En moins de 24 heures, au moins 13 personnes ont été tuées et environ 130 blessées dans un pays où la plupart des civils se sont armés en pillant les armureries militaires. Les émeutes ont fait une soixantaine de tués depuis leur déclenchement fin février.
Le nouveau gouvernement de «réconciliation nationale», constitué mercredi soir pour tenter de ramener le calme, ne semble avoir aucune prise sur les événements. La plupart des ministères et des administrations ont fermé, tout comme les banques et les commerces, tandis que les rues de Tirana ont été désertées.
Les tirs d’armes automatiques ont été incessants toute la journée de jeudi dans la capitale dont l’aéroport, saccagé par les civils, a été fermé pour des raisons de sécurité.
Dans la seule capitale en proie à la panique, six personnes, dont deux enfants de 2 et 10 ans, ont été tuées en 24 heures. Plus d’une dizaine d’armureries ont été pillées, tandis que des soldats sans armes se promenaient dans la ville où aucun policier n’était visible.
«Les sept dépôts de notre brigade de défense antiaérienne ont été pillés», a raconté un capitaine sous couvert de l’anonymat. L’un d’eux contenait 10.000 armes légères. La plupart des morts et des blessés sont des victimes de balles perdues ou d’explosions accidentelles de mines ou de grenades.
«Une arme, ça fait toujours plaisir», déclarait un des pillards, illustrant la folie qui s’est emparée du pays. Pendant ce temps, la télévision diffuse plusieurs fois par jour un clip sur le thème: «non à la violence, non aux armes, oui à la paix et à l’amour».
Quelque 1.200 prisonniers ont profité du chaos pour s’échapper, dont 600 de la prison de Tirana où se trouvaient les deux détenus les plus célèbres du pays, le leader socialiste Fatos Nano et le dernier dirigeant communiste de l’Albanie Ramiz Alia.
Fatos Nano a été condamné en 1993 à douze ans de prison pour détournement d’une aide italienne. Ramiz Alia, qui a quitté le pouvoir en 1992, est actuellement jugé pour «crimes contre l’humanité et génocide».
Des dizaines d’habitants de Tirana ont aussi pillé un silo de farine, chargeant des sacs sur des brouettes ou même des camions dans un vacarme de tirs de kalachnikov.
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