Nasrallah : le report des municipales a provoqué une frustration nationale

L’Allemagne doit fournir des preuves de l’implication de Téhéran dans l’assassinat des opposants iraniens, déclare le chef du Hezbollah

«Les chrétiens n’ont plus le droit de parler de frustration dans ce pays, car le désenchantement est devenu une réalité nationale après le report des élections municipales». C’est en ces termes que le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a commenté la décision du gouvernement de retirer le projet de loi sur les municipales.
Le chef du Hezbollah a tenu hier une conférence de presse dans le cadre de la commémoration du premier anniversaire de l’agression israélienne d’avril 1996.
«Sous le prétexte du report des élections, le pouvoir politique a annulé le scrutin. C’est une grave erreur politique, nationale et historique», a-t-il dit en faisant assumer la responsabilité au gouvernement et au Parlement.
Sayyed Nasrallah a réaffirmé l’attachement de son parti à l’arrangement du 26 avril en dépit des violations israéliennes. «Notre but est de protéger les civils, a-t-il dit. Et tant que nous avons le sentiment que cet arrangement assure cette protection d’une manière acceptable, nous y tenons». Il a souligné à cet égard que c’est à l’Etat libanais que revient la tâche de veiller à la bonne application de cet accord qui a mis un terme à une offensive israélienne de deux semaines qui a fait 175 morts, des civils en grande majorité.
interrogé sur les risques de guerre dans la région, sayyed Nasrallah a déclaré: «Je ne m’attends pas à un retrait israélien (du Liban-Sud) de même que personne ne peut dire si une guerre est imminente. Notre politique est claire à ce sujet. Nous ne pouvons pas adresser aux Libanais un discours de guerre car nous n’avons pas des données et des informations suffisantes pour nous permettre d’assurer qu’une agression va se produire. C’est le gouvernement de l’ennemi qui décide de déclencher une guerre après avoir pris le feu vert de l’administration américaine. Nous devons cependant rester vigilants et rester sur nos gardes».
Sayyed Nasrallah a par ailleurs demandé à la justice allemande de prouver l’implication de Téhéran dans le quadruple meurtre d’opposants kurdes iraniens en 1992 à Berlin.
«Si elles n’apportent pas de preuves légales, cela voudra dire que leur verdict est politique», a déclaré sayyed Nasrallah lors de la conférence qu’il a donnée au siège du syndicat de la presse.
Un tribunal de Berlin a condamné jeudi un Iranien et trois Libanais à des peines allant de la réclusion criminelle à perpétuité à cinq ans et du trois mois de prison pour leur implication dans le meurtre de quatre opposants kurdes iraniens dans le restaurant berlinois «Mykonos». Le tribunal a estimé que de hauts dirigeants iraniens étaient impliqués dans cette affaire.
Une absence de preuves, «voudra dire que les autorités judiciaires allemandes se soumettent à la volonté des Etats-Unis, et donc que l’Union européenne va elle aussi s’agenouiller devant cette volonté américaine», a ajouté le responsable islamiste.
Le secrétaire général du Hezbollah a en outre démenti que les trois ressortissants libanais, condamnés dans cette affaire, soient liés à son parti.