En déplacement à Glasgow pour présenter son projet d’autonomie accrue pour l’Ecosse à un électorat qui lui est jusqu’ici majoritairement acquis, le leader travailliste a été accusé d’incohérence par la presse locale, les nationalistes écossais et les conservateurs.
Le projet du Labour pour l’Ecosse et le Pays de Galles, avait-il dit la veille en lançant à Londres son programme électoral, est destiné à «éloigner la menace du séparatisme et à renforcer l’Union».
«Troisième voie raisonnable» entre le statu quo et l’éclatement du Royaume Uni, la formule prévoit pour l’Ecosse un référendum sur la création d’une assemblée locale dotée du pouvoir de lever ou de modifier des impôts à la hausse ou à la baisse.
A ce propos, M. Blair a eu beaucoup de mal à justifier que le pouvoir d’un Parlement écossais de lever des impôts n’était pas contradictoire avec la promesse cruciale du Labour de ne pas augmenter l’impôt sur le revenu pendant 5 ans.
«Détenir un pouvoir constitutionnel n’est pas la même chose que l’utiliser», a déclaré M. Blair, et l’engagement du Labour à ne pas accroître l’impôt sur le revenu «vaut et vaudra pour l’Ecosse comme pour l’Angleterre».
En d’autres termes, si une éventuelle assemblée écossaise était majoritairement travailliste, ses membres seraient priés par l’éventuel premier ministre Blair de faire passer leur allégeance à la ligne nationale du parti avant leurs sympathies locales.
Le premier ministre John Major a sauté sur l’occasion et dénoncé le «chaos total» des propositions travaillistes pour l’Ecosse, où le parti conservateur est bon troisième dans les sondages derrière le Labour et le Parti national écossais (SNP).
Pour les libéraux-démocrates, qui présentaient vendredi leur programme électoral après les deux grands partis, le projet du Labour pour l’Ecosse est trop timoré.
Sans aucune chance de remporter les élections générales, la troisième force du paysage politique britannique a pu jouer d’une audace et d’une liberté de ton contrastant avec la prudence millimétrique des Tories et des travaillistes, notamment sur le grand tabou des impôts.
Là où M. Major avait sorti de sa manche une promesse surprise de réduction d’impôts pour deux millions de couples mariés, là où M. Blair s’était engagé à ne pas toucher aux impôts pendant cinq ans ni aux dépenses publiques pendant deux ans, le parti libéral-démocrate appelle tranquillement à augmenter les uns et les autres au bénéfice de la santé publique et de l’éducation.
Les deux grands partis ont présenté des programmes très proches, en particulier sur l’économie et la monnaie unique européenne.
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