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Actualités - DISCOURS

Dans son message pascal Sfeir : l'état ne tente-t-il pas de fuir le verdict des urnes ? (Photo)

Dans son message pascal publié hier, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a critiqué «le favoritisme» des responsables «qui entraîne à ignorer sciemment les lois pénalisant de ce fait les véritables compétences». «Nous en avons des exemples dans les nominations à l’Université libanaise et dans l’expulsion manu militari de familles déplacées», a-t-il dit avant d’ajouter: «Que dire des lenteurs à faire paraître des lois qu’il est indispensable aux citoyens de connaître en détail, avant application, comme c’est le cas pour la loi sur les élections municipales. Ne dirait-on pas un leurre tendu par l’Etat au citoyen, ou une tentative de fuir le verdict des urnes?» s’est encore demandé le patriarche maronite.
Voici par ailleurs le texte intégral du message pascal:
Il a été mis au tombeau, et il est ressuscité le troisième jour (1 Cor 15: 4)
La résurrection du Christ atteste, plus que tout autre chose, qu’il est Fils de Dieu. Pour s’être attribué ce titre, l’Assemblée des grands prêtres et des anciens a condamné Jésus à mourir crucifié. Et faute de témoins véridiques, de faux témoins en nombre furent avancés. Deux d’entre eux dirent: «Nous l’avons entendu qui disait: Je puis détruire le Temple de Dieu et le rebâtir en trois jours; Se levant alors, le Grand Prêtre lui dit: «Tu ne réponds rien? Qu’est-ce que ces gens attestent contre toi?. Mais Jésus se taisait. Le Grand Prêtre lui dit: «Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu», Jésus lui répond: «Tu l’as dit. D’ailleurs, je vous le déclare: désormais, vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite de la Puissance et venir sur les nuées du ciel. Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant: Il a blasphémé! Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Là, vous venez d’entendre le blasphème!»

La Croix et la
Résurrection

Dire la vérité a été considéré par les ennemis et les persécuteurs du Christ comme un blasphème. Et parce qu’il était Fils de Dieu, il fut crucifié. Mais parce qu’il était Fils de Dieu, son Père le glorifia en le ressuscitant des morts, ayant accompli la mission qui lui avait été confiée. Le jour de la Résurrection est le plus grand événement de l’histoire de l’humanité. Mais la Résurrection ne consiste pas à faire revenir un mort à la vie. La Résurrection est le passage d’un état de mort éphémère à un état de gloire permanent.
L’apôtre Paul l’exprime, en ces termes: «Sa mort fut une mort au péché, une fois pour toutes, mais sa vie est une vie à Dieu» (Rom. 6: 10). Pour sa part, l’apôtre Pierre dit: «Le Christ lui-même est mort une fois pour les péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la chair, il a été vivifié selon l’esprit». (1P3:18).
La Résurrection du Christ est la réponse du Père, qui a montré que nous sommes rachetés par la mort de notre Seigneur une signification transcendante ayant été conférée à la croix et au tombeau. Mais contrairement à ce qui s’est produit avec ceux qui Jésus a ressuscité des morts, le Corps du Christ n’a pas connu la corruption, ainsi que l’affirme le livre des Actes des Apôtres: «(Le Christ) n’a pas été abandonné à l’Hadès, et (sa) chair n’a pas vu la corruption» (Ac 2: 31), en accomplissement de ce qui avait été dit de lui par les prophètes. Il est vivant à Dieu pour toujours, et son corps qui a souffert et a été glorifié est le corps de Jésus de Nazareth, ressuscité des morts. Ce corps atteste de son identité. C’est du reste la raison pour laquelle les tombes sont honorées, car elles témoignent de ceux qui y sont ensevelis. On peut donc dire, très objectivement, que la Croix est la preuve de la Résurrection.
Mais en dépit du fait que le Christ avait en lui le pouvoir de ressusciter des morts, étant Fils de Dieu, et donc Dieu, et qu’il a choisi de se manifester à de nombreux témoins, l’initiative de l’œuvre de salut devait revenir à Dieu le Père qui a révélé sa puissance dans son Fils, ainsi que l’affirme Saint-Paul: «Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir (...) quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu’il a déployée en le personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa droite, dans les cieux» (Eph. 1: 19-20). Il manifesta également sa gloire, comme l’affirme également Saint-Paul: «Comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivons nous aussi dans une vie nouvelle» (Rom 6:5). Autrement dit, la Résurrection avec lui, dans la gloire. Au milieu des épreuves de ce monde, cette vérité est une source d’espérance. L’Esprit Saint est également un instrument de la Résurrection, et la voie vers l’application à l’Eglise et au monde des effets de laRésurrection. La Résurrection a transformé le «serviteur souffrant» en un Christ glorifié à qui «tout pouvoir a été remis au Ciel et sur terre» (Matt. 28:18).

Le jubilé de l’an 2.000

C’est ce Christ, Fils de Dieu, que Sa Sainteté le souverain pontife demande à tous les fidèles de connaître plus profondément, en cette première année préparatoire du Jubilé de l’An 2.000. C’est ce qui nous est demandé plus spécialement en ces jours où nous nous préparons à accueillir le Saint-Père sur notre sol, et à recevoir l’exhortation apostolique qui suit normalement tous les synodes qui se tiennent, pour le bien de l’Eglise. Son contenu sera l’objet de nos méditations, de nos prières et de nos débats, afin qu’il imprègne nos esprits et nous pousse à agir à sa plus grande gloire et pour notre bien à tous, afin que nous soyons de véritables chrétiens, non pas normalement, mais par nos actes, notre conduite, notre façon de penser, notre style de voie.
Frères et fils bien-aimés,
La fête de la Résurrection du Christ d’entre les morts doit fortifier notre foi en Dieu et nous convaincre encore plus profondément que le Dieu qui nous a tirés du néant, demeure avec nous en la personne de son Fils Bien-Aimé, Jésus-Christ qui a réconcilié avec son Père par sa mort et sa résurrection, selon ce qu’affirme Saint-Paul: «Car Dieu s’est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude, et pour lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre qui dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix». (Col 1:19-20). Et qui vit avec le Christ établit une nouvelle relation avec Dieu. Et qui se laisse remplir par l’esprit du Christ ressuscité des morts obtient la justice de Dieu, la paix du cœur, et peut désormais vivre dans ce monde et y témoigner non seulement en paroles, mais par une présence vivante, efficace, celle de Jésus-Christ, Fils de Dieu, dont la voie «est ainsi manifestée dans notre chair mortelle» (2 Cor 4:11).

Penser aux pauvres

Compte tenu de la grave crise économique qui pèse de tout son poids sur les classes laborieuses, on ne saurait vivre ces jours de fête sans penser à ceux à qui leur situation matérielle interdit toute célébration. Les fidèles sont donc invités à vivre la fête non en des soirées tapageuses, ni en dépensant des sommes folles sur des futilités, ni par des manifestations ostentatoires superficielles, mais en se rapprochant de Dieu, en associant les plus démunis à leur prospérités en faisant le bien à leur prochain, sachant bien que ce qu’ils possèdent est un don du Très-Haut. qu’ils prouvent donc qu’ils sont véritablement des hommes et des femmes de foi, que cette foi ne se limite pas à d’obligatoires pratiques religieuses, mais les dépasse par l’exercice d’une justice sociale authentique telle qu’enseignée par l’Eglise à travers des encycliques et des lettres qui, si elles étaient appliquées, épargneraient à bien des sociétés l’existence d’un énorme fossé entre riches et pauvres, très souvent source de tensions et de révolutions.

Le favoritisme de l’Etat

Il revient à l’Etat, qui assume dans les sociétés développées la responsabilité du bien commun, de ménager les classes laborieuses, d’en alléger les fardeaux en leur assurant des services sociaux tels que l’hospitalisation, l’enseignement et des allocations de tous ordres en cas de chômage, d’invalidité ou de grand âge. Nous ne pouvons cacher notre peine en écoutant les plaintes qui s’élèvent ici et là, en raison de la mauvaise application des lois existantes, ou d’un favoritisme qui entraîne à les ignorer sciemment, pénalisant de ce fait les véritables compétences. Nous en avons des exemples dans les nominations, à l’Université libanaise et dans l’expulsion manu militari de familles, déplacées, jetées à la rue avant que ne leur soient assurés les moyens de récupérer leurs maisons et leur biens. Sans compter ceux qui, rentrés dans leurs foyers, s’exposent à des pratiques qui les poussent à en repartir, comme c’est le cas avec les habitants de Damour. Que dire, par ailleurs, des lenteurs à faire paraître des lois qu’il est indispensable aux citoyens de connaître en détail, avant application, comme c’est le cas pour la loi sur les élections municipales. Ne dirait-on pas un leurre tendu par l’Etat au citoyen, ou une tentative de fuir le verdict des urnes? Ces choses sont extrêmement regrettables, et nous espérons que l’attention nécessaire leur sera accordée, pour que les critiques retombent et que se renforce l’attachement des Libanais à leur terre, en dépit des menaces qui pèsent sur la région, dans la conjoncture actuelle. Nous implorons Dieu de nous en épargner la réalisation et d’inspirer aux responsables d’œuvrer pour une paix juste, globale, qui effacerait l’anxiété de tous les esprits et renouvellerait l’espoir en un lendemain prometteur.
A tous, résidents et émigrés, et parmi ces derniers ceux que nous venons de visiter au Brésil, et que nous remercions vivement pour leur accueil chaleureux, nous adressons nos meilleurs vœux pour la fête, demandant à Dieu, par l’intercession de Notre-Dame du Liban et de Saint-Maron, des temps de grâce et de bénédictions.
Dans son message pascal publié hier, le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a critiqué «le favoritisme» des responsables «qui entraîne à ignorer sciemment les lois pénalisant de ce fait les véritables compétences». «Nous en avons des exemples dans les nominations à l’Université libanaise et dans l’expulsion manu militari de familles déplacées», a-t-il...