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Actualités - CHRONOLOGIE

Joumblatt répond à Abou : des propos annonciateurs d'une nouvelle guerre civile

Dans ce qui constitue la première réponse politique au discours prononcé par le recteur de l’USJ, le père Sélim Abou, à l’occasion de la St Joseph, le ministre des Déplacés, Walid Joumblatt, a estimé hier que de tels propos sont annonciateurs d’une nouvelle guerre civile. A sa manière virulente, M. Joumblatt s’est déchaîné contre ce qu’il a appelé «la déformation du patrimoine humain et académique des Jésuites». Rappelons que le père Abou avait critiqué le 19 mars dernier le discours idéologique actuel, qui tend, selon lui, à limiter l’identité libanaise à la seule composante arabe. Estimant qu’il ne faut espérer aucun changement dans les circonstances régionales actuelles, le recteur de l’USJ avait rendu la présence syrienne et les contraintes que selon lui elle impose aux autorités actuelles responsable de cette «amputation» de l’histoire et de l’identité des Libanais.
Selon le leader druze, ces propos sont dangereux parce qu’ils représentent la pensée isolationniste de quelques universités et clubs politiques qui considèrent la présence militaire syrienne comme une occupation, visant à réduire l’influence de l’Occident et à éliminer les protectorats et les privilèges confessionnels traditionnels. Pour M. Joumblatt, les positions du père Abou détruisent le patrimoine arabe, culturel, humain et national des chrétiens d’Orient. Enfin, M. Joumblatt a estimé que les propos du père Abou apportent une nouvelle preuve du rôle de l’Occident dans la réactivation de la question d’Orient, afin de l’utiliser culturellement et politiquement pour effriter l’Orient, au moment opportun.

Les thèses de Bachir
Gemayel

«Les propos académiques du philosophe du jour, le père Abou, a déclaré M. Joumblatt, nous remettent en mémoire le discours politique de l’isolationnisme libanais avant le déclenchement de la guerre, ainsi que les thèses pluralistes du conclave de Notre Dame du Puits (1976) et les thèses de Bachir Gemayel à la veille de l’invasion israélienne de 1982».
Selon M. Joumblatt, ces propos sont d’autant plus dangereux qu’ils reflètent la politique d’expectative de certains clubs et universités, et de certains milieux militaires et sécuritaires qui considèrent que le compromis de Taëf constitue une victoire d’une partie sur l’autre et la présence syrienne une occupation visant à réduire l’influence occidentale, ainsi que le système des protectorats et des privilèges confessionnels traditionnels.
Le leader druze a souligné le fait que, selon lui, les propos du père Abou considèrent la langue arabe comme une langue importée par les musulmans arrivés au Liban comme des conquérants et des occupants. «Le recteur appelle ainsi les gens à attendre des circonstances favorables pour lever la tutelle et domestiquer le pays à travers une libanité artificielle et des accords confessionnels séparés qui ont déjà échoué et en gonflant les nains de l’Histoire, à la solde de l’Occident tels que Fakhreddine et Bachir Chéhabi...»
«Aujourd’hui, a poursuivi le ministre, alors que le pouvoir juif mondial est à son apogée, et pour servir la question d’Orient telle que la voient les grands orientalistes et le père Abou, il faut éliminer la langue arabe et revenir aux langues syriaque, assyrienne, cananéenne, berbère, copte, kurde, babylonienne... Si cela ne suffit pas, on pourra adopter les dialectes locaux comme langues fondamentales et on dira alors le «akkarisme», le «sudisme», le «baastaisme»... Ainsi, on réunifiera la oumma libanaise...».
Le ministre a relevé que ces propos sont tenus au moment où l’unité du Soudan est menacée et où l’Irak est pratiquement divisé alors que l’opération de «turkisation» du nord de l’Irak s’intensifie, comme si l’Occident voulait donner une compensation à l’armée turque pour ne pas accepter Ankara au sein de l’Union européenne. En même temps, l’Algérie est déchirée alors que l’Occident européenne. tente d’utiliser les Berbères et les tribus pour les monter contre les Arabes et les musulmans et des agents suspects tuent des Coptes en Egypte pour affaiblir la position arabe de ce pays.
Selon M. Joumblatt, ces propos montrent le danger de l’action des missions étrangères au Liban ainsi que la faiblesse de son entité interne, en dépit des réalisations sécuritaires et politiques et des acquis sur le plan du retour des déplacés.
M. Joumblatt a estimé que les chantres de la pensée isolationniste continuent d’attendre un signe de l’Occident ou d’Israël pour se retourner contre la paix civile et la Syrie. Ce qui nous amène à nous poser cette question cruciale: qu’est-ce que le Liban? Est-ce le régime de la moutassarifia, sous lequel de nombreux chrétiens ont émigré, le Liban de Gouraud et du patriarche Hoayek qui avait refusé l’annexion de Wadi Nassara parce que cette région est pauvre, lui préférant la plaine de Marjeyoun, qui a été finalement occupée...
En conclusion, le ministre des Déplacés a accusé le père Abou de déformer le patrimoine des Jésuites le qualifiant de penseur raciste et le comparant à Rosenberg le nazi, au Français Le Pen ou au Serbe Milosévitch. Il a promis de proposer des solutions et des projets avant que le «venin du serpent ne se répande et donc, avant qu’il ne soit trop tard».
Dans ce qui constitue la première réponse politique au discours prononcé par le recteur de l’USJ, le père Sélim Abou, à l’occasion de la St Joseph, le ministre des Déplacés, Walid Joumblatt, a estimé hier que de tels propos sont annonciateurs d’une nouvelle guerre civile. A sa manière virulente, M. Joumblatt s’est déchaîné contre ce qu’il a appelé «la...