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Actualités - OPINION

Carnet de route Pas d'uniforme pour les anachoretes

«Foutez-les de bleu, foutez-les de blanc, ils foutront toujours le camp». Cette phrase, attribuée à l’état-major français lors d’une discussion sur les uniformes alliés, à la veille de la grande guerre, et visant, bien entendu, les Italiens, boucs émissaires de l’Europe du Nord, les Frères musulmans pourraient la reprendre à leur compte à l’égard des Coptes d’Egypte, qu’ils souhaitent mettre au ban des forces armées («Al-Ahram Weekly», repris par les agences de presse internationales). Xénophobie contre sectarisme, le résultat est à peu près le même. Les Coptes, avec la démographie égyptienne (à qui personne n’en demande tant...) ont fini par atteindre un nombre impressionnant. On les agresse, on leur brûle leurs lieux de culte, et, dernier outrage, on leur refuse l’honneur de défendre la nation. Qu’il y ait des Coptes antipathiques à force de remâcher leur syndrome minoritaire comme, en dehors de la vallée du Nil, des maronites, des orthodoxes, des melkites, des druzes et des Arméniens, qui dira le contraire? Mais vouer les Coptes au déshonneur par principe, laisser entendre qu’ils seraient une cinquième colonne, qu’ils n’ont pas de patrie, eux les héritiers des anachorètes? Evidemment, hors d’Egypte, on connaît d’abord les plus célèbres d’entre eux, comme Boutros Boutros-Ghali, dont le père fut assassiné pour avoir péché par nationalisme, et qui représente brillamment son pays quelles que soient ses fonctions; Makram Obeid, qui lutta aux côtés de Saad Zaghloul pour l’indépendance de l’Egypte; le grand poète qu’était George Henein. Mais croyez-vous que le petit professeur copte qui enseigne l’arabe à Paris, dans des écoles de langues, pour poursuivre ses études, se sent moins patriote parce qu’il voue une fidélité têtue au pape Chenouda? Je ne cite que des propos venant d’un parti extrémiste, voire marginal? C’est pour essayer, «dans l’Orient compliqué» d’avoir des «idées claires». Question de vigilance.
Au Liban, il y a près de trente ans, un éditorialiste saluait l’institution du «service du drapeau» en des termes vibrants. C’était Marwan Hamadé, druze et donc minoritaire.

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J’ai vu dimanche dernier pour la première fois une émission de Maggy Farah, «Al haki maa’l nass» (invité Michel Murr). Elle est très «pro», Maggy Farah. Quand donc, à ce propos, écrira-t-on un livre (et surtout pas une thèse) sur les femmes libanaises, remarquables dans leur émancipation intellectuelle et dans leur profession. Généralisation? On verra que non, et je parie gagnante, j’en suis sûre. Féministes, à vos stylos.

Amal NACCACHE
«Foutez-les de bleu, foutez-les de blanc, ils foutront toujours le camp». Cette phrase, attribuée à l’état-major français lors d’une discussion sur les uniformes alliés, à la veille de la grande guerre, et visant, bien entendu, les Italiens, boucs émissaires de l’Europe du Nord, les Frères musulmans pourraient la reprendre à leur compte à l’égard des Coptes...