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Actualités - ANALYSE

Processus de paix Tout dépend désormais des initiatives US et européenne

L’ancien ambassadeur M. Fouad Turk estime que les défis lancés aujourd’hui par Israël au monde arabe sont les mêmes que par le passé et resteront peut-être les mêmes à l’avenir.
Bien qu’engagé dans un processus de paix, Israël continue de refuser — comme il l’a toujours fait — de mettre en application les résolutions du Conseil de Sécurité, souligne M. Turk qui relève également qu’Israël ne s’est point retiré totalement des territoires arabes occupés, il ne respecte en aucune façon ses engagements aux principes de la conférence de Madrid, il refuse de modifier sa politique à l’égard de Jérusalem qu’il persiste à présenter comme sa capitale éternelle, il ne cesse de construire des colonies de peuplement, il s’oppose à la création d’un Etat palestinien et il demeure attaché à son rêve d’un Grand Israël.

Division des rangs arabes

Israël, poursuit M. Turk, tire sa force de la division des rangs arabes car, sinon, comment pourrait-on imaginer qu’un Etat artificiel de 4 millions d’habitants puisse défier comme il le fait 23 Etats groupant environ 175 millions d’âmes. Et même si l’on argue du fait qu’Israël bénéficie de l’appui des Etats-Unis, on ne peut que se demander pourquoi les Etats-Unis n’appuieraient-ils pas les Arabes avec lesquels ils ont pourtant des intérêts vitaux et pourquoi les Arabes n’auraient-ils pas, tout comme Israël, une influence quelconque sur l’administration US.
Il reste, ajoute M. Turk, que selon un rapport de l’UNESCO, Israël occupe, après le Japon, la deuxième place parmi les pays producteurs de «cerveaux». Les taux de production de «cerveaux» s’élèvent ainsi, selon l’UNESCO, à 4,1 pour mille au Japon, 3,8 pour mille en Israël, 3,7 pour mille aux Etats-Unis, 2,3 pour mille au Canada et 2 pour mille en Europe. Il n’est donc pas étonnant qu’un nombre important de juifs occupe des postes de premier choix aux Etats-Unis et peut donc influencer les décisions de l’administration US.

Absence de solidarité

Ainsi donc, poursuit M. Turk, si l’on prend en ligne de compte le fait qu’en Israël, la qualité l’emporte sur la quantité et si l’on ajoute à cela l’absence de toute solidarité arabe, l’inquiétude sur leur propre sort de certains régimes arabes, le manque d’efficacité de la Ligue arabe et la difficulté de réunir des sommets arabes susceptibles d’aboutir à des décisions radicales, il devient acquis qu’Israël peut se permettre d’agir comme il le fait.
Mais jusqu’à quand Israël qui a réussi à faire échouer le processus engagé à Madrid pourra-t-il continuer sur sa lancée? Car, en ce faisant, Israël ne défie pas uniquement le monde arabe mais également la communauté internationale. De plus, il serait bon de s’interroger sur la question de savoir jusqu’à quel point les Arabes sont vraiment dans l’incapacité de déclarer la guerre à Israël et de continuer à vivre dans cette situation de ni guerre ni paix qui perpétue l’occupation du Golan et d’une partie du Liban-Sud et de la Békaa-Ouest et la non-application des résolutions du Conseil de Sécurité comme la 242 adoptée en 67, la 338 en 73 et la 425 en 78.

Capacité de renflouer
le processus de paix

Depuis 78, le Liban n’a cessé d’œuvrer pour l’application de la 425 indépendamment d’une solution régionale globale, c’est-à-dire indépendamment de la 242 adoptée après la guerre du 5 juin à laquelle il n’avait pas lui-même participé et indépendamment de la 338 adoptée après la guerre d’octobre 73 à laquelle il n’avait pas non plus pris part. Il reste que la paix entre le Liban et Israël est aujourd’hui tributaire d’un règlement juste et global du conflit israélo-arabe impliquant forcément les volets unifiés syrien et libanais.
Selon M. Turk, le Liban se trouve donc à une croisée de chemins. Et tout va donc dépendre de la capacité des Etats-Unis et de l’Europe de renflouer le processus de paix en vue d’une paix juste et globale.
Si les USA et l’Europe échouent en cela, il deviendra impossible de prévoir ce qui pourrait survenir. Car Israël pourrait alors reprendre, malgré l’opposition US à ce projet, l’exécution de son plan visant à diviser la région en mini-Etats confessionnels et racistes pour ne pas rester le seul Etat raciste de la région.

E.K.
L’ancien ambassadeur M. Fouad Turk estime que les défis lancés aujourd’hui par Israël au monde arabe sont les mêmes que par le passé et resteront peut-être les mêmes à l’avenir.Bien qu’engagé dans un processus de paix, Israël continue de refuser — comme il l’a toujours fait — de mettre en application les résolutions du Conseil de Sécurité, souligne M. Turk...