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Actualités - CHRONOLOGIE

Le report des municipales, une éventualité désormais plausible Officiellement, tout le monde plaide en faveur du scrutin, mais dans les coulisses, certains s'emploient à l'ajourner (photos)

Le climat d’incertitude s’est confirmé hier place de l’Etoile où l’on pouvait entendre deux discours diamétralement opposés, le premier assurant que les élections municipales auront lieu à la date prévue (début juin) et le deuxième parlant d’un retour en force de l’option de l’ajournement de ce scrutin.
Ce double langage est d’autant plus paradoxal qu’il intervient à un moment où les préparatifs politiques, administratifs et électoraux se poursuivent d’arrache-pied. Il intervient aussi à quelques heures de l’examen du projet de loi sur les élections municipales par les députés qui sont censés trancher aujourd’hui le débat au sujet — notamment — du cumul des mandats et des modalités d’élection des présidents des conseils municipaux. Il semble cependant que le rôle des parlementaires va aller bien au-delà d’un simple examen. Il est probable en effet qu’ils décident, à l’issue du débat, de renvoyer le projet de loi à la commission de l’Administration et de la Justice, provoquant ainsi d’une manière indirecte ce que beaucoup de Libanais redoutent, l’ajournement des élections municipales.
Ce scénario est loin d’être fantaisiste et les indices plaidant en sa faveur sont nombreux. Il est vrai que M. Auguste Bakhos a déclaré hier sur le perron du palais de Baabda que «personne ne peut assumer la responsabilité du report des élections» et que M. Michel Murr a minimisé l’importance des amendements du projet de loi sur les municipales transmis mardi au bureau de la Chambre (LIRE EN PAGE 4). De source informée, on indique toutefois que des députés influents ont mené campagne hier dans les coulisses auprès de leurs collègues pour les convaincre que le report des élections est nécessaire, voire inéluctable. Parmi ces députés, figurent le vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, M. Mohammed Abdel-Hamid Beydoun (Amal) et M. Talal Merhébi. D’ailleurs, une réunion a groupé hier en marge de la séance plénière MM. Ferzli, Murr, Beydoun et M. Mohammed Youssef Beydoun.

Charbon ardent

La décision du report du scrutin est donc une éventualité sérieusement envisagée par une partie des hommes politiques, mais le véritable problème est que personne ne veut en assumer la responsabilité. Tout se passe comme si chacun voulait jeter ce charbon ardent dans les mains de l’autre. En se déclarant «surpris» par les quatorze amendements
transmis au Parlement mardi «à la dernière minute», M. Berry et les députés ont voulu imputer à l’Exécutif des intentions douteuses. M. Ferzli a carrément accusé le gouvernement de vouloir empêcher la tenue d’élections. M. Murr a rapidement réagi en affirmant hier que «si les amendements risquent de poser un problème, nous sommes prêts à agir comme s’ils n’avaient jamais existé».
Le chef du Législatif a pour sa part réaffirmé hier sa volonté d’en finir aujourd’hui avec l’examen du projet de loi «même si la séance doit se poursuivre jusqu’à minuit». Dans les milieux de M. Berry, on déclare que les amendements proposés mardi par le gouvernement ne sont pas tous «mineurs» comme veut le faire croire l’Exécutif et qu’ils risquent de provoquer un débat houleux à la Chambre. La question de la désignation des membres des conseils municipaux dans les villages de la montagne où les déplacés ne sont pas encore rentrés ne doit-elle pas faire l’objet de concertations entre M. Walid Joumblatt, les notables chrétiens et le gouvernement?, s’interroge-t-on dans les mêmes milieux.
Pour M. Berry, il est hors de question que le Parlement ou son président assument la responsabilité d’avoir empêché l’aboutissement d’un échéance démocratique aussi vitale pour le bon fonctionnement des institutions.
Ce dossier épineux a été examiné hier, et pour la deuxième journée consécutive, par les présidents Elias Hraoui et Rafic Hariri au palais de Baabda. Selon des sources sûres, les deux hommes auraient discuté des moyens de résoudre ce problème «tout en préservant la crédibilité de l’Etat et de ses institutions».
A cet égard, on indique de source bien informée que le Parlement se trouve confronté à trois choix au cas où une majorité de députés se prononcerait en faveur d’un report des élections: 1- adopter le projet de loi des municipales quitte à ce que la décision d’ajourner le scrutin soit prise ultérieurement. 2- reporter les élections d’un an ou deux. 3- lier le sort des élections municipales à la décentralisation et à la nouvelle loi sur les élections législatives, ce qui équivaut à renvoyer les municipales aux calendes grecques.
A ce climat incertain est venu se greffer hier le problème des élections municipales à Beyrouth, dont la complexité et la gravité ont été soulevées par M. Sélim Hoss lors de son intervention au Parlement (VOIR PAGE 4). Théoriquement, le nombre des électeurs musulmans et chrétiens est presque le même dans la capitale. Mais, en réalité, les chrétiens sont beaucoup moins nombreux en raison de l’émigration qui les a fortement touchés et de la démobilisation due au «désenchantement». A cet égard, M. Hoss a lancé un véritable cri d’alarme. «Que se passera-t-il si chacune des composantes (communautaires) du peuple élit les candidats qui lui appartiennent? Qu’adviendra-t-il de l’entente et de l’unité nationale»? s’est-il interrogé. Cette question est d’autant plus grave que M. Hariri n’a pas caché son intention ces derniers mois de réduire les prérogatives du mohafez de Beyrouth généralement choisi parmi les chrétiens.
Pendant ce temps, les diverses forces politiques poursuivent leurs campagnes électorales. «L’Orient-Le Jour» a ainsi appris que les dirigeants de l’opposition regroupée autour du courant du général Michel Aoun doivent annoncer le 20 avril les schémas de leurs alliances et les programmes électoraux de leurs candidats dans les différentes régions. A moins que d’ici-là la date des élections n’ait pas été reportée.

P. Kh.
Paul KHALIFEH
Le climat d’incertitude s’est confirmé hier place de l’Etoile où l’on pouvait entendre deux discours diamétralement opposés, le premier assurant que les élections municipales auront lieu à la date prévue (début juin) et le deuxième parlant d’un retour en force de l’option de l’ajournement de ce scrutin.Ce double langage est d’autant plus paradoxal qu’il...