Plus inquiétant encore, une majorité d’électeurs (53%) déclarent avoir l’intention d’exprimer par leur vote leur «opposition» au président Chirac, contre 33% qui lui exprimeraient leur «soutien», selon un sondage de l’institut IPSOS réalisé vendredi et samedi.
Les élections législatives anticipées, qui, selon les chaînes de télévision privée TF1 et publique France 2, seront annoncées lundi à 18h00 GMT, devraient être organisées fin mai-début juin, selon les règles constitutionnelles. Elles devaient originellement être organisées en mars 1998, juste avant que l’Union européenne ne fixe la liste des participants à la monnaie unique.
La plupart des leaders conservateurs favorables à la dissolution escomptent que l’effet de surprise créé par l’accélération du calendrier électoral permettra de prendre de vitesse la gauche, et particulièrement les socialistes, dont le programme économique n’était jugé «réaliste» que par 19% des Français il y a un mois.
La majorité peut également espérer tirer avantage du récent durcissement de la législation sur l’immigration, un débat dans lequel la gauche s’était livrée à une valse hésitation mal comprise.
Une figure historique du gaullisme, le député Jacques Baumel, a quant à lui justifié dimanche des élections anticipées par le besoin de sortir d’un «climat malsain», et la nécessité d’une «légitimité forte» du pouvoir, notamment «face à l’Allemagne», dans les mois précédant les décisions sur la monnaie unique européenne, au printemps prochain, date originellement prévue des élections.
Un ancien membre du conseil de la politique monétaire de la Banque de France, Jean Boissonnat, a également justifié une éventuelle dissolution de l’Assemblée dans une perspective européenne. Elle permettrait au gouvernement de s’atteler à la réduction des déficits publics, nécessaire pour le passage à l’euro, sans se préoccuper du coût électoral de ce processus «douloureux financièrement et politiquement périlleux».
Mais l’ampleur d’un chômage touchant 3,1 millions de Français, la morosité d’un électorat désabusé à l’égard des partis traditionnels rendent incertain le résultat de ce pari.
Jospin: «Un
aveu d’échec»
Sans attendre l’ouverture officielle de la campagne, le leader de l’opposition socialiste, Lionel Jospin, a mis à profit une émission télévisée prévue d’avance pour présenter l’argumentaire qu’il entendait soumettre aux électeurs.
M. Jospin a dénoncé «l’aveu d’échec» que constitue l’accélération du calendrier électoral par le pouvoir conservateur, s’expliquant selon lui par le fait que «la situation économique va s’aggraver», que «le pouvoir a peur d’être rattrapé par les affaires», et qu’il se prépare à un «tour de vis» budgétaire.
M. Jospin s’est, quant à lui, opposé au respect «absolu» du critère du traité de
Maastricht imposant une limite de 3% du PIB aux déficits publics, «s’il faut imposer une nouvelle cure d’austérité au pays».
Laissant ouverte la question de la participation de ministres communistes à un gouvernement de gauche, réclamée par le secrétaire national du PCF Robert Hue, M. Jospin a estimé que les «conditions» qu’il entend poser à l’appartenance à l’euro pourraient permettre de rassembler l’ensemble de la gauche pour renverser le pouvoir actuel.
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