Réunis hier sous l'égide de Sfeir Les prélats maronites déplorent les tiraillements au sujet des municipales

Dans le cadre de sa réunion tenue hier sous l’égide du patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, l’Assemblée des évêques maronites a abordé trois principaux thèmes d’actualité: les élections municipales, la visite du pape Jean-Paul II au Liban, et la démission du président du Conseil constitutionnel, M. Wajdi Mallat.
Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion, les prélats maronites ont notamment déploré «les tiraillements opposant les responsables au pouvoir au sujet de la question des élections municipales». «On constate chez nous une paralysie de la volonté populaire, l’absence d’une vie politique et la transformation progressive du système démocratique en despotisme», ajoute les évêques.

Voici le communiqué intégral des dignitaires maronites:
— «Au début de la réunion, les évêques ont récité une prière pour le repos de l’âme de NN.SS. Boutros Kallawos et Gabriel Toubia, respectivement archevêques d’Alep et de Tripoli.
— «L’annonce de la visite du pape Jean-Paul II au Liban en mai prochain a été très bien accueillie par tous les Libanais. Du reste, ces derniers, et les catholiques en particulier, devraient se préparer à cette visite dans une ambiance de réconciliation générale et de solidarité pour régler les problèmes internes dont souffre le Liban. Un tel climat ne peut régner sans un renouveau spirituel, à travers la prière, la méditation, une pratique religieuse sincère, le retour à sa propre authenticité, l’acceptation de l’autre avec tous ses défauts et qualités, et par un haut degré de solidarité humaine.

— «Sa Béatitude a informé les évêques des résultats de sa visite pastorale au Brésil, de la situation dans ce pays de la colonie libanaise, maronite en particulier. Il a en outre manifesté son admiration à l’égard des Libanais qui occupent des postes importants dans différents milieux, tout en déplorant le peu d’attachement qu’éprouve cette colonie pour le Liban. Selon Sa Béatitude, il incombe à l’Etat et à l’Eglise de déployer des efforts en vue d’affermir les liens entre les Libanais de la diaspora et du pays. Il faut donc leur permettre de conserver leur nationalité libanaise et leurs rites orientaux; ce qui suppose l’élaboration d’un plan qui serait appliqué par étapes.
— «Les pères ont déploré la mesquinerie qui caractérise la vie nationale et qui se manifeste essentiellement à travers les tiraillements opposant les responsables au pouvoir, au sujet de la question des municipales, les dernières ayant eu lieu il y a 33 ans. Ces élections sont à la base du régime démocratique car elles révèlent la volonté du peuple dans le choix des courants politiques et des personnes qui le représentent. Mais on constate chez nous une paralysie de la volonté populaire, l’absence d’une vie politique, et la transformation progressive du système démocratique en despotisme.

— «La démission du président du Conseil constitutionnel est un grave phénomène qui montre d’une manière flagrante que la justice au Liban perd son indépendance jour après jour. Au lieu de s’inspirer de sa conscience et de la loi, le juge se trouve ainsi contraint de s’inspirer de la volonté des personnalités influentes. Pis encore, il n’est plus seulement soumis à des pressions, il est aussi obligé d’obéir à la volonté des personnes influentes sous peine de ne plus être promu. C’est le pire des dangers auquel peut être exposée une nation.
— «A l’approche du mois de mai consacré à la Vierge Marie, les pères invitent les croyants à prier cette mère affectueuse pour une relance du processus de paix et pour qu’une paix juste et globale règne enfin dans la région et au Liban», conclut le communiqué des évêques réunis à Bkerké.