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Actualités - ANALYSE

Amorce de décrispation sur la scène politique locale

Lentement, — mais sûrement — le conseil syrien de retenue fait son effet: la crise suscitée par le report des municipales est en train de se résorber petit à petit. Le chef de l’Etat renonce apparemment à mener campagne pour un changement ou un remaniement ministériel. Parallèlement, le problème des élections syndicales, qui avait au départ des allures de forte tumeur, se dégonfle progressivement, la décrispation globale étant recommandée encore une fois au titre des impératifs régionaux.
Les nuages se dissipent entre le chef de l’Etat et le président du Conseil et l’on s’attend qu’il en aille bientôt de même sur le front Baabda-Ayn el-Tineh. Un esprit de coopération va sans doute régner entre les trois présidents, comme dans le bon vieux temps, à cette nuance près que les concertations seraient désormais bilatérales et ne se feraient plus à trois, par simple pudeur, pour que l’opinion ne s’écrie pas: «Tiens, revoilà la troïka».
En effet, on pense chez les loyalistes de toutes tendances que les trois présidents sont maintenant conscients des lourdes responsabilités qu’il faut assumer dans la délicate phase régionale qui s’annonce, que le processus se débloque ou non. La solidarité entre dirigeants devrait donc s’exprimer à l’occasion de la visite du pape, qu’ils devraient accueillir ensemble, comme l’ont fait avant eux les présidents de la Serbie, de la Croatie et de la Bosnie malgré tout le sang qui les sépare. Certes le président Nabih Berry laisse entendre qu’en se rendant le 10 mai à Baabda, il ira à la rencontre du souverain pontife et non du président Hraoui... Mais il est à peu près certain que la rencontre sera une occasion de briser la glace et de mettre fin à la bouderie du chef du Législatif, que le palais présidentiel n’a plus vu depuis début janvier.

Berry prudent

Les observateurs notent d’ailleurs que le président Berry choisit désormais avec soin ses termes quand il évoque Baabda, en évitant tout ce qui peut ressembler à une attaque frontale. Ainsi, interrogé sur la possibilité d’un nouveau renouvellement du mandat présidentiel, il a répondu en pesant ses mots: «Cette question n’est pas présentement à l’ordre du jour. Il est trop tôt pour en parler...». La prudence extrême du pronostic s’explique par le précédent de 1995: à l’époque M. Berry était parti impulsivement en campagne contre le «tajdid», pour s’apercevoir finalement qu’il avait fait le mauvais choix tactique, les décideurs étant pour... En fait la majorité des députés étaient alors tombés exactement dans le même panneau et après avoir tonitrué contre le renouvellement avaient dû le voter à main levée. Encore mieux: le principal intéressé lui-même, M. Elias Hraoui, avait commencé par proclamer que sachant bien lire l’Histoire, il ne commettrait pas l’erreur des prédécesseurs qui avaient rêvé de rester plus longtemps que prévu. Mais comme on ne peut rien refuser à l’aimable pression des frères, tout le monde s’était laissé faire douce violence et la reconduction dont personne ne voulait est devenue réalité.
Cela étant, dans la perspective d’une confirmation d’un retour à la normale au niveau des relations interprésidentielles, on commence à discuter effectivement dans les cercles politiques de l’éventualité d’un nouveau renouvellement, l’an prochain, du mandat du président Elias Hraoui. Pour extraordinaire que semble cette hypothèse, elle obéit, dit-on à Beyrouth, à une logique de statu quo qui découle de la stagnation régionale et qui fait qu’on est en train de tout proroger dont, localement, l’existence d’un Cabinet qui en des temps ordinaires aurait sauté depuis longtemps.
Un ministre proche du président Hraoui se dit, «au niveau du principe général, contre la reconduction, celle qui s’est produite comme celle qui serait envisagée».
«Mais en même temps je me demande, ajoute cette personnalité qui sait visiblement ce qu’elle veut, ce qui a changé sur le plan régional ou local depuis le renouvellement du mandat de M. Hraoui. Les circonstances qui ont imposé cette reconduction ne restent-elles pas les mêmes et ne vont-elles pas encore une fois nécessiter une nouvelle prorogation?»
On peut en discuter à perte de vue mais cela serait inutile: le moment venu le «mot de passe» ou «d’impasse» sera donné à qui de droit.
Pour ne rien changer...

E.K.
Lentement, — mais sûrement — le conseil syrien de retenue fait son effet: la crise suscitée par le report des municipales est en train de se résorber petit à petit. Le chef de l’Etat renonce apparemment à mener campagne pour un changement ou un remaniement ministériel. Parallèlement, le problème des élections syndicales, qui avait au départ des allures de forte tumeur,...