Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Inauguration hier du colloque "Mediacom 97" Les autoroutes de l'information passent désormais par Beyrouth .. (photo)

Le colloque «Med’iacom 97» — qui comprend aussi un salon — a inauguré ses travaux, hier matin, à l’hôtel Bristol en présence de M. Fawzi Hobeiche, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, Michel Guillou, directeur général de l’AUPELF, Louis Perrein, sénateur honoraire, président de l’IMCOM ainsi que de plusieurs députés et anciens ministres, d’ambassadeurs et de quelque 120 spécialistes des inforoutes venus du monde arabe, des pays méditerranéens et francophones. «Les autoroutes de l’information» sont, en effet, au centre de ce colloque organisé à l’initiative de l’AUPELF-UREF (Agence francophone pour l’enseignement supérieur et la recherche) et de l’IMCOM (Institut méditerranéen de la communication).
Les intervenants à la séance inaugurale ont défini les contours du colloque dont les tables rondes, qui se tiennent jusqu’à demain, vendredi, traitent du «défi» que constituent les autoroutes de l’information pour le monde arabe, la Méditerranée et la francophonie.
l Le ministre Hobeiche voit dans l’inforoute «un véritable tremblement de terre dans le monde de la communication et des échanges. (…) L’information est aujourd’hui diffusée comme l’air. Elle est l’oxygène des peuples». Il a rappelé la prophétie de Descartes: «la maîtrise du monde se fera par la raison humaine». Avant de mettre en garde contre les dangers de la technologie, interpellant les consciences afin que «ces moyens ne soient pas l’objet d’un mésusage». Attention au dérapage de l’information, a-t-il averti. «Il faut établir une éthique pour l’exercice des nouveaux métiers qui en découlent».
l M. Abdel Moneem Youssef, directeur général de l’exploitation des P&T, a souligné, quant à lui, l’ampleur de la révolution opérée par l’utilisateur de la «numérisation», «nouvel alphabet à deux caractères. Cette révolution, a-t-il dit, a touché trois domaines essentiels: l’informatique, l’audiovisuel et la télécommunication; elle est créatrice de valeur ajoutée et d’emploi». Pour preuve, M. Youssef a cité quelques chiffres: «1,2 million d’emplois créés dans le multimédia, soit une augmentation de 14% par an. En 1995, le secteur de la production d’information a enregistré un chiffre d’affaires de 600 milliards de dollars. En France, le rapport Breton a estimé que grâce au développement de ce nouveau secteur, 400.000 emplois seront créés d’ici à l’an 2005. Quant au chiffre d’affaires des télé-services, il se montera à 22 milliards de FF». M. Youssef a relevé que pour les pays arabes, «le défi réside moins dans la technologie que dans l’information elle-même. En terme de production d’informations on a encore beaucoup à faire. Il faut être actif et non passif». Il a conclu en soulignant que la Méditerranée doit «créer des grands projets, une bonne infrastructure des autoroutes de l’information. Mais également sauver cette exception qu’est la francophonie dans un océan d’anglophonie».

Un observatoire
régional à Beyrouth

l Le sénateur Louis Perrein a souligné, pour sa part, que «la Méditerranée est non seulement le berceau de la civilisation la plus avancée que l’humanité ait connue, mais elle est aussi l’un des tout premiers centres d’attraction culturels dans le monde». Quant au choix de Beyrouth, M. Perrein a expliqué que «cette ville martyrisée par plusieurs années de conflits donne l’exemple d’une nation, d’un peuple multiple qui reconstruit avec courage et détermination son avenir dans un environnement pourtant incertain. Elle prouve que le Liban, carrefour de toutes les cultures méditerranéennes, même si c’est à son corps défendant, est incontournable pour la paix au Moyen-Orient». Le sénateur français a souligné «l’inter-opérabilité entre les réseaux et les matériels. Mais il n’y a pas de normes universellement admises. Qui imposera les siennes dominera les marchés». D’où «les problèmes politiques, linguistiques et culturels que pose la révolution technologique de l’information». Mais également juridiques, «comment lutter contre le piratage des données informatiques, des images? Quelles protections pour la propriété intellectuelle, pour la vie privée?» Il a conclu en annonçant un scoop, «il faudrait créer un observatoire méditerranéen de la communication et de l’information dont le siège serait à Beyrouth».
l M. Ahmad Louayane, directeur du Bureau de développement des télécommunications à l’Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé d’abord deux réalisations essentielles: «l’Arabsat, une base sérieuse de diffusion de l’information dans la région; l’installation de câbles sous-marins de grande capacité qui constituent une bonne infrastructure pour les développements futurs». Il a souligné que dans la révolution technologique, les pays arabes ne sont pas en retard. Abordant le volet financier, M. Louayane a indiqué que la partie service, donc commerciale de ce secteur, échappe aujourd’hui à toute législation nationale ou internationale, notamment juridique et fiscale. «Le marché des télécommunications a dégagé pour 1996 un chiffre d’affaires de 800 milliards de dollars. Le quart en équipements et les trois quarts en services. Si l’on y ajoute le chiffre d’affaires de l’industrie de l’information, on aboutit à un total de 1400 milliards de dollars pour la même année. Le taux de croissance annuel de ce secteur est de 7%. Le taux de croissance de la richesse mondial est quant à lui, de 3,5%. La question est pourquoi le secteur économique ne prend pas sa part de cette prospérité?» Autre facteur important dans l’évolution de ce secteur: «l’irruption du privé dans le secteur des télécommunications. La plupart des pays sont appelés à commercialiser, c’est-à-dire à gérer commercialement, leur service de télécom». Le directeur de l’UIT a insisté sur le fait que «l’Europe des 15 et les 12 pays de la Méditerranée du sud occupent à eux deux 20 à 25% des parts du marché mondial. C’est un atout supplémentaire important. Une analyse des chiffres du trafic entre le nord et le sud de la Méditerranée montre une tendance à l’intégration du sud avec le nord». Il a donné, ensuite, les chiffres mondiaux des parcs téléphoniques, des télévisions et des ordinateurs: «745 millions d’appareils téléphoniques, un milliard 300 millions de télévisions et 180 millions de PC. Plus le pays est en voie de développement plus la densité est forte. Il y a 2 à 2,2 milliards de terminaisons en tout. Soit une terminaison pour trois habitants. Mais on constate une grande disparité entre les pays».
Droit d’accès
à l’information

