Depuis son arrivée au pouvoir en mai 1996, le premier ministre israélien s’est montré un partenaire récalcitrant. Les Etats-Unis ont été contraints de critiquer publiquement certaines de ses initiatives, dont la construction de nouveaux logements juifs à Jerusalem-Est qui avait provoqué la suspension des discussions avec l’Autorité palestinienne il y a un mois.
A sa dernière visite à Washington le 7 avril, le chef de la droite israélienne avait fait preuve d’une totale intransigeance. Il n’avait pas craint d’embarrasser Bill Clinton en affirmant que le président américain n’avait même pas fait pression sur lui.
M. Netanyahu n’a pas oublié que Bill Clinton avait soutenu jusqu’au bout ses adversaires travaillistes Yitzahk Rabin puis Shimon Pérès. Ceux-ci avaient travaillé main dans la main avec les Américains pour faire avancer la paix depuis la conférence de Madrid en 1991 et ils ont une chance de revenir au pouvoir en cas d’élections anticipées.
L’affaiblissement de M. Netanyahu est «une occasion en or (...) pour les Etats-Unis de faire pression» sur lui, estime Simona Sharoni, professeur à l’American University de Washington. «Ce coup d’arrêt pourrait le dissuader de prendre de nouvelles initiatives unilatérales envers les Palestiniens», ajoute-t-elle.
Le gouvernement américain refusait toujours jeudi de commenter officiellement le scandale. «C’est une affaire intérieure qui est entre les mains de la justice», a réaffirmé jeudi le porte-parole de la Maison-Blanche Michael McCurry.
Mais ils conviennent en privé que le «Bibigate» tombe mal, au moment où Washington cherche à préserver le processus de paix et aurait besoin d’un gouvernement israélien stable, capable de prendre des décisions impopulaires.
Le coordinateur américain pour le Proche-Orient, Dennis Ross a eu jeudi un second entretien avec M. Netanyahu. Après avoir rencontré mercredi soir le dirigeant palestinien Yasser Arafat, M. Ross avait qualifié sa mission de «difficile», confirmant ainsi que les deux parties restent sur des positions irréconciliables.
Israël exige des Palestiniens des efforts accrus contre le terrorisme avant de reprendre le dialogue, alors que Yasser Arafat pose comme condition préalable l’arrêt de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens.
Les Etats-Unis «continueront de faire de leur mieux pour faire avancer le processus de paix» et M. Ross poursuit ses contacts dans la région, s’est borné à indiquer Michael McCurry.
Selon la radio israélienne, M. Ross est profondément découragé par les conséquences qu’aurait une mise en accusation de M. Netanyahu, accusé par la police israélienne d’abus de confiance et de fraude.
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