Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

La tension recommence à monter en Turquie Les militaires décideraient demain du sort du gouvernement Erbakan

La tension recommence à monter dangereusement en Turquie entre le gouvernement de l’islamiste Necmettin Erbakan et l’armée. Certains commentateurs n’hésitent pas à affirmer que les jours du Cabinet sont désormais comptés. Pour l’heure, le ministère demeure paralysé et ses membres semblent surtout soucieux de se maintenir au pouvoir. A quelques heures d’une réunion du tout-puissant Conseil national de sécurité (MGK), un ministre a pris une décision qui peut s’avérer lourde de conséquences: il a ordonné une enquête contre un général.
Le général Osman Ozbek, commandant de la gendarmerie de la région Est, avait accusé la semaine dernière les islamistes de tenter de détruire le régime laïc turc, dont l’armée se considère comme la gardienne; il avait de plus critiqué M. Erbakan pour ses liens avec l’administration d’Arabie Séoudite. La riposte est venue jeudi du ministre de la Justice Sevket Kazan, qui a déclaré: «J’ai ordonné une enquête contre le général Ozbek, car ses propos contenaient des insultes». Le ministre est un des «durs» du Parti de la prospérité (Refah) du chef du gouvernement.

«En exploitant la démocratie», le Refah «tente de s’emparer du pouvoir pour se livrer à la répression, même en coupant des têtes comme en Algérie», avait dit à Artvin (Est) le général Ozbek, ajoutant: «Je les combattrai (les islamistes) comme j’ai combattu le PKK» (Parti des travailleurs du Kurdistan, séparatiste).
Il réagissait à une pièce de théâtre jouée par une troupe islamiste dans une province de l’Est, dans laquelle l’armée, qualifiée d’«athée», était présentée comme «l’ennemie du peuple» et la nation appelée à «se révolter contre elle».

Paralysie

Le général avait également critiqué M. Erbakan pour avoir fait un pèlerinage à La Mecque pour la 25e fois, à l’invitation du roi Fahd d’Arabie Séoudite.
«Aucun homme digne n’accepterait une invitation de ce roi», avait dit le général.

«Ses propos contiennent des insultes caractérisées contre le premier ministre et le chef de l’Etat d’un autre pays», a dit M. Kazan, précisant que le procureur d’Artvin préparerait un rapport sur l’affaire.

Plusieurs députés du Refah avaient vivement réagi aux propos du général Ozbek, demandant qu’il soit destitué, mais il avait reçu le soutien de l’armée, du président Suleyman Demirel et des chefs de l’opposition.
«Cette décision d’ordonner des poursuites contre le général Ozbek indique que les amis de M. Erbakan ont préféré aggraver la confrontation avec l’armée», a déclaré un diplomate occidental, ajoutant: «Cette confrontation pourrait mener à la fin de ce gouvernement».
Tout, semble-t-il, doit se jouer demain samedi, avec une nouvelle réunion du Conseil national de sécurité (MGK), organe tout-puissant, dominé par les militaires, qui avait dicté fin février au gouvernement une série de mesures strictes pour mettre fin à la subversion islamiste dans le pays.
Mme Tansu Ciller, ministre des Affaires étrangères et membre du Parti de la juste voie (seconde composante de la coalition au pouvoir, avec le Refah), est en faveur de l’application des mesures antifondamentalistes édictées par le MGK et s’apprêterait à rompre avec ses alliés actuels, selon les quotidiens libéraux «Yeni Yuzyil» et «Radikal».
Un éditorialiste du journal «Sabah» estime de son côté que Mme Ciller «a déjà mis fin, dans son esprit, à la coalition et est à la recherche d’autres formules de gouvernement».
Selon «Cumhuriyet» (centre-gauche), un groupe de députés du Refah souhaiterait que leur parti quitte le pouvoir pour éviter «un coup d’Etat militaire».
La tension entre l’armée et les islamistes a suscité la crainte d’un coup, mais les hauts responsables de l’armée ont exclu une telle possibilité, tout en exprimant publiquement le désir de mettre fin à cette coalition. L’armée a fait trois coups d’Etat au cours des 37 dernières années.
Depuis les mesures ordonnées en février par le MGK, le gouvernement est devenu inopérant. Il n’a pris en deux mois aucune décision importante, passant son temps à discuter de la faisabilité des mesures dictées par le MGK, notamment d’une réforme de l’enseignement qui diminuerait le nombre des élèves de certaines écoles religieuses sur lesquelles compte le Refah pour recruter des adeptes.
La réticence du Refah à appliquer ces mesures a suscité la réaction de plusieurs députés du DYP, dont les ministres de la Santé et de l’Industrie qui veulent la fin de la coalition, ainsi que d’un vice-président du Refah, Aydin Menderes.
Ce dernier a conseillé mardi à M. Erbakan de démissionner pour éviter d’aggraver la tension qui ne cesse de monter entre les islamistes et l’armée.
De son côté, le président Demirel a appelé mardi à des élections législatives anticipées.
Selon la grande presse de jeudi, la coalition «est déjà finie» et «il y aura un nouveau gouvernement en mai».

(Reuter, AFP)
La tension recommence à monter dangereusement en Turquie entre le gouvernement de l’islamiste Necmettin Erbakan et l’armée. Certains commentateurs n’hésitent pas à affirmer que les jours du Cabinet sont désormais comptés. Pour l’heure, le ministère demeure paralysé et ses membres semblent surtout soucieux de se maintenir au pouvoir. A quelques heures d’une réunion du...