Face à un problème évident d’accessibilité à cette infrastructure, M. Louayane a annoncé qu’«en collaboration avec l’UNESCO, l’UIT travaille à inscrire dans la charte des droits de l’homme, le droit d’accès aux moyens de communication». Après avoir affirmé que «l’Internet n’est qu’un prototype» et que «la technologie d’avenir c’est le RMIS programme sur lequel travaille l’Europe», il a relevé les priorités pour la région méditerranéenne: «de plus gros investissements; l’harmonisation de standards: l’encouragement de toute initiative tendant à initier en place des projets dans ce sens». Il a conclu que la «région dispose des moyens, de la technologie et des compétences. Il lui manque la paix».
l M. Hafez Kobeissi, secrétaire général du CNRSL ainsi que M. Ramzi Salamé, représentant du bureau régional de l’UNESCO, ont relevé l’importance des défis qui se profilent à l’horizon dans le domaine des nouvelles technologies.

Guillou: un terreau
de l’intelligence

l Enfin, M. Michel Guillou, directeur général de l’AUPELF-UREF, a souligné que son rôle était de parler de la francophonie. «Ce qui motive l’adhésion des 49 pays à la francophonie, ce n’est pas le passé. Le passé donne l’opportunité. La motivation vient des défis de la mondialisation». Il a souligné que les dangers de cette mondialisation «résident dans l’uniformité. L’inforoute est le terreau de l’intelligence».
Dans une brève entrevue qu’il nous a accordée en marge du colloque, M. Guillou a souligné, par ailleurs, que l’AUPELF avait choisi Beyrouth pour plusieurs raisons: «d’abord l’opportunité. Nous avions un projet de colloque et les partenaires libanais y ont été favorables. Par ailleurs, Beyrouth est un chantier essentiel pour notre agence. A tel point que nous tiendrons notre assemblée générale qui réunit quelque 400 recteurs, en mai 1998 à Beyrouth. Le Libanais est l’exemple du francophone moderne. Le Liban est par définition un pays de multi-linguisme».
Abordant le sujet de la mondialisation et de la compétition entre Internet et le Minitel français, il a souligné que «la France paye un tribut pour son rôle de pionnier en la matière... Mais sur une autoroute, il n’y a pas qu’une seule marque de voitures. Chacun apporte sa pierre à l’édifice du développement technologique». Il a indiqué qu’«au sein de la mondialisation, il y a besoin de créer des ensembles cohérents. Il y a deux Far West: celui des Amériques et le dérèglement que nous vivons actuellement. Si nous voulons que nos cultures ne soient pas cantonnées dans une réserve comme les Indiens, il faut que nous nous imposions. Seuls, nous ne le pouvons pas». Il a conclu en estimant qu’il était essentiel que «ces ouvertures inter-culturelles ne conduisent pas à une perte de liberté et d’identité».
A l’issue de la séance inaugurale, le colloque a entamé ses travaux par une première séance durant laquelle l’on a défini les problématiques posées par les autoroutes de l’information. Signalons que le colloque rendra, au bout de cinq ateliers de travail, ses conclusions demain vendredi en fin d’après-midi.
En soirée, les congressistes ont été les hôtes à dîner du ministre d’Etat M. Michel Eddé au restaurant le «Phénicien».

Aline GEMAYEL
Le colloque «Med’iacom 97» — qui comprend aussi un salon — a inauguré ses travaux, hier matin, à l’hôtel Bristol en présence de M. Fawzi Hobeiche, ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, Michel Guillou, directeur général de l’AUPELF, Louis Perrein, sénateur honoraire, président de l’IMCOM ainsi que de plusieurs députés et anciens ministres,...