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Actualités - CHRONOLOGIE

Mirza publie l'acte d'accusation dans l'affaire japonaise Accusés de falsification, les 5 membres de l'armée rouge risquent dix ans de prison Oumayya Abboud inculpée pour exercice illégal de la médecine

Cinquante jours après l’arrestation des 5 membres de l’Armée rouge — qui n’ont d’ailleurs jamais été officiellement reconnus comme tels par les autorités libanaises — le premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Saïd Mirza, a publié hier son acte d’accusation.
Reprenant pour son compte les conclusions du procureur général près la Cour d’appel de Beyrouth, M. Abdallah Bitar, le juge Mirza a retenu contre Kozo Okamoto, Kazu Tohira, Haruo Wako, Mariko Yamomoto et Masao Adachi, des charges considérées par le code pénal comme des crimes et passibles d’une peine de 7 à 10 ans de prison. Quant à la Libanaise Oumayya Abboud, elle est accusée d’avoir exercé illicitement la médecine et par conséquent, elle est passible d’une peine de 5 ans de prison.
Comme prévu donc, le juge a chargé au maximum les 5 membres de l’Armée rouge, confirmant implicitement les rumeurs sur une volonté des autorités libanaises de les garder au Liban le plus longtemps possible et d’avoir ainsi une bonne raison de retarder toute demande d’extradition que pourrait présenter le Japon. Mais de toute façon, la décision finale appartiendra à la Cour d’assises de Beyrouth qui devra donner son verdict à l’issue du procès qui s’ouvrira prochainement.
Dans les faits, le juge instructeur a rappelé comment six patrouilles de la Sûreté de l’Etat ont effectué des perquisitions dans 5 appartements à Beyrouth-Ouest et dans une clinique à Chtaura, après avoir reçu des informations sur l’existence d’un réseau de falsification de tampons officiels et de passeports. Effectivement, la première patrouille, dirigée par le commandant Elie Menassa, est entrée dans un appartement à Mousseitbé et y a trouvé un homme et une femme de type asiatique qui ont présenté, le premier un passeport singapourien au nom de Wong Kim Soon et la seconde un passeport espagnol au nom de Tarine Garcia Maria Emparo Sara. En fouillant l’appartement, la patrouille a trouvé d’autres passeports portant les mêmes photos mais avec des noms et des nationalités différentes, ainsi que des équipements et des tampons divers, notamment ceux des ambassades du Liban à Athènes et à Stockholm et un tampon au nom du consul Jamil Chammas...
Une seconde patrouille dirigée par le lieutenant Fadi Khaled a effectué une perquisition dans un appartement meublé à Ras-Nabeh et l’occupant du lieu a exhibé un passeport thaïlandais. Là aussi des équipements électroniques ont été trouvés. La troisième perquisition effectuée par une patrouille présidée par le colonel Charles Ata dans un appartement près de Berbir a aussi permis de découvrir deux hommes qui ont présenté des passeports chinois et brésilien. Toutefois, la patrouille a trouvé d’autres passeports avec les mêmes photos, ainsi que des équipements électroniques. La quatrième perquisition a eu lieu dans un appartement à Ramlet el-Beïda. Un homme y a présenté un passeport japonais au nom de Takayoki Moroshima. La cinquième patrouille est entrée dans un appartement de la rue Mme Curie et elle a découvert un couple d’amoureux ayant des passeports japonais au nom de Yoshi Shamato et de Séi Harada. Quant à la sixième patrouille, elle a arrêté dans la Békaa Oumayya Abboud.

En attendant
la Cour d’assises

L’enquête préliminaire puis celle effectuée par le juge ont finalement permis d’établir les identités véritables des 5 personnes arrêtées au cours des trois premières perquisitions. Il s’agit de Masao Adachi, Mariko Yamamoto, Kasuo Tohira, Kozo Okamoto et Haruo Wako. Quant aux trois autres personnes arrêtées, il est apparu qu’elles avaient décliné leurs véritables identités et qu’elles étaient parfaitement en règle au regard de la loi libanaise. (Rappelons que ces trois personnes ont été relâchées puis rapatriées au Japon dans la plus grande discrétion et on avait même dit que deux d’entre elles pourraient être des espions travaillant pour le compte des autorités japonaises dont la mission aurait été d’identifier les membres de l’Armée rouge installés au Liban).
Lors de leur interrogatoire par le juge, en présence de leur avocat, Me Béchara Abou Saad et de l’interprète Diana Abi Abboud, les 5 Japonais détenteurs de faux papiers d’identité et qui ont sciemment menti aux autorités ont reconnu avoir usé de faux passeports et avoir fabriqué de faux visas, précisant qu’ils ont été contraints d’utiliser ces procédés pour pouvoir se déplacer librement dans le monde car ils se trouvaient dans l’impossibilité d’obtenir des passeports japonais.
L’acte d’accusation ne dit toutefois pas pourquoi les 5 personnages ne pouvaient obtenir des papiers japonais et il n’est nulle part fait mention de leur appartenance à l’Armée rouge.
Masao Adachi a toutefois déclaré au juge qu’il n’avait jamais utilisé les tampons des ambassades du Liban à Athènes et à Stockholm, qui étaient faux au moment où ils lui ont été remis. Les 5 Japonais ont affirmé n’avoir pas procédé eux-mêmes aux falsifications, se contentant d’utiliser de faux papiers et de faux visas. Confrontés à certaines dates, ils ont reconnu qu’ils se trouvaient au Liban alors que selon leurs faux passeports, ils étaient censés se trouver à l’étranger. D’après les réponses de Haruo Wako, il est apparu que l’opération de falsification des passeports s’est faite au Liban...
Quant à Oumayya Abboud, après l’avoir longuement interrogée en présence de son avocat, Me Hani Sleimane, le juge Mirza a estimé qu’elle n’avait pas participé la fraude, mais qu’elle était, aux yeux de la loi, coupable d’exercice illégal de la médecine, alors qu’elle n’avait qu’un diplôme de philo et qu’elle avait suivi une formation de six mois d’acunpuncture au Japon. Oumayya Abboud a commencé par déclarer au juge qu’elle cherchait à aider les malades et à calmer certaines douleurs, mais elle a ensuite reconnu qu’elle se faisait payer ses services comme des consultations normales.
En définitive, le juge a retenu contre les 5 Japonais des crimes punis par des peines de 7 à 10 ans de prison et contre Oumayya Abboud la charge d’exercice illégal de la médecine, passible d’une peine de 5 ans de prison. Le dossier devra être transmis à la Cour d’assises de Beyrouth qui, après en avoir pris connaissance décidera l’ouverture du procès. Les milieux judiciaires estiment qu’elle aura lieu très bientôt et de nouveau, les hôtels libanais seront pris d’assaut par les journalistes nippons soucieux de couvrir ce procès qui, pour eux, est historique.
Cinquante jours après l’arrestation des 5 membres de l’Armée rouge — qui n’ont d’ailleurs jamais été officiellement reconnus comme tels par les autorités libanaises — le premier juge d’instruction de Beyrouth, M. Saïd Mirza, a publié hier son acte d’accusation.Reprenant pour son compte les conclusions du procureur général près la Cour d’appel de Beyrouth, M....