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Actualités - ANALYSE

L'opposition accuse le pouvoir d'altérer la crédibilité du Liban

Un opposant, ancien ministre très écouté, développe contre le pouvoir, sous forme d’interrogations, le réquisitoire suivant:
«1) Que peut-on penser au dehors d’un Etat qui décide d’organiser des élections municipales, en fixe la date, engage des frais à cette fin puis se rétracte pour ajourner l’échéance sine die, sans que le peuple sache ni pourquoi la décision initiale a été prise ni pourquoi elle a été reportée...?
2) Que peut-on penser au dehors d’un Etat qui met la charrue devant les bœufs et décide d’organiser des élections avant d’avoir établi la loi qui doit les gérer et dont le projet est bourré de failles que Législatif et Exécutif confondus ne réalisent qu’en toute dernière minute? Des défauts dont on peut citer:
l l’absence d’un découpage des localités de plus de 3.000 habitants en quartiers, pour la répartition géographique des «moukhtars», en base de cartes que la direction de l’urbanisme devrait établir
l l’absence d’une estimation des rentrées financières possibles des nouvelles municipalités qu’on veut créer au profit des agglomérations comptant plus de 500 habitants, pour savoir si le minimum financier nécessaire à leur fonctionnement pourra être assuré
l l’inconnue que constitue toujours la position du gouvernement à l’égard de la question de l’élection du président et vice-président d’une municipalité au suffrage universel ou par vote des membres du Conseil municipal
l De même, on ne sait toujours pas si le gouvernement est pour ou contre le cumul des mandat parlementaires et municipaux.
l On ignore également si l’Exécutif est d’accord pour que les complexes touristiques aient le droit de se constituer en municipalités autonomes.
l Aucune liste des localités occupées du Sud où il faudra procéder par désignation n’a été établie. Et le pouvoir n’a pas précisé sur quelles bases se feraient les nominations».
«Si le gouvernement, poursuit cette personnalité, avait pris la peine de présenter à la Chambre un projet de loi bien travaillé, il aurait mis les députés devant leur responsabilités, sans leur laisser le moyen d’y échapper sous prétexte que le texte qu’ils ont sous le nez est trop bâclé. On aurait ainsi évité le retrait du projet et la controverse sur la constitutionnalité de cette décision qui a cours aujourd’hui.
3) Que peut-on penser au dehors d’un Etat qui ne sait visiblement pas ce qu’il veut, ne s’en tient à aucune de ses décisions et recherche lui-même la tutelle d’autrui, dont il sollicite constamment l’arbitrage dans les querelles intestines qui le déchirent pour les moindres broutilles? Comment peut-on espérer que ce pays recouvrera sa souveraineté et son indépendance quand ses dirigeant se montrent incapables de les assumer, même dans les modeste limites qui leur sont actuellement accessibles? Qu’attendre d’un Etat qui, selon son propre chef, n’a toujours «pas atteint l’âge adulte»...?
4) Que peut-on penser au dehors d’une République qui, en 1992, passe outre à la volonté de 86% des Libanais pour organiser des législatives, en torpillant la saison d’été puis qui remet le couvert en 96, toujours en été, pour se contenter là d’une participation électorale qui n’a pas dépassé les 30%, malgré les fraudes et les pressions en faveur du système de toutes les puissances concernées, Vatican, Etats-Unis et France compris...? Un système qui trouve pourtant moyen de reporter les élections municipales, sans s’apercevoir qu’en ce faisant, il se contredit par rapport aux législatives et alors que, pour cette sorte de consultation, utile aux localités, 90% des Libanais se disent prêt à participer.
5) Que peut-on penser au dehors d’un Etat dont les dirigeants, tout en se proclamant du même bord politique, ne cessent de se brouiller pour de manifestes questions d’intérêt particulier qui ne concernent pas une population livrée entre-temps à une dure crise socio-économique?
8) Enfin, que peut-on penser au dehors d’un pays dont le président menace de démissionner s’il n’obtient pas ce qu’il veut, dont le chef de gouvernement boude chez lui à tout bout de champ quand il n’obtient pas ce qu’il veut et dont le président de la Chambre affirme que la troïka dirigeant qui l’englobait lui-même avait couvert des concussions ou des magouilles, sans se donner la peine de préciser les faits ni d’en rendre compte vraiment devant les tribunaux ou devant le peuple?», conclut cette personnalité que l’actuel climat politique écœure visiblement...


E.K.
Un opposant, ancien ministre très écouté, développe contre le pouvoir, sous forme d’interrogations, le réquisitoire suivant:«1) Que peut-on penser au dehors d’un Etat qui décide d’organiser des élections municipales, en fixe la date, engage des frais à cette fin puis se rétracte pour ajourner l’échéance sine die, sans que le peuple sache ni pourquoi la décision...