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Actualités - CHRONOLOGIE

Au lendemain du scrutin contesté de Saïda La tension à son paroxysme avant l'élection du 24 avril à la CGTL

Les incidents qui ont marqué le dimanche syndical de Saïda illustrent parfaitement la sourde lutte qui oppose, depuis l’arrivée de M. Rafic Hariri au pouvoir, les autorités au monde syndical. Une lutte qui, avant-hier, a éclaté en plein jour .
Avec cet incident, le contentieux gouvernement-CGTL s’alourdit, et le monde syndical lui-même se trouve un peu plus divisé. Déclaré valide, le résultat du scrution a été rejeté par le conseil exécutif de la CGTL, qui a appelé à un mouvement de protestation à partir d’aujourd’hui. La CGTL affirme en effet que le ministère du Travail a organisé le scrutin en dépit d’une lettre officielle émanant du conseil exécutif de la fédération, qui en réclamait le report. Pour sa part, le ministère affirme que, dans les formes, la lettre n’était pas recevable, certains des signataires n’ayant plus qualité pour prendre pareille décision.
Mais au-delà du sort ponctuel de la fédération du sud, l’enjeu de cette épreuve de force, ce sont les élections au conseil exécutif de la CGTL, prévues pour le 24 avril, une date que le ministère du Travail a confirmée hier. D’évidence, il s’agit, pour les proches du président du Conseil, de «tomber» M. Elias Abou Rizk, président actuel de la CGTL.
Emu par les rapports qui lui sont parvenus, et qui font état d’infractions commises par les agents de l’ordre dans l’arrestation d’une trentaine de personnes, parmi lesquelles les responsables syndicaux et des journalistes, le chef de l’Etat a reçu hier le ministre du Travail, M. Assaad Hardane, à qui il a demandé un rapport circonstancié sur les incidents de dimanche, tandis qu’il réclamait du commandement des FSI une explication de ce qui s’est produit.Entre-temps, des mises au point sur ces incidents ont émané du ministère du Travail, du bureau du mohafez du Liban-Sud, M. Fayçal Sayegh, de la direction des FSI, et enfin de M. Walid Jouaydi, le président de la liste élue d’office à la tête de la fédération du Sud.
Le ministère du Travail a affirmé qu’en raison de l’expiration, en 1994, du mandat de l’actuel conseil exécutif de la fédération, et en prévision des élections du conseil exécutif de la CGTL, il a réclamé à plusieurs reprises l’organisation d’élections au sein des syndicats regroupés dans la fédération, puis au sein du conseil exécutif de la fédération elle-même.
Mais, a ajouté le communiqué, et certains syndicats et le conseil exécutif, ont refusé de se plier à cette décision.
Le ministère a quand même fixé au 13 avril la date de l’élection du nouveau conseil exécutif de la fédération après avoir demandé et obtenu l’organisation d’élections syndicales partielles dans plusieurs syndicats formant la fédération.
Pour sa part, la direction de la fédération du Sud, dont le président, M. Hassib Abdel Jawad, est décédé, cherchait à organiser cette élection le 11 mai. Les syndicats de cette fédération en conflit ouvert avec le ministère du Travail sont les suivants: secteur de la santé, mécaniciens, bâtiment, employés de banque et salariés du secteur commercial.

Enquête de l’Intérieur

Selon le ministère, le syndicat des employés du secteur commercial menant la contestation antigouvernementale avait, lors de l’organisation de ses propres élections, soumis au ministère une liste électorale truffée d’erreurs. Le ministère avait alors réclamé l’organisation de ces élections sur base d’une liste électorale corrigée, ce à quoi s’était opposé le syndicat.
Au sujet du déroulement des incidents, il ressort que les très vives discussions entre partisans et adversaires de l’organisation du scrutin ont abouti, vers 14 heures, à des altercations et à un coup de feu, qui ont rendu nécessaire l’intervention des forces de l’ordre. Parmi les personnalités présentes, M. Oussama Saad, frère de M. Moustapha Saad, à la tête d’un certain nombre de partisans de l’Organisation populaire nassérienne. Mais les forces de l’ordre ont fait le vide dans les locaux de la fédération, au lieu de mettre dehors les esprits un peu trop échauffés.
L’intervention des forces de l’ordre, a assuré M. Jouaydi, s’est produite alors que le scrutin avait déjà eu lieu, en présence de 35 des 68 délégués syndicaux formant le collège électoral, et après des tentatives de mettre la main sur l’urne et de la briser. Du reste, il apparaît que l’urne était là pour la forme, puisque seuls les 12 membres de la liste de M. Jouaydi avaient présenté leur candidature dans les formes et le délai légaux. Il apparaît donc que la «bataille» de dimanche se réduisait à assurer le quorum nécessaire, ou à en provoquer le défaut.
Pour sa part, la direction des FSI a assuré que les agents de l’ordre ont fait leur devoir, et ne sont intervenus qu’après avoir entendu un coup de feu. L’auteur de ce tir, qui est parvenu d’abord à s’esquiver, a ensuite été arrêté, affirme le communiqué. Le ministère de l’Intérieur, pour sa part, a ouvert une enquête pour «déterminer les responsabilités»... Mais les fils de l’écheveau des relations syndicats-Etat sont trop emmêlés pour espérer que ce sera fait avec diligence.
Les incidents qui ont marqué le dimanche syndical de Saïda illustrent parfaitement la sourde lutte qui oppose, depuis l’arrivée de M. Rafic Hariri au pouvoir, les autorités au monde syndical. Une lutte qui, avant-hier, a éclaté en plein jour .Avec cet incident, le contentieux gouvernement-CGTL s’alourdit, et le monde syndical lui-même se trouve un peu plus divisé. Déclaré...