel François Jacob, remet, en savant, les pendules à l’heure.
Mais, baste! cela fait tout de même un fichu scénario qui fait basculer notre spiritualité. C’est ce danger qui a poussé les responsables du monde entier, laïcs et religieux, à s’opposer avec véhémence et sans retour au clonage humain.
Au Liban, le clonage scientifique est encore bien loin. que nos moralistes se tranquillisent. Nous avons par contre un clonage bien particulier: le clownage. On clone des clowns à volonté. Regardez autour de vous et vers le haut et vous serez édifiés.
Fouad N. BOUSTANY
Dolly est une brebis, mais aussi un clone, c’est-à-dire un animal créé à partir du génome (capital génétique) d’une cellule banale d’une brebis adulte. Le «père» de Dolly, le docteur I. Wilmut, et son équipe de chercheurs écossais nous ont appris son existence en février 1997, dans la revue «Nature». Depuis, Dolly est devenue une star internationale, à laquelle se...