Colloque sur le risque à l'Université du Saint-Esprit

Un colloque international sur le thème du «risque» s’est ouvert jeudi à la faculté de droit de l’Université du Saint-Esprit (Jbeil). La Société de législation comparée, la Fédération des assurances françaises et, bien entendu, l’Ordre des avocats de Beyrouth, figurent parmi les organisateurs de cette manifestation. Etaient présentes des personnalités juridiques et médicales françaises et une pléiade de juristes français et libanais de renom. Au nombre des intervenants, M. Georges Flécheux, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats à la Cour de Paris, et M. Jean Langlois, vice-président de l’Ordre national des médecins de France. Inaugurant le colloque, le ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, a insisté sur le cadre général dans lequel s’insère le colloque, celui de la «francophonie juridique».
«(...) Domaine du droit, la France et le Liban se nourrissent d’une tradition commune, a notamment déclaré le ministre. La pensée des juristes de l’Ecole romaine de Béryte qui s’est développée à Beyrouth à partir du IIIe siècle, a traversé la mer pour marquer progressivement les juristes des pays d’Occident. Les échanges entre les deux rives de la Méditerranée devaient se poursuivre, tout au long des âges, sans sacrifier pour autant le caractère propre et les originalités de chaque pays.
«Ces échanges dans les domaines du droit et de la justice présentent aujourd’hui un nouveau relief. Ils s’inscrivent dans un monde en pleine mutation dont les populations aspirent à plus de dignité, de sécurité et de démocratie. La prise en considération par les Etats de ces aspirations constitue la condition de la stabilité de l’ordre international, menacée par les diverses formes d’agression, de conflit et de violence (...)
«Je voudrais, en cette séance inaugurale, saluer la présence des juristes français qui participent à ce congrès, et leur souhaiter la bienvenue. Je voudrais leur répéter ce que j’avais dit à M. Jacques Toubon, Garde des Sceaux, lors de sa visite l’an dernier, que le droit doit demeurer le terrain essentiel et privilégié du développement des relations entre la France et le Liban. Le droit est lui-même l’expression d’une culture que nos deux pays ont en partage et dont les valeurs, aujourd’hui, doivent être, de plus en plus, affirmées et défendues».
Présentant le colloque, le P. Basile Basile, doyen de la faculté de droit de l’USEK, devait en définir les orientations.
Pour sa part, évoquant la notion de risque, le bâtonnier Flécheux devait déclarer:
(...) «Nous admirons d’abord votre volonté de conserver votre identité en vous adaptant aux contraintes de l’Histoire; quand vous courbez la tête, c’est pour mieux vous redresser (...)
«Aujourd’hui, nous avons choisi de réfléchir à la notion de «risque» qui caractérise la vie humaine; ce risque, c’est celui que nous avons tous vécu, nous et nos aïeux, sous forme de catastrophes naturelles: les tremblements de terre, les épidémies, les inondations. (...)
(...) «En effet, qui dit risque, dit gestion collective et dès lors, assurance mais l’assurance n’est que la collectivisation d’un risque mais quelle éthique que celle qui mesure la prise en charge du risque à la gravité du dommage occasionné. Quelle attitude morale devons-nous avoir face au risque? Il faudra beaucoup de comités d’éthique pour dominer ce problème et puis, irons-nous jamais au bout de la question? Car le risque final, majeur, inévacuable, c’est la mort. Souvenez-vous du mot de Blaise Pascal, les hommes ne pouvant pas supporter l’idée de la mort ont décidé de ne plus en parler. Il faut donc nous en «distraire».