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Actualités - ANALYSE

Baabda-Ain El Tineh : retrouvailles reporters

Détrompant toutes les prévisions M. Nabih Berry, retour de Qatar, n’a pas rendu visite au président Hraoui pour lui remettre le message traditionnel de l’émir, ou pour exprimer ses remerciements pour le télégramme de condoléances que le chef de l’Etat lui avait adressé à la suite du décès de son oncle...
A cette occasion justement M. Berry avait reçu une délégation syrienne de haut niveau (comprenant les généraux Ibrahim Safi et Ghazi Kanaan) qui, affirment des sources gouvernementales, «avait évoqué avec le président de la Chambre la question de ses relations avec M. Hraoui pour souhaiter leur prompte normalisation et la reprise des rencontres régulières entre dirigeants libanais... A partir de là on pensait que M. Berry saisirait la première occasion pour se rendre à Baabda» ajoutent ces ministres qui s’avouent «très surpris qu’il prenne ainsi son temps». A en croire ces mêmes loyalistes «les Syriens ont rappelé à M. Berry qu’il s’était fait naguère le chantre de l’Etat des institutions et que s’il veut être conséquent avec lui-même il doit respecter l’esprit autant que la lettre de cette formule qui implique une nécessaire coopération, une concertation permanente entre les pouvoirs par présidents interposés. Les Syriens ont donc insisté sur le souhait de Damas de voir M. Berry reprendre le chemin de Baabda, soulignant qu’aucun conflit, aucune divergence de vues ne doit aboutir à une rupture de contacts entre pouvoirs qui deviennent au contraire encore plus nécessaires en pareil cas».
Cependant des sources proches de M. Berry lui-même indiquent que pendant cette rencontre «le président de la chambre a explicité assez longuement son point de vue. Il a repris l’analyse critique qui l’a conduite à dénoncer le système de la troïka. Puis il a énuméré une liste de reproches que lui inspire globalement l’Exécutif. Au sujet de M. Hraoui, M. Berry a affirmé qu’au lieu d’assumer un rôle de juge impartial se plaçant au-dessus de la mêlée, le président se pose en partie, adopte des positions et présente des demandes qui lui sont propres, quand il n’apporte pas son soutien au gouvernement dans ses différends avec la Chambre».
Un élément qui n’est plus vrai depuis le renversement d’alliances... Mais les sources proches de M. Berry reprennent en soutenant qu’en tout cas «jamais, malgré toutes les remarques qu’on a pu faire, Baabda n’a tenté d’assumer un rôle d’arbitre neutre et de catalyseur des institutions. Ainsi, malgré l’empiètement flagrant que cela représente sur le plan institutionnel, le président Hraoui s’obstine à vouloir faire passer des amendements constitutionnels auxquels ni le gouvernement ni la chambre n’ont songé. Tant qu’il en va de la sorte, M. Berry ne voit aucune utilité à se rendre à Baabda, geste qui serait trompeur en l’état actuel des choses. Pour que la reprise du dialogue puisse se faire, il faut que certaines conditions préalables soient remplies et il faut en tout premier lieu que M. Hraoui renonce à ces amendements. Nous serions nous-mêmes très surpris si notre chef, qui ne nous a quand même pas mis dans la confidence, se rendait sous peu à Baabda...» indiquent ces sources.
D’autres proches de M. Berry affirment pour leur part, en contredisant le témoignage précédent et en citant des propos tenus par l’intéressé lui-même, qu’il «est faux de croire que le président de la Chambre pose comme condition préalable le gel de la question des amendements constitutionnels. C’est là un détail sans grande importance pratique, car la révision a en tout cas peu de chance de passer en conseil des ministres ou au Parlement. Ce que veut M. Berry, c’est une correction fondamentale de trajectoire au niveau du fonctionnement des institutions et du comportement des dirigeants. Ainsi pour les amendements, il aurait fallu que M. Hraoui, avant de rendre ses intentions publiques, en débatte avec le président de la Chambre et avec le chef du gouvernement, surtout que la Constitution n’est pas une loi ordinaire...». Et de conclure en affirmant que les décideurs, contrairement à ce que certains veulent faire croire, ne soutiennent pas l’Exécutif et ne prennent pas position dans le conflit entre dirigeants.
Reste à savoir si M. Berry se rendra à Baabda le 10 mai pour la réception en l’honneur du pape... Ou, plus exactement, reste à savoir s’il y sera invité. Car d’une part la tendance dominante aujourd’hui est de considérer la visite papale comme une démarche uniquement apostolique et non comme une visite d’Etat, donc de laisser de côté les officiels; et d’autre part Baabda n’a pas oublié que pour son Iftar M. Berry lui avait fait faux bond...

Ph. A.-A.
Détrompant toutes les prévisions M. Nabih Berry, retour de Qatar, n’a pas rendu visite au président Hraoui pour lui remettre le message traditionnel de l’émir, ou pour exprimer ses remerciements pour le télégramme de condoléances que le chef de l’Etat lui avait adressé à la suite du décès de son oncle...A cette occasion justement M. Berry avait reçu une délégation...