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Actualités - ANALYSE

Le système de Taëf : un cercle vicieux...

Un ancien dirigeant, reprenant une antienne inlassablement répétée depuis 90 ans qui tombe toujours dans l’oreille d’un sourd, souligne que «c’est un système tricéphale que les accords de Taëf ont engendré. Quand les présidents s’entendent, c’est au détriment des institutions. Et quand ils se disputent, c’est aux dépens du pays, qu’ils plongent alors dans une crise politique plus ou moins grave».
«Au gré des sauts d’humeur ou d’intérêts, les trois n’ont cessé d’accumuler conflits et arrangements, le plus souvent en recourant en fin de parcours à l’arbitrage de Damas. Car la Constitution de Taëf est si mal ficelée, probablement à dessein, que rien n’y est prévu pour fixer les limites des uns et des autres, définir proprement les lignes de démarcation entre les pouvoirs ou encore les mécanismes à utiliser pour trancher localement les litiges. Un exemple entre mille: lors de la formation du présent Cabinet, il est apparu que le chef de l’Etat et le président du Conseil désigné étant en désaccord, aucun texte ne disait comment sortir d’une pareille crise, comment les départager; en effet aux termes de la Constitution les décrets de nomination n’entrent en vigueur qu’une fois signés par le président de la République, autrement c’est le blocage sans issue de secours car aucune clause de la loi fondamentale n’aborde ce cas de figure...».
Revenant à l’actualité, cette personnalité répète qu’«à un moment donné, les trois présidents s’étaient entendus pour reporter de deux ans les élections municipales, à cause de ces «circonstances régionales» qu’on invoque toujours quand on ne veut rien faire, ou qu’on veut faire les choses de travers. Mais MM. Hraoui et Hariri, se ravisant, se sont mis d’accord — sans consulter M. Berry qui s’est senti dupé — pour organiser les élections au cours des deux premiers dimanches de juin prochain. Le chef du Législatif, qui en voulait déjà au président de la République et au chef du gouvernement pour l’affaire du projet d’amendements constitutionnels, a alors proclamé la mort de la troïka. Retournement classique de situation: brusquement la semaine dernière MM. Berry et Hariri s’entendent sur le report des élections, et cette fois c’est M. Hraoui qui n’a pas été consulté... Il en a été courroucé, estimant que la décision prise était injustifiée et anticonstitutionnelle du moment qu’elle n’avait été ni soumise à son approbation ni avalisée par le Conseil des ministres. Le chef de l’Etat laisse dès lors entendre qu’il compte user de ses prérogatives pour remettre les choses dans l’ordre et sanctionner l’infraction constitutionnelle commise à son avis par le chef du gouvernement. Ses proches ajoutent qu’il est résolu à batailler ferme pour que les élections municipales aient effectivement lieu dans les meilleurs délais possibles. Ce mercredi soir, il va en principe tenir une conférence de presse et sa position de départ, toujours selon son entourage se résume comme suit: «si les élections municipales ne sont pas rétablies, je retourne à la maison...» Bien sûr beaucoup de loyalistes multiplient durant les efforts pour amener M. Hraoui à mettre de l’eau dans son vin, voire pour le réconcilier vraiment avec MM. Berry et Hariri sur le plan politique. On verra ce mercredi s’ils ont gagné la partie. Sinon on entrera dans une crise sans précédent, du moins sur le plan scénique, seul M. Hariri ayant usé jusqu’à présent du privilège de menacer de démissionner. En fait une intransigeance présidentielle, souligne cet ancien responsable, mettrait dans l’embarras non seulement MM. Berry et Hariri, mais également cette large majorité de députés et de ministres qui s’est prononcée pour le report».
Mais une source proche de Baabda soutient que «le chef de l’Etat ne parle pas de démission. Il n’a aucune raison de le faire, tant que l’action qu’il compte mener pour corriger les déviations commises n’est pas terminée». De son côté un ministre laisse percer une pointe d’inquiétude «le chef de l’Etat n’ayant plus le pouvoir de dissoudre la Chambre, au cas où elle maintiendrait le rejet des municipales, pourrait vouloir faire sauter le Cabinet en poussant les deux tiers de ses membres à démissionner... Il peut par ailleurs provoquer une impasse de légalité en refusant de signer le décret prorogeant le mandat des conseils municipaux et des «moukhtars» en place... Il faut espérer cependant, conclut cet officiel, que le chef de l’Etat se contente de marquer sa position en ce qui concerne les municipales, pour obtenir en contrepartie de sa modération sur ce point le démarrage effectif du projet d’amendements constitutionnels qu’il défend».

E.K.
Un ancien dirigeant, reprenant une antienne inlassablement répétée depuis 90 ans qui tombe toujours dans l’oreille d’un sourd, souligne que «c’est un système tricéphale que les accords de Taëf ont engendré. Quand les présidents s’entendent, c’est au détriment des institutions. Et quand ils se disputent, c’est aux dépens du pays, qu’ils plongent alors dans une...