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Actualités - ANALYSE

Jean-Paul II à Beyrouth : aussi bien qu'à Sarajevo ?

A Beyrouth, les officiels, mais aussi diverses fractions politiques, se frottent les mains après l’extraordinaire succès de la visite de Jean-Paul II à Sarajevo, en estimant que «son passage chez nous le 10 mai prochain devra avoir le même retentissement mondial...». Un leader souligne ainsi que «de la rencontre du Saint-Père avec la terre libanaise peuvent naître de nouvelles lignes de force positives pour ce pays. En fait, nos présentes difficultés intérieures, socio-économiques ou politiques, ainsi que la crise aiguë que traverse la région du Proche-Orient rendent la visite papale encore plus importante».
Cette source s’étonne dès lors qu’on ait «limité le programme de la visite pontificale au volet ecclésial, en gommant l’aspect visite de chef d’Etat et par voie de conséquence, en lui ôtant toute portée politique. On peut se poser des questions sur les raisons... politiques qui sont derrière cette dépolitisation».
«Mais on aura beau faire, assure cette personnalité, on ne peut obliger ni les Libanais ni l’opinion mondiale à assimiler un tel événement à une simple visite «technique», si on nous pardonne le terme, d’un prélat à son diocèse. C’est au Liban, pays politique par essence, que le pape vient et ni les décideurs ni les autorités ni la Curie romaine ne peuvent rien y changer».
En réalité, paradoxe courant, beaucoup de radicaux du camp de l’est préfèrent que la démarche du souverain pontife reste cantonnée au domaine spirituel, car ils n’oublient pas qu’en 96, à l’instar de la France et des USA, le Vatican avait recommandé une participation massive aux élections législatives en conseillant sans ambages aux chrétiens de se rallier à la présente République et donc au système en place.

Événement historique

Quoi qu’il en soit, le patriarche Sfeir relève devant ses visiteurs l’importance de la visite du Saint-Père et invite les Libanais à considérer l’impact qu’elle peut avoir au dehors. Il souligne que le souverain pontife vient dans un pays qui a souffert de longues années de guerre, époque où les Libanais se trouvaient soumis aux pires tourments, ce qui ne leur en donne que plus d’intérêt aux yeux du Saint-Père, qui tient donc à leur exprimer personnellement sa sollicitude. Et par là, de redonner au Liban un rôle-pilote dans la région comme à l’étranger en tant que modèle de coexistence, voire de nation portant un message de concorde pour le monde entier.
Le patriarche Sfeir, toujours selon ses visiteurs, rejette toute discussion sur le programme de la visite papale, en rappelant que cette question ne peut obéir qu’à la volonté du Saint-Père, devant laquelle il faut s’incliner. Il ajoute en substance que l’essentiel, c’est de savoir tirer profit de la présence du Saint-Père «au Liban, parmi nous, sans s’arrêter aux détails, car une telle visite garde avant tout pour but de redonner l’espérance aux âmes, de confirmer l’attachement aux constantes comme aux principes qui fondent une nation respectant sa Constitution et ses lois».
Une autre personnalité croit pouvoir indiquer pour sa part que «jamais le pape n’a visité un pays pour y consacrer un statu quo pernicieux, mais au contraire pour y encourager un changement en vue du bien...». Et de regretter que «les hautes autorités libanaises, les trois présidents, ne pensent pas devoir accueillir le Saint-Père à l’aéroport... Quand le communisme régnait encore en Europe de l’Est, même ses dirigeants allaient saluer Jean-Paul II quand il visitait leurs pays. De quoi ont-ils donc peur, que pensera-t-on d’eux après Sarajevo et comment peuvent-ils être absents alors que l’évènement est historique?».
Toujours est-il que nombre de ministres et de députés ont l’intention d’accueillir le Saint-Père à l’AIB et comptent demander au patriarche Sfeir de leur organiser à Bkerké une réunion préparatoire.
Ph.A.-A.
A Beyrouth, les officiels, mais aussi diverses fractions politiques, se frottent les mains après l’extraordinaire succès de la visite de Jean-Paul II à Sarajevo, en estimant que «son passage chez nous le 10 mai prochain devra avoir le même retentissement mondial...». Un leader souligne ainsi que «de la rencontre du Saint-Père avec la terre libanaise peuvent naître de...