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Actualités - CHRONOLOGIE

La proposition Netanyahu brouilles les cartes

Le premier ministre israélien aura réussi à brouiller les cartes en proposant de brûler les étapes du processus de paix; il a mis son opposition intérieure dans l’embarras et les Palestiniens sur la défensive, portant Washington à lui conseiller de s’adresser à ces derniers «directement», alors qu’aux Nations Unies, les pays arabes viennent de saisir le Conseil de Sécurité d’un projet de résolution exigeant l’arrêt des travaux de Jebel Abou-Ghneim à Jérusalem-Est.

Le nouveau plan de Benjamin Netanyahu — ramener à six mois au lieu de deux ans le règlement de la question du statut final de la Cisjordanie et de Gaza — est «très général et contient des propos imprécis, sans aucune assise», a jugé le ministre égyptien des Affaires étrangères Amr Moussa. C’est pourquoi, au nom des Etats membres de la Ligue, Le Caire a présenté au Conseil de Sécurité un texte qui fait actuellement l’objet de consultations, ainsi que l’a annoncé le président en exercice du Conseil, le Polonais Zbigniew Wlosowicz.

En privé, des diplomates américains ont d’ores et déjà fait savoir que Washington opposerait une nouvelle fois son veto si le texte était soumis aux voix. Le 7 mars, les Etats-Unis, membre permanent du Conseil de Sécurité, avaient déjà usé de leur droit de veto pour empêcher l’adoption d’une résolution d’inspiration européenne qualifiant d’«illégales» les implantations dans la partie arabe de Jérusalem.
Selon des diplomates, les Etats-Unis seraient prêts aujourd’hui à discuter d’une simple déclaration, mais les Palestiniens et les Arabes insisteraient sur une résolution.
Pour les Palestiniens, un deuxième veto US suspendrait l’autorité du Conseil en tant qu’instance internationale et creuserait davantage le fossé entre Washington et les Arabes.
Cela signifierait que le Conseil de Sécurité, déjà bien en retrait de la scène internationale depuis la reprise en main du dossier yougoslave par l’OTAN en 1995, serait totalement «hors-jeu» sur la question du Proche-Orient, a déclaré Nasser Kidwa, observateur de la Palestine aux Nations Unies.

Conseils US

Sur la proposition Netanyahu, le porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré à Helsinki, où le président Clinton se trouve depuis jeudi pour un sommet avec Boris Eltsine: «Nous pensons que si l’une des deux parties a des propositions, elle devrait le faire directement» à l’autre.
«C’est l’objet des négociations», a-t-il poursuivi sur un ton qui semblait traduire une critique implicite de l’initiative de M. Netanyahu.
«Nous pensons simplement que ce serait bien s’ils (les Israéliens) faisaient cette démarche sur cette question directement dans un dialogue avec l’Autorité palestinienne», a-t-il conclu.
Sur le plan intérieur israélien, toutes voix confondues, les radicaux notamment Ariel Sharon, ont applaudi à la proposition Netanyahu, ce qui permet à celui-ci de resserrer les rangs de sa coalition de droite.
Celle-ci comprend en effet qu’avec la formule «la paix, vite fait», elle serait en meilleure position sur des dossiers aussi épineux que la création d’un Etat palestinien, le statut de Jérusalem, l’avenir des colonies juives et le sort des réfugiés palestiniens.
M. Netanyahu, dont le Cabinet risque bientôt d’essuyer des plâtres à l’issue d’une enquête sur un scandale politico-judiciaire impliquant ses proches collaborateurs, a aussi marqué un point en divisant l’opposition travailliste.
Il a habilement évoqué la «nécessité du consensus national» sur les accords finaux avec les Palestiniens. Il a ainsi semblé faire une ouverture en direction du numéro un travailliste Shimon Pérès, qui souhaite un gouvernement d’union nationale, alors que son principal challenger au sein du parti, Ehud Barak, y est franchement hostile.
Le chef de l’Etat Ezer Weizman, qui est travailliste, a appuyé M. Netanyahu jeudi, en approuvant l’accélération des pourparlers de paix avec les Palestiniens combinée avec la constitution d’un Cabinet d’union nationale.
En lançant sa bombe politique, M. Netanyahu a par ailleurs donné l’impression de reprendre l’initiative diplomatique, après qu’Israël eut été condamné à l’ONU à propos de Har Homa.

(AFP, Reuter)
Le premier ministre israélien aura réussi à brouiller les cartes en proposant de brûler les étapes du processus de paix; il a mis son opposition intérieure dans l’embarras et les Palestiniens sur la défensive, portant Washington à lui conseiller de s’adresser à ces derniers «directement», alors qu’aux Nations Unies, les pays arabes viennent de saisir le Conseil de...