Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Rallonge de huit mois : la chambre se dit surprise...

Le président Nabih Berry a échangé ses impressions hier sur les résultats du Conseil des ministres de la veille avec les députés qu’il reçoit régulièrement les mercredis à son bureau. Le chef du Législatif s’est dit surpris par le projet gouvernemental de proroger de huit mois le mandat de la Chambre afin de ne pas compromettre la saison touristique de l’été 2000. A l’en croire il n’aurait pas été consulté, ce qui paraît étrange puisqu’il est le premier concerné par la question en tant que représentant des représentants du peuple... Et d’ajouter devant ses collègues qu’il a «définitivement enterré la troïka, posant une pierre sur sa dalle tombale...» afin qu’elle ne puisse plus s’en échapper et répétant qu’il est surpris par un projet dont on ne lui a rien dit...
Par contre, au sujet des nominations administratives, M. Berry indique qu’on en discutait depuis un certain temps déjà et qu’un accord avait été finalement conclu... S’avisant qu’on pourrait relever quelque contradiction dans ses propos successifs, il a affirmé, toujours en substance, qu’on ne peut pas assimiler cet accord «à un bazar au sein de la troïka, même si la presse tente de le faire accroire...» Des proches de M. Berry, qui ne se montrent pas plus précis dans leur réfutation, s’étonnent, disent-ils, «que la presse présente les choses comme s’il y avait eu un troc, un partage entre les présidents, l’Exécutif obtenant les nominations et le Législatif la prorogation de son mandat...».
Des parlementaires critiquent de leur côté «le gouvernement pour une tentative artificielle de rapprochement avec la Chambre, via le cadeau des huit mois, le but étant de faire adopter plus facilement tel ou tel projet contesté». Mais cette contestation ne va pas jusqu’à rappeler l’anticonstitutionnalité du projet gouvernemental, élément que seul relève un opposant de l’Est qui a assez bonne mémoire pour se souvenir de l’arrêt dirimant rendu à ce sujet l’été dernier par le Conseil constitutionnel... Il y a cependant des députés assez sûrs de leur carrière pour souligner qu’ils n’ont rien demandé et qu’ils ne sont redevables de rien au gouvernement. Ainsi M. Talal Merhabi, député depuis 1972 (Akkar, Nord), déclare que «ces huit mois ne nous avancent en rien: celui qui n’a pas su assumer ses responsabilités de député pendant 4 ans, ne sera pas plus efficient pendant ce sursis». Et de souligner qu’à son avis, le gouvernement veut montrer patte de velours pour faire approuver, en même temps que la prorogation, quelques projets qui lui tiennent à cœur et devant lesquels l’Assemblée renâclait.
Un opposant se demande pour sa part si «l’Exécutif n’a pas voulu «récompenser» les députés pour avoir docilement accepté le report des municipales...».
Un fait qui est désormais accompli, à preuve que selon une source loyaliste, «pour respecter les formes, le ministre de l’Intérieur va adresser au Parlement une note le priant de ne pas inscrire à son ordre du jour le projet de loi sur les élections municipales, parce que le gouvernement compte lui soumettre une nouvelle version prenant en considération les remarques faites par les députés au cours des débats consacrés à cette question».
Les députés, on le sait, font à de telles avances bon accueil car ils ne sont plus pressés pour les municipales. Ainsi le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, indique que les circonstances ne sont sans doute pas propices, que le gouvernement semble n’être pas prêt, et qu’il subsiste dans les textes de multiples failles qu’il faut d’abord réparer.
Toujours est-il que M. Berry répète à qui veut l’entendre qu’il ne se sent pas particulièrement touché par ce qui s’est passé en Conseil des ministres et qu’il ne se rendra pas pour autant à Baabda. Où d’ailleurs, répondent les hraouistes, on ne brûle pas d’impatience de le voir débarquer.

Ph.A.-A.
Le président Nabih Berry a échangé ses impressions hier sur les résultats du Conseil des ministres de la veille avec les députés qu’il reçoit régulièrement les mercredis à son bureau. Le chef du Législatif s’est dit surpris par le projet gouvernemental de proroger de huit mois le mandat de la Chambre afin de ne pas compromettre la saison touristique de l’été 2000. A...