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Actualités - CHRONOLOGIE

Après la démission de Wajdi Mallat, président du conseil constitutionnel Appel parlementaire pour la formation d'une commission d'enquête

Est-ce parce que le chef du Parlement a tenu à souligner que la Chambre avait tout le temps de débattre de la démission du président du Conseil constitutionnel, M. Wajdi Mallat, ou parce qu’ils préfèrent ne pas s’aventurer sur un terrain miné? Toujours est-il que très peu de parlementaires ont commenté hier la démission de M. Mallat et ceux qui l’ont fait ont demandé soit la formation d’une commission d’enquête parlementaire soit la convocation du président du Conseil constitutionnel pour qu’il explique les raisons qui l’ont poussé à décider de démissionner. Tous savaient que c’est en raison de pressions politiques exercées sur le Conseil, qui devrait incessamment rendre son jugement concernant les recours en invalidation des résultats de l’élection de députés, que M. Mallat a démissionné.
Lorsque M. Nabih Berry entame la lecture de la lettre de démission aucun député n’a l’air surpris. Tout le monde avait eu vent de la démission tôt le matin. Des applaudissements ponctuent le dernier mot prononcé par le président de la Chambre.
Berry à Najah Wakim, Henri Chédid et Nazih Mansour:
«Pourquoi applaudissez-vous»?
Wakim: «Je suis content. Peut-être que messieurs les présidents suivront son exemple».
Berry: «Ne comptez pas sur moi pour agir de même. Pour le reste, vous pouvez compter sur le président Hariri et sur Dieu».
Reprenant un ton grave, il explique qu’il avait reçu mercredi matin, à 8h, le texte de la démission et qu’il était directement entré en contact avec M. Mallat pour le prier de reconsidérer sa décision. Après avoir mis l’accent sur la détermination du président du Conseil constitutionnel à aller jusqu’au bout de sa démarche, il précise qu’il lui a ensuite demandé de ne pas rendre publique sa démission et que M. Mallat a sollicité une entrevue avec lui avant de lui envoyer plus tard dans la journée une lettre personnelle expliquant les mobiles de sa démarche. «J’ai été surpris lorsque j’ai appris que le «Safir» avait annoncé la démission dans son article de manchette. J’ai tout de suite pris contact avec le président Mallat qui m’a affirmé qu’il n’avait rien laissé filtrer à la presse. Je vous assure que je ne suis pas non plus responsable de cette indiscrétion. C’est sans doute un journaliste qui, constatant l’absence du président du Conseil constitutionnel à la réunion de mercredi, en avait déduit qu’il avait démissionné. Son intuition s’est avérée correcte».

Une réalisation
politique

M. Berry ajoute qu’il avait voulu annoncer la démission de M. Mallat au terme du vote du projet d’amendement de la loi électorale, surtout qu’un délai d’un mois, dit-il, est prévu pour l’élection d’un nouveau président du Conseil constitutionnel. Il prie les députés de réserver leurs commentaires pour plus tard, mais le président Hussein Husseini est déjà debout. Pour lui, le Conseil constitutionnel est «l’une des réalisations politiques les plus importantes». Il prie ses collègues d’inviter M. Mallat à revenir sur sa décision et à insister pour tenir le Conseil constitutionnel «à l’abri de toute ingérence» politique dans ses affaires. «Si la procédure légale ne protège pas suffisamment le Conseil, nous devons la développer dans ce sens», ajoute-t-il. M. Hussein est approuvé par son collègue Boutros Harb qui crie au scandale: «On dit que le président et les membres du Conseil sont soumis à des pressions pour qu’ils rendent des jugements déterminés dans l’affaire des recours dont ils avaient été saisis». Et de réclamer la formation d’une commission d’enquête parlementaire, en insistant pour que les parties qui seraient jugées coupables d’ingérence dans les affaires du Conseil soient sévèrement sanctionnées conformément à la loi. Il veut proposer l’adoption d’une recommandation invitant M. Mallat à revenir sur sa démission, mais le chef du Législatif l’interrompt: «La Chambre ne prend pas de recommandation en faveur d’une personne. Pour ce qui est des pressions, je vais être franc avec vous: tout juge est en train d’en subir. Et c’est parce que des pressions sont exercées sur lui que Wajdi Mallat aurait dû poursuivre sa tâche». Dans l’hémicycle, les députés applaudissent. Le chef du gouvernement aussi. M. Berry poursuit: «Nous savions que Wajdi Mallat n’est pas un homme à céder aux pressions. Sinon, nous ne l’aurions pas nommé à la tête du Conseil constitutionnel».

Convocation
de M.Mallat

Zaher el-Khatib accuse M. Rafic Hariri d’être l’auteur de ces pressions. Le chef du gouvernement hausse les sourcils en signe d’étonnement et proteste vivement. Le député de l’Iqlim el-Kharroub réplique en affirmant détenir des informations qui prouvent ses dires, puis M. Najah Wakim relève que les raisons de la démission ne sont pas expliquées dans la lettre de M. Mallat et affirme «avoir compris que ce dernier avait rendu son tablier en raison de pressions exercées non pas sur lui mais sur les membres du Conseil constitutionnel, ce qui a eu pour effet de paralyser cette instance». Il propose la convocation de M. Mallat devant le Parlement «et s’il fait état de pressions, nous nous devons de protéger le Conseil constitutionnel».
Est-ce parce que le chef du Parlement a tenu à souligner que la Chambre avait tout le temps de débattre de la démission du président du Conseil constitutionnel, M. Wajdi Mallat, ou parce qu’ils préfèrent ne pas s’aventurer sur un terrain miné? Toujours est-il que très peu de parlementaires ont commenté hier la démission de M. Mallat et ceux qui l’ont fait ont demandé...