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Actualités - CHRONOLOGIE

La page est définitivement tournée depuis un certain temps Zaïre : préssions euro-US accrues sur Mobutu (photo)

C’est la curée... Les pressions internationales se sont accentuées au cours des dernières heures pour porter le président zaïrois Mobutu Sese Seko à quitter le pouvoir, plusieurs pays européens emboîtant ainsi le pas aux Etats-Unis qui avaient lancé cette démarche. Dans le même temps, alors que le nouveau premier ministre se trouve face à tous les défis, le chef de la rébellion Laurent-Désiré Kabila a donné au chef de l’Etat «trois jours pour le contacter afin de négocier son départ».
Kabila a annoncé «un ralentissement des opérations militaires» durant ces trois jours, assurant avoir reçu «des indications de l’entourage» du chef de l’Etat concernant la possibilité d’«un départ en bon ordre» du maréchal Mobutu.
«Il peut le faire. S’il ne le fait pas, il sera le perdant. Il est fatigué, usé, mais il a peur. Il faut l’aider à se défaire de cette peur», a ajouté le chef rebelle, décontracté et souriant, lors d’une conférence de presse.
M. Kabila a souhaité que le chef de l’Etat, au pouvoir depuis plus de trois decennies, le contacte «directement». «On a bon espoir qu’avec les événements qui se précipitent, il va s’assagir», a-t-il estimé.
«L’armée ne lui obéit pas. Il y a des pressions extérieures, notamment des Etats-Unis. Tout le monde risque de lui tomber dessus», a-t-il lancé, fort de ses derniers succès militaires.
Ainsi, la Belgique, ancienne puissance coloniale du Zaïre, a souligné que «la page du mobutisme était définitivement tournée depuis un certain temps», tandis que la Grande-Bretagne affirmait «attendre du président Mobutu qu’il prenne des décisions en accord» avec les besoins de son pays.
La France, gênée par l’appui qu’elle apportait récemment encore au président Mobutu, s’est gardée de joindre sa voix à ce concert, mais a appelé à «une transition ordonnée et consensuelle» vers des élections.
Washington s’était prononcé mercredi pour une «transition» dans l’ordre, estimant que «le statu quo n’était plus tenable» au Zaïre, mais avait affirmé qu’il n’appelait pas à la démission ou au départ du président zaïrois.

Légalité contestée

Interrogé sur le maintien ou non du soutien français au maréchal Mobutu, un porte-parole du Quai d’Orsay a précisé que «la parole appartient au peuple zaïrois qui doit être appelé à se prononcer démocratiquement, par voie électorale, au terme de ce processus de transition». «Ce n’est pas à nous, à l’extérieur, de nous prononcer à cet égard, a-t-il ajouté. Le dernier mot doit appartenir aux électeurs».
PRESSIONS EURO-US SUR MOBUTU
Le nouveau premier ministre, le général Likulia Bolongo, nommé par M. Mobutu, avait exclu mercredi un départ du pouvoir du président Mobutu Sese Seko «avant les élections», dont il n’a pas précisé la date. Le premier ministre est confronté à de multiples défis politiques et militaires.
Le pays est en proie à une guerre de rébellion qui ne cesse de progresser et à des désordres politiques et institutionnels.
La légalité constitutionnelle du général Likulia est déjà contestée par l’opposition radicale proche d’Etienne Tshisekedi.
La nomination de ce dernier, qui ne sera resté premier ministre qu’une semaine, a été annulée par la même ordonnance présidentielle que celle qui a désigné le général Likulia à sa succession.
La procédure constitutionnelle a été entachée, une nouvelle fois, par le manque de respect de l’Acte constitutionnel, ne suivant pas les procédures ni de destitution du premier ministre, ni de nomination de son successeur.
Le général Likulia s’est toutefois affirmé comme premier ministre «légal» soulignant d’entrée, sous forme de mise en garde, qu’il ne tolèrerait pas qu’un citoyen «quel que soit son rang puisse violer impunément les lois de la République».
Au-delà de la querelle sur les «interprétations» de la constitution de transition, dont personne ne semble plus guère se préoccuper, il devra aussi surmonter le handicap que constituent son grade et son uniforme de général, dans un pays où l’armée a mauvaise presse après six mois de débandades, marquées de pillages, de vols et de viols, face aux rebelles de Kabila.
L’organisation des élections constitue un autre défi, nul n’imaginant comment elles pourront se dérouler dans un pays dont désormais plus du tiers du territoire est contrôlé par les rebelles.
Enfin, le nouveau premier ministre s’est lancé à lui-même un défi supplémentaire en affirmant que les priorités de son gouvernement porteraient sur «la pacification du pays, la poursuite des négociations (avec la rébellion) et la re-création des conditions pour le bon fonctionnement des institutions».
C’est la curée... Les pressions internationales se sont accentuées au cours des dernières heures pour porter le président zaïrois Mobutu Sese Seko à quitter le pouvoir, plusieurs pays européens emboîtant ainsi le pas aux Etats-Unis qui avaient lancé cette démarche. Dans le même temps, alors que le nouveau premier ministre se trouve face à tous les défis, le chef de la...