LE CAIRE, 31 Mars (AFP). — Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont recommandé dimanche le gel de la normalisation avec Israël et la fermeture des bureaux de liaison et d’intérêts dans ce pays, a déclaré un haut responsable de la Ligue.
«Le Conseil ministériel a pris une décision recommandant de stopper toutes les mesures de normalisation prises à l’égard d’Israël dans le cadre du processus de paix», a déclaré à la presse le secrétaire général adjoint de la Ligue pour les affaires palestiniennes, M. Saïd Kamal.
La décision recommande aussi «de cesser de traiter avec ce pays y compris par la fermeture des bureaux et missions jusqu’à ce qu’il se plie aux principes de la conférence de Madrid (de 1991), notamment celui de la terre contre la paix», a-t-il ajouté.
Enfin, elle prévoit «de suspendre la participation arabe aux négociations multilatérales, de poursuivre le boycott arabe (des entreprises israéliennes) jusqu’à ce qu’une paix juste et globale soit réalisée dans la région», a-t-il précisé.
L’Egypte et la Jordanie, seuls pays arabes à avoir noué des relations diplomatiques en bonne et due forme avec Israël, avec lequel elles ont signé des traités de paix respectivement en 1979 et 1994, ne sont pas concernés par la recommandation des ministres.
Selon un diplomate arabe, cette recommandation concerne uniquement les bureaux de liaison et d’intérêts ouverts depuis les accords israélo-palestiniens de 1993 par des pays arabes. Mais ceux-ci avaient en réalité quasiment gelé les contacts depuis l’élection du premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en mai 1996.

Arafat et la «conscience»
des Arabes

«La recommandation sera présentée par les ministres à leurs chefs d’Etat respectifs pour application», a expliqué le diplomate.
Selon un autre diplomate arabe, la recommandation a été adoptée sur l’insistance du ministre syrien Farouk el-Chareh mais avec les réserves du Maroc, de la Jordanie et de la Mauritanie.
La Syrie aurait souhaité que la décision ait un caractère directement contraignant, mais l’Egypte a obtenu qu’il s’agisse d’une simple recommandation, a-t-il ajouté.
Venu spécialement au Caire, le président palestinien Yasser Arafat avait auparavant lancé un appel passionné à «la conscience» des Arabes, invoquant par trois fois le nom de Jérusalem où la mise en chantier par Israël d’une nouvelle colonie, le 18 mars, a suscité la colère des pays arabes et musulmans.
Le ministre algérien des Affaires étrangères Ahmad Attaf a rappelé que la menace de geler la normalisation remontait au sommet arabe de juin 1996 au Caire et qu’elle avait commencé de s’appliquer «après les décisions d’Islamabad et du comité de Jérusalem».
L’Organisation de la conférence islamique (OCI) réunie dimanche dernier à Islamabad et le comité al-Qods (Jérusalem) jeudi au Maroc, avaient appelé, à l’instar des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), à une révision des relations avec Israël.
Le chef de la diplomatie qatariote Hamed Ben Jassem al-Thani avait annoncé avant la réunion de la Ligue que son pays fermerait son bureau commercial en Israël si une décision était prise dans ce sens.
Son homologue omanais Youssef Ben Alaoui a estimé qu’Israël subirait «la colère de Dieu» pour ne pas avoir respecté les accords signés et risquait une «guerre éternelle» des Arabes.