Israël lance ses bulldozers à l'assaut de la colline de la discorde Le Hamas appelle à une nouvelle Intifada (photos)

L’affaire Har Homa est entrée hier dans une phase hautement explosive avec le début des travaux d’aménagement de cette nouvelle colonie juive à Jérusalem-Est. Israël, en effet, a lancé mardi ses bulldozers à l’assaut de ce qui est devenu, au fil des jours, la colline de la discorde; il a, de plus, aggravé la tension en se livrant à une véritable démonstration de force dans l’intention bien évidente de prévenir toute explosion. Ce qui n’a pas empêché le Hamas d’appeler à l’«intifada», tandis que de premières manifestations de la colère palestinienne étaient signalées en plusieurs points.
Dans une déclaration faite à Amman, le porte-parole du Hamas, M. Ibrahim Ghoché, a appelé l’Autorité palestinienne «à permettre au peuple palestinien de résister dans une «intifada» permanente qui ne s’arrêtera qu’avec la libération de la terre palestinienne des sionistes».
Mais M. Arafat a invité son peuple à ne pas recourir à la violence, alors que M. Fayçal Husseini, dirigeant palestinien de Jérusalem, estimait que «les bulldozers avaient tué le processus de paix».
Dès mardi matin, quatre gros engins jaunes avaient entamé les travaux de terrassement sur le site de Jebel Abou-Ghneim, devenu Har Homa pour les Israéliens, à la limite entre Jérusalem-Est annexée et Bethléem. Les forces d’occupation n’avaient pas lésiné sur les moyens, mettant les chars en alerte et déployant des tireurs d’élite sur la colline contestée. Le premier ministre israélien avait mis l’armée, la police et les services de sécurité en état d’alerte maximum.
De très importants renforts ont été déployés à Jérusalem ainsi qu’en Cisjordanie, tandis que la police a renforcé les mesures de surveillance en Israël pour tenter d’éviter des attentats.
Les militaires ont reçu comme consigne de «réagir avec la plus grande fermeté en
cas de tirs» de policiers palestiniens, mais d’éviter également au maximum les «frictions».
Les responsables militaires et de la police ont assuré qu’ils étaient «prêts à faire face à tous les scénarios», contrairement à ce qui s’était passé en septembre dernier. M. Netanyahu avait alors été accusé de n’avoir pas consulté son appareil militaire avant de prendre la décision d’ouvrir le souterrain de la discorde.

Avant même le moindre incident sur le terrain, l’armée a interdit aux Israéliens de se rendre dans les villes autonomes et elle a suspendu «jusqu’à nouvel ordre» l’ensemble des patrouilles communes entre ses militaires et les policiers palestiniens.

Les colons extrémistes qui viennent prier quotidiennement dans le «Caveau de Joseph», à Naplouse, ont été préventivement évacués par l’armée. Cette dernière a en outre acheminé des renforts pour «défendre» les petites colonies isolées au cœur de la bande de Gaza.

Quelques brèves échauffourées ont opposé les manifestants aux forces de l’ordre israéliennes et M. Fayçal Husseini a été bousculé dans la bagarre.
Non loin de là, des jeunes ont brûlé des pneus et jeté quelques pierres dans le camp de réfugiés d’Aïda, près de Bethléem.
Israël a décidé de lancer les travaux malgré les critiques internationales et arabes contre un effondrement du processus de paix qu’ils pourraient entraîner. La semaine dernière, l’assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution jugeant illégale la construction de la colonie, et les Etats-Unis ont réaffirmé lundi leur désapprobation devant le projet israélien.
Le futur quartier, qui doit comprendre au total 6.500 logements, a été baptisé Har Homa par les Israéliens. Il s’agit du onzième quartier juif à Jérusalem-Est, la partie arabe de la ville, qui a été occupée et annexée par Israël en 1967.