Washington propose à Israël de geler la colonisation

Les Palestiniens jugent cependant la mesure insuffisante

Les Etats-Unis ont proposé hier à Israël de geler pendant au moins six mois la colonisation pour tenter de débloquer le processus de paix, mais les Palestiniens ont estimé qu’une telle mesure serait insuffisante. Selon la radio publique israélienne, l’émissaire américain Dennis Ross a présenté cette offre au cours d’une rencontre avec le premier ministre Benjamin Netanyahu, à l’issue d’une mission de médiation de trois jours au Proche-Orient.
«M. Ross a vérifié la possibilité que le gouvernement israélien décrète un gel pendant au moins six mois de la colonisation», a annoncé la radio, sans préciser la réponse de M. Netanyahu. Le porte-parole de M. Netanyahu, David Bar-Illan, s’est pour sa part refusé à confirmer ou à démentir la proposition américaine, affirmant «ne pas être au courant».

Du côté palestinien, le négociateur en chef Saëb Erakat a estimé que même si Israël acceptait cette offre, ce serait insuffisant pour relancer un processus de paix au point mort.

«Nous demandons un gel total de la colonisation», a-t-il déclaré, en estimant que «la colonisation et la paix sont inconciliables».

«Si M. Ross veut sauver le processus de paix, il doit obtenir d’Israël l’abrogation des mesures unilatérales et l’arrêt de la colonisation à Jebel Abou Ghneim». La mise en chantier par Israël d’une colonie juive sur cette colline de Jérusalem-Est, il y a un mois, a entraîné un arrêt des négociations de paix.Selon M. Erakat, l’émissaire américain a suggéré au président palestinien Yasser Arafat d’accepter «la poursuite des travaux sur Jebel Abou Ghneim en contrepartie d’une application intégrale» par Israël des accords intérimaires d’autonomie.
«Nous avons catégoriquement rejeté cette suggestion», a-t-il dit, ajoutant que le médiateur américain avait «clairement compris qu’il était difficile de trouver un compromis entre la poursuite de la colonisation et une reprise des négociations».
M. Arafat exige l’arrêt de la colonisation comme condition préalable à une reprise des négociations avec Israël, lequel demande pour sa part des efforts accrus de la part des Palestiniens dans la lutte contre les extrémistes islamistes.

Un travail laborieux
et méthodique

Sur ce dernier dossier, M. Bar-Illan a adopté un ton plutôt positif. «Il y a eu un certain mouvement concernant la question de la sécurité», a-t-il affirmé.
Selon la radio publique, de hauts responsables des services de sécurité palestiniens et israéliens se sont rencontrés hier, en un lieu non précisé, en présence d’un représentant de l’agence de renseignements américaine CIA.
La nouvelle mission de M. Ross, qui repartait vendredi soir aux Etats-Unis, a été en partie éclipsée par l’annonce de l’implication de M. Netanyahu dans un scandale politique, ce qui risque de perturber la politique intérieure israélienne dans la période à venir.
Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry, les Etats-Unis continuent à jouer leur rôle «indépendamment de toute question intérieure à laquelle peuvent être confrontés les gouvernements dans la région ou l’une des parties».
«Cela demande un travail laborieux et méthodique pour que les parties restent engagées et continuent à discuter et à assumer leurs responsabilités et leurs différences», a-t-il souligné.
D’après la radio israélienne, M. Ross pourrait revenir au Proche-Orient après la fin de la semaine de la Pâque juive, le 28 avril.