Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Le prestige de la présidence dans la balance, affirment les hraouistes

Bien au-delà des municipales, «c’est le prestige de la présidence qu’on a voulu attaquer en retirant inopinément le projet de la Chambre», soutiennent en chœur les hraouistes. «Les grandes manœuvres qui visent à isoler Baabda, à en marginaliser le rôle à l’extrême, sont maintenant clairement ouvertes. On veut imprimer au système issu de Taëf une orientation nouvelle, donnant tout le pouvoir au tandem président du Conseil - président de la Chambre, au détriment du Conseil des ministres qui devrait détenir seul le pouvoir exécutif aux termes de la Constitution. Il y a donc captation d’héritage et détournement, voire usurpation de pouvoir», affirment, indignés, ces partisans du chef de l’Etat dont certains sont ministres et d’autres députés.
Commentant immédiatement cette position «assez nouvelle», un opposant radical de l’Est déclare:
— «Le fait est qu’en pratique (mais quand nous nous en plaignions, les loyalites en ricanaient!), le président de l’Assemblée nationale et le chef du gouvernement, en s’entendant sur un projet, peuvent le faire passer comme une lettre à la poste, sans prendre l’avis du chef de l’Etat et en réservant au Conseil des ministres comme au Parlement un simple rôle de «parapheur». C’est donc seulement maintenant, après un blocage (les amendements constitutionnels) et deux mauvaises surprises (l’U.L. puis les municipales ajournées), que les hraouistes acceptent de convenir que Taëf ce n’est pas... du gâteau, du moment qu’il ne sont plus invités au partage. Ils n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes et s’ils comptent sur notre appui ou sur le soutien de la rue, il se trompent car l’opinion met tous les taëfistes dans le même sac...».
Mais un autre opposant de l’Est se demande, perplexe, si «finalement, on n’a pas cherché à faire d’une pierre deux coups: affaiblir tout à la fois Baabda et notre propre camp, dont le chef de l’Etat voulait manifestement se rapprocher, comme le montre sa dernière visite à Bkerké. En effet, sur le plan pratique, il devenait évident, au fur et à mesure qu’on s’en rapprochait, que les élections municipales allaient tourner globalement en faveur de l’opposition tous courants confondus et en particulier en notre faveur. En les annulant, on nous prive donc d’un atout, d’une rampe de lancement. Et sur le plan moral, on discrédite la promesse que le président Hraoui nous avait donnée, en s’adressant au patriarche Sfeir, d’organiser le scrutin dans les délais. C’est comme si on nous invitait à ne pas nous rapprocher d’une présidence qui ne saurait pas tenir ses engagements à notre égard...».
Une analyse subtile, peut-être même un peu trop, et dont on retiendra surtout que Baabda en reste pour ses frais, à son corps défendant, côté offensive de charme à l’Est. A preuve la diatribe antisystème de l’ultra cité en premier lieu dans cet article.
Pour en revenir aux hraouistes, ils demandent avec insistance «une réhabilitation urgente du respect que l’on doit à la présidence de la République sur le fond autant que dans les formes. Cette instance doit être nécessairement consultée sur toute décision majeure, politique, économique ou sociale comme le prévoit du reste Taëf qui, en autorisant le chef de l’Etat à présider tout Conseil des ministres important, lui attribue un rôle essentiel de catalyseur et d’arbitre. Le président de la République libanaise, même si ses prérogatives sont maintenant limitées, n’est pas un souverain de simple apparat comme la reine d’Angleterre».
De leur côté, des sources ecclésiastiques, tout en refusant d’aborder le problème sous l’angle des prérogatives ou du bazar politicien sur la répartition des pouvoirs, répètent que «la rétractation gouvernementale concernant les élections est répréhensible car le Liban est pratiquement sans conseils municipaux depuis 33 ans. De plus, cette échéance, qui échappe par nature à la fraude, allait permettre une première expression de libre démocratie dans le pays». Quant à la polémique entre dirigeants, cette personnalité, tout en avouant une certaine sympathie pour Baabda, les renvoie au fond dos à dos en réaffirmant que «le ver est dans le fruit, dans le montage aussi artificiel qu’erroné qui, depuis Taëf, a consacré le déséquilibre sur la scène locale».
Prenant la relève, un politicien note que «la balance est si déglinguée qu’aujourd’hui encore, le président de la Chambre continue à bouder Baabda, alors qu’en bonne logique, il devrait y courir pour amorcer une solution à la crise ambiante...».

Ph.A.-A.
Bien au-delà des municipales, «c’est le prestige de la présidence qu’on a voulu attaquer en retirant inopinément le projet de la Chambre», soutiennent en chœur les hraouistes. «Les grandes manœuvres qui visent à isoler Baabda, à en marginaliser le rôle à l’extrême, sont maintenant clairement ouvertes. On veut imprimer au système issu de Taëf une orientation